Premier joueur jordanien de l’histoire de la Ligue 1, l’attaquant montpelliérain évoque son parcours et son bonheur d’être ici, avant le déplacement à Lens ce vendredi soir (21h).
Jusqu’ici, le surnom de monsieur l’ambassadeur était, pour les supporters montpelliérains, synonyme de l’évocation de Roger Milla, véritable sommité au Cameroun et ancien joueur du MHSC. Si Mousa Tamari n’a pas encore hérité de ce surnom dans le vestiaire pailladin, il n’en est pas moins un ambassadeur de son pays. En Jordanie, Mousa est une véritable star et l’emblème du foot local « Star, je n’irai pas jusque-là, tempère Mousa avec humilité. Disons que je suis quelque peu célèbre. Parfois, ça fait beaucoup de pression sur les épaules mais ce n’est jamais un poids et toujours une fierté. » Quant à son statut d’ambassadeur du football jordanien, l’attaquant montpelliérain reste aussi très serein par rapport à ça : « C’est sympa d’être perçu comme ça dans mon pays, c’est aussi une fierté pour moi. »
S’il est le premier joueur jordanien de l’histoire à évoluer en Ligue 1, Mousa Tamari n’est pas pour autant un cas isolé dans un pays où le foot a une place à part : « C’est le sport le plus populaire en Jordanie », assure l’attaquant héraultais, qui a taquiné ses premiers ballons à l’âge de 10 ans au sein d’une académie spécialisé à Amman, la capitale, qui est aussi sa ville natale. Lancé en D1 locale à 17 ans, il a d’abord évolué au sein de deux clubs jordaniens, à Shabab Al-Ordon, puis à Al-Jazira (avec lequel il atteint la demi-finale de la Ligue des Champions asiatiques). Repéré par le club chypriote de l’APOEL Nicosie au cours de cette compétition, cet aîné d’une famille de 8 enfants (Il a 3 frères et 4 sœurs), choisit alors d’effectuer le grand saut vers le Vieux Continent pour assouvir ses rêves de ballon rond : « C’était dur au départ parce que je ne parlais pas anglais, mais c’est allé de mieux en mieux au fil du temps, se souvient Mousa. J’ai découvert un très bon club, avec de super supporters. » Il y découvre aussi la Coupe d’Europe et attire le regard de Louvain, club de D1 belge qu’il rejoint à l’été 2020. Là-bas, cet ailier virevoltant, qui peut autant évoluer sur l’aile qu’en n°10 et même n°9, s’est forgé la réputation d’un joueur ultrarapide, aux dribbles déroutants, mais qui peine parfois dans la finition : « Je pense que le championnat belge était le bon endroit pour me faire connaître et progresser, tout en montrant mes qualités, analyse Mousa J’ai passé de bons moments là-bas et j’ai beaucoup appris. C’était un niveau supérieur au championnat chypriote et je pense avoir étoffé mon panel là-bas, autant tactiquement que physiquement. »
Libre de tout contrat cet été, ce joueur aussi rapide dans ses courses que calme et casanier dans la vie, était à la croisée des chemins… et il a finalement choisi de s’engager avec le MHSC : « J’ai senti que le club me voulait vraiment et c’était le plus important pour moi, avoue-t-il. J’ai entendu beaucoup de choses sur Montpellier et le fait que ce soit un club familial mais aussi très important dans le paysage du football français. J’aime beaucoup le contexte dans lequel j’évolue, autant au niveau footballistique que dans ma vie hors du terrain, même si c’est dur d’être loin de sa famille. » Cette adaptation rapide s’est d’ailleurs vue tout de suite. Déjà très intéressant durant la préparation d’avant-saison, Mousa Tamari a été décisif à 3 reprises lors de ses 3 premiers matchs officiels, inscrivant un doublé retentissant lors de la victoire à Lyon le 19 août, avant de marquer un but d’une frappe magnifique face à Reims la semaine suivante à La Mosson. Son bilan statistique de 3 buts et une passe décisive en 13 matchs, aurait d’ailleurs pu être encore plus positif si le match contre Clermont n’avait pas été donné à rejouer. Lors de la première rencontre entre les 2 équipes le 8 octobre dernier, le milieu offensif jordanien avait en effet obtenu 2 penalties et inscrit un doublé, rayé des tablettes pour les raisons que l’on connait : « La Ligue 1 est un bon championnat. Sur le plan physique, c’est assez similaire à la Belgique mais tactiquement et en termes de qualité technique, ça me semble un cran au-dessus. Ici, il y a très peu d’espaces pour les attaquants et les joueurs sont vite au contact », explique l’international jordanien. « Tout est aussi plus dur : physiquement, tactiquement… Le coach aussi est dur mais c’est une bonne personne. »
Auteur d’un début de saison canon, l’international jordanien avoue qu’il ne« s’attendait pas » à être décisif aussi rapidement : « Je me suis rapidement bien senti. C’est vrai que mon début de saison a été positif mais je dois vite retrouver mon meilleur niveau. Aujourd’hui ce n’est pas le cas. » Une baisse de forme assumée qu’il explique notamment de la façon suivante : « En plus de Montpellier, j’ai beaucoup joué de matchs en sélection, avec les longs déplacements qui s’y rattachent. Je ressens peut-être de la fatigue, mais ce n’est pas une excuse. Je dois revenir à mon niveau le plus rapidement possible. »
Le constat de ce coup de moins bien est lucide et réaliste et, dans son sillage, c’est l’équipe montpelliéraine qui se porte moins bien, entre manque de réussite, malchance et de nombreuses absences sur blessures : « On doit continuer à se battre ensemble pour remonter au classement, assène Mousa. J’ai parfois l’impression que le match à rejouer contre Clermont que nous avions gagné, a cassé quelque chose mais on doit passer à autre chose et ne plus y penser. »
Malgré la défaite intervenue 3 jours plus tard à Monaco (2-0 dimanche dernier), la belle prestation réalisée en Principauté va dans ce sens. En effet, jamais Monaco n’avait concédé autant d’occasions sur sa pelouse du Stade Louis II cette saison : « Notre première mi-temps a été de grande qualité. On doit marquer au moins un ou 2 buts, dont une grosse occasion pour moi que je n’ai pas su convertir, explique Mousa. On a manqué de chance et de réalisme sur ce match. J’étais très affecté au coup de sifflet final, parce que, quand tu livres une telle prestation, tu ne peux pas perdre. Cependant, malgré la déception, je pense que notre prestation à Monaco est porteuse d’espoirs pour l’avenir. Il faut continuer à s’accrocher, à travailler et ça va le faire. L’équipe a les capacités pour remonter au classement. »
Prochaine étape ce vendredi soir avec la réception du RC Lens, vice-champion de France en titre, à La Mosson. Un « match qui sera difficile mais rien n’est impossible », assure Mousa Tamari, qui compte sur le soutien des supporters pour faire basculer les éléments du bon côté : « L’équipe et moi-même avons reçu beaucoup de soutien de la part des supporters depuis le début de la saison. Il faut rester forts et unis. Nous sommes fiers de porter le maillot du MHSC et de défendre les couleurs de ce club. Nous allons continuer à travailler pour redresser la situation. » Un soutien qui dépasse les frontières puisque le MHSC est désormais le club le plus populaire en Jordanie, comme le montrent notamment les réseaux sociaux. C’est ça aussi, l’effet de Monsieur l’ambassadeur…
