Depuis le 5 novembre dernier, les championnats amateurs ainsi que les compétitions de jeunes sont interrompus en raison de la crise sanitaire. L'entraîneur de l'équipe réserve montpelliéraine, revient sur cette période très particulière et explique comment il s’organise avec les autres éducateurs en attendant une éventuelle reprise.
Romain, les championnats amateurs et les compétitions de jeunes sont interrompus depuis le 5 novembre en raison de la crise sanitaire. Comment avez-vous accueilli la nouvelle et comment vivez-vous la situation ?
Nous l'avons accueillie comme tous les Français. Le plus important dans ces moments-là, c'est de se protéger et de privilégier la santé de tous. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes pliés aux règles qui nous ont été dictées. Nous avons subi cette situation avec beaucoup de déception quand même, par rapport au fait que l'on ne puisse plus disputer de match de compétition week-end.
Comment vous organisez-vous depuis ?
Côté scolaire, les jeunes sont toujours en cours. Les séances d’entraînements sont également maintenues puisqu’en tant que Centre de Formation d'équipe professionnelle nous avons la possibilité de les maintenir. Cela dit, nous avons modifié tous nos contenus de séances et nous avons beaucoup axé notre travail sur l'individualisation afin de remédier aux manques de chaque joueur. Dans la semaine, on fait beaucoup de séances spécifiques, de travail au poste… nous avons aussi augmenté le volume et la quantité de nos séances d’entraînements pour justement compenser le manque de compétition. Quand on est dans un Centre de Formation, la semaine est réservée à l'aspect formateur, tandis que les matchs du week-end permettent d'inculquer « la gagne » et d’évaluer nos joueurs face à l’adversité. Pour compenser ces derniers aspects, nous avons été obligés de créer quelques scénarios sur des séances d'opposition internes, pour justement ne pas perdre cet esprit mais rien ne remplace la compétition.
N'est-ce pas trop difficile de maintenir la motivation des jeunes avec l'absence de compétition week-end ?
C'est le plus compliqué. En tant que formateur, on évalue la progression du joueur ; mais le joueur, lui, attend le match du week-end et c'est compréhensible. Nous avons été joueurs avant eux. C'est pour cette raison justement que nous insistons sur des oppositions avec des scénarios comme par exemple se retrouver à 10, démarrer avec un handicap d’un ou 2 buts, être obligé de changer de système, mettre des thèmes… les options sont multiples. Ça permet de garder les joueurs en éveil et de maintenir leur degré de motivation. Je ne vais pas vous cacher que mi-décembre, ça a été plus difficile pour certains en terme de motivation. Le manque de visibilité sur la reprise ajoute quand même de l’inquiétude et du stress chez les joueurs concernant leur avenir. Les vacances de Noël ont fait du bien et nous sommes repartis sur de bonnes bases à la reprise. Nous sommes dans une phase où nous avons pu ré-enclencher une période de préparation car nous espérons pouvoir rejouer.
C'est peut-être aussi l'occasion de plus échanger avec les autres éducateurs du club et d'avoir un rôle plus transversal entre les équipes ?
Tout à fait. Quand je parlais tout à l'heure du fait que nous avons modifié notre façon de travailler avec beaucoup d'entraînements spécifiques au poste, je vais prendre un exemple concret : sur une semaine de de travail, je suis plus spécifiquement en charge des milieux de terrain, et pas simplement de ceux de l'équipe réserve. Ça me permet de voir les garçons des équipes U19, U17 et même U16. Ça offre l’opportunité d'avoir une vision plus globale sur les joueurs dont nous disposons au Centre de Formation et chacun d'entre nous, dans sa spécificité, fait la même chose, que ce soit pour les gardiens, les défenseurs, les milieux donc, mais aussi des attaquants. Ça permet aux joueurs de voir et d’entendre un autre coach que celui de sa catégorie et aux coachs de voir d’autres joueurs, donc c'est bénéfique pour tout le monde.
On dit souvent qu’en formation, les matchs valident la semaine de travail. Nous sommes donc dans une situation inédite. C'est déstabilisant ?
Oui. C'est déstabilisant parce que, dans le processus de formation, les garçons sont programmés pour vivre le match en fin de semaine. Ce sont des points de passages nécessaires dans le processus de formation du joueur. Ça leur permet d'avoir des repères dans le jeu et ça nous permet à nous éducateurs de les évaluer par rapport à ce qui se fait ailleurs et ce que l'on voit de nos adversaires.
Vous étiez deuxième ex-aequo à l'arrêt des compétitions avec une seule défaite au compteur. Pas mal pour un début…
Oui c’est vrai le début était intéressant. Ça a été difficile d'encaisser le fait d'être relégué de National 2 en National 3 cet été. L’arrêt des championnats a suscité le sentiment d’un travail inachevé, (la réserve du MHSC a été reléguée pour un point à l’arrêt des championnats en mars 2020, NDLR). Malgré cela, nous étions repartis de l'avant sur un nouveau championnat avec pour objectif de remonter en N2. Nous avons perdu le premier match à domicile (1-2 contre Blagnac) et, ensuite, nous avons réussi à enclencher une bonne dynamique en enchaînant des victoires à domicile et quelques bonnes performances à l’extérieur (les réservistes montpelliérains ont enchaîné 3 victoires et 2 nuls sur les 5 derniers matchs avant l’interruption du championnat de National 3, NDLR). Nous étions dans notre tableau de marche comptable et de progression.
Comment envisagez-vous la suite ?
Il est évident qu'on espère tous reprendre le championnat mais plus le temps passe plus ça deviendra compliqué en terme d’organisation. On envisage tous les scénarios possibles. On est à l’affût des décisions qui peuvent être prises. L’objectif est de se tenir prêt. On croise les doigts.
