Jadis simple nombre de 1 à 11 derrière un dos, le numéro de maillot est aujourd’hui devenu un véritable signe distinctif qui cache souvent pas mal de significations. Enquête
Pour les recruteurs, il y a eu 1995 et l’arrêt Bosman qui a autorisé la libre circulation des joueurs dans l’union européenne et donc, de fait, fait sauter la barrière du nombre limité d’étrangers par équipe. Pour les numéros de maillot, il y a eu l’été 1996. A ce moment-là, quelques années après son voisin anglais, la LFP autorisait la mise en place d’un numéro de maillot ‘‘à l’année’’ pour un joueur avec, en prime, son nom floqué dans le dos. Une autorisation qui ne trouvera son prolongement définitif qu’une saison plus tard. En effet, les clubs qui avaient déjà vendu l’espace publicitaire au-dessus du numéro au moment de l’instauration de cette règle, ont eu l’autorisation de reporter sa mise en place d’une saison.
LE POIDS DE LA 1ère FOIS
En matière de choix de numéro de maillot, il y a d’abord les ‘‘classiques’’, ceux qui choisissent soit par intuition ou par référence à leur poste. « J’ai toujours eu le 3, le 4 ou le 5 dans les clubs où je suis passé et ce sans raison particulière, explique le capitaine Vitorino Hilton. Et comme ce sont des numéros que j’apprécie… ». Même son de cloche pour son équipier en charnière Daniel Congré : « Le n°3 m’a toujours tenu à cœur, sans raison particulière mais c’est celui que j’avais en équipe de jeune, et ensuite mon premier en pro, donc c’est mon favori ». Le numéro favori, c’est aussi celui choisi par Paul Lasne lorsqu’il a opté pour le 7. « À Bordeaux quand j’ai signé mon 1er contrat pro, j’avais le 12, numéro que je n’aime pas et qui doit être à mon sens réservé au 12ème, c’est-à-dire aux supporters. Certains clubs l’ont d’ailleurs retiré pour cette raison, explique-t-il. J’ai également eu le 17 à Montpellier quand je suis arrivé, le 19 à Ajaccio durant ma période en Corse. J’ai toujours préféré les chiffres impairs aux chiffres pairs, c’est juste un feeling, je ne sais pas pourquoi. Le 7 est mon chiffre préféré. On peut y voir un peu l’inverse de la lettre L, initiale de mon nom. C’est aussi le porte-bonheur de ma mère. » Mais si certains ont pu obtenir leur numéro préféré, d’autres ont dû y renoncer à l’instar d’Andy Delort. « J’ai toujours eu le 9 depuis mes 6 ans car mon père m’a toujours dit que c’était celui de l’attaquant, mais quand je suis arrivé Bruno (Carotti) et plusieurs membres du MHSC m’ont déconseillé de le prendre car ils m’ont dit qu’il portait un peu malheur ici. Ils m’ont montré les statistiques des derniers attaquants qui le portait en me disant qu’ils n’avaient pas marqué beaucoup de buts et ils m’ont orienté vers le 11, explique-t-il. Un jour, j’essaierai de prendre le 9 pour essayer de changer les choses et que ça devienne un chiffre porte-bonheur ici aussi. » Comme Andy qui a souvent eu des 9 dans ses numéros (dont le 49 à Wigan et le 39 à Toulouse), Damien Le Tallec a lui un faible pour le 4. « Il était pris alors j’ai choisi un numéro avec le 4 dedans » D’où son n°14.
Dans la famille des numéros fétiches, je demande aussi Petar Škuletić - « Le 32 m’avais porté bonheur avec le Partizan Belgrade donc je l’ai gardé » - ou bien encore Facundo Píriz « Le 23 a toujours été mon préféré notamment quand je jouais en Uruguay. Je l’ai aussi porté en Russie. Quand je suis arrivé ici, il n’était pas libre mais dès que Nordi Mukiele est parti, j’ai cherché à le récupérer tout de suite. Pour moi, c’est le numéro de la chance la ‘’Suerte’’ comme on dit chez moi. »
FORMATION, HABITUDES ET HOMMAGE FAMILIAL
Mais au fait, comment choisit-on un numéro de maillot ? A moins d’être une star planétaire comme Cristiano Ronaldo, on débarque rarement dans un club en exigeant de récupérer un numéro déjà attribué. La première raison qui induit le choix d’un numéro de maillot est donc un brin de hasard. « J’ai choisi le 40 parce que c’est celui que j’avais à Lorient, sans plus d’explications que cela, raconte Benjamin Lecomte. Maintenant je suis habitué à jouer avec et ça me convient très bien il n’y a pas de raison de changer. » Et comme une première fois c’est toujours particulier… le premier numéro de la carrière d’un joueur a souvent du poids. « En deux contrats professionnels (à Niort et au MHSC), j’ai toujours eu le 6 explique Junior Sambia. Et comme c’est un numéro que j’apprécie… » Même sentiment avec le n°2 pour Ruben Aguilar. « Je joue avec ce numéro depuis mes 19 ans, il m’a toujours suivi donc j’ai toujours voulu l’avoir Après j’aime bien le 26 aussi car c’est le chiffre de mon anniversaire et ça ne me dérangerait pas de l’avoir. » « Quand je suis arrivé ici j’avais les équipements floqués du n°15 c’était plutôt bien passé. En plus j’avais la chambre 15 au centre donc quand j’ai pu le récupérer en pro, je l’ai fait tout de suite », renchérit Bryan Passi.
Chez les filles, aussi, les habitudes ont leur importance dans le choix du numéro. Dans un premier temps estampillée du n°17, Sofia Jakobsson a récupéré dès que possible le n°10 « qu’elle a toujours porté durant sa carrière ». Même chose pour Sandie Toletti avec le 8 « Quand j’étais petite, que ce soit à Cavillargues ou à Bagnols-sur-Cèze, j’ai toujours porté le 10 ou le 8, explique-t-elle. Quand j’ai signé mon 1er contrat pro au MHSC, j’ai pris le 28 parce qu’il faisait partie des numéros qui restaient et qu’il y avait un 8 dedans, et quand j’ai pu avoir le 8, je l’ai pris de suite. Désormais, je souhaite le garder le plus longtemps possible. »
Chez les Féminines justement, il faut remonter à la saison 2011-2012 pour trouver la trace de la mise en place (en championnat car c’était déjà le cas en Coupe d’Europe) des numéros de maillot attribués à l’année. « A l’époque, j’avais pris le n°4 car c’est celui que je portais quand j’étais petite, se souvient Marion Torrent…et puis, un attachement s’est créé, d’autant que c’est mon mois d’anniversaire… Même si je ne suis pas superstitieuse, je ne me vois pas changer, avoue-t-elle avant d’ajouter : En sélection, je n’ai pas choisi. Au départ, on m’a donné le 17 et je l’ai gardé parce que c’est mon jour de naissance… »
On en vient donc ensuite au 2e aspect d’un choix de numéro. Celui des rappels à une date, souvent liée à la famille. On apprend par exemple que Manon Uffren a choisi le 26 car c’est la date de naissance de son père ou qu’avant d’opter pour le n°5, Pedro Mendes a longtemps porté le 23. « J’avais le n°3 durant toute ma formation, mais après quand tu passes en équipe pro, tu prends ce qui reste, raconte-t-il. À Parme, j’ai notamment eu le 23, date d’anniversaire de ma mère qui est née le 23 avril et ma fille est née un 23 juillet. » Dans le même esprit, Nicolas Cozza a choisi le n°31 « en mémoire de mon grand-père paternel, né en 1931 et qui est malheureusement décédé avant que je le connaisse. » ou bien que Sakina Karchaoui avait d’abord opté pour le n°26, son jour de naissance, avant de récupérer le n°7 lorsque celui-ci s’est libéré « parce que c’est la date de naissance de ma meilleure amie. Quand on était petites, on se partageait souvent le 7 ou le 11 en référence à Cristiano Ronaldo ou à Robin Van Persie que j’appréciais beaucoup. »
Suite de notre dossier sur les niméros de maillots demain....
