Véritable ambassadeur du foot dans son pays, l’attaquant montpelliérain y raconte l’importance du ballon rond avant d’aller disputer la Coupe d’Asie des Nations avec sa sélection.
Que représente pour toi le fait de jouer en équipe nationale de Jordanie ?
Quel que soit votre pays, c’est un plaisir et un honneur de jouer avec votre sélection nationale et c’est le cas pour moi avec la Jordanie. Quand on joue pour son pays, ça signifie beaucoup de choses.
Quelle est la place du football en Jordanie ?
C’est le sport national dans mon pays. C’est très important et tous les Jordaniens sont très intéressés par les résultats de notre équipe nationale.
Tu es un peu l’ambassadeur du football en Jordanie, malgré le fait que tu fasses partie des plus jeunes joueurs de la sélection. Comment vis-tu ce statut ?
C’est très sympa et très gratifiant pour moi d’être le premier joueur jordanien de l’histoire à évoluer en Ligue 1. Ça permet de montrer que nous sommes aussi un pays passionné de football. Je suis fier de ça car c’était vraiment un rêve pour moi d’évoluer un jour au sein du football européen et particulièrement en France. C’est vrai qu’on me parle parfois de ce côté ambassadeur. Avoir ce statut-là m’a quelque peu rendu célèbre dans mon pays mais je le ressens comme quelque chose de bienveillant et un véritable honneur. Ce n’est en aucun cas une pression. Jouer ici à Montpellier est une chance pour moi. J’ai découvert une nouvelle mentalité de travail. Découvrir le football en Europe me permet de progresser et je suis profondément heureux d’être ici. Quant au coach, Michel Der Zakarian, on dit souvent qu’il est dur, c’est vrai mais c’est une bonne personne.
Quel est ton rôle dans cette sélection nationale Jordanie ?
Je fais partie des plus jeunes mais j’ai 26 ans aujourd’hui et j’y évolue depuis l’âge de 18 ans, ce qui m’a permis de me forger une certaine expérience. Tactiquement, j’évolue en sélection dans un registre assez similaire de celui qui est le mien ici, à Montpellier c’est-à-dire en position d’ailier. Cela dit, ça m’est aussi arrivé de jouer en numéro 9 ou en position de meneur de jeu. Le sélectionneur me laisse assez libre sur le terrain. Plus globalement, nous avons un système évolutif ; parfois en 4-2-3-1, parfois en 4-3-3. Comme nous avons des joueurs rapides, nous aimons jouer en transition. Nous avons vraiment une bonne équipe, composée de bons joueurs. Certains d’entre eux jouent d’ailleurs en Europe mais parce qu’ils y sont nés. Je suis le seul à être né en Jordanie qui évolue en Europe. Sinon, beaucoup de joueurs locaux nés en Jordanie évoluent dans le championnat local mais aussi au Qatar ou au Moyen-Orient. je suis convaincu que nous avons les moyens de réaliser un beau parcours dans cette Coupe d’Asie des Nations et j’espère que ce sera le cas.
Quel est ton sentiment avant de débuter cette coupe d’Asie des Nations 2024 ?
Je suis impatient de débuter cette compétition qui n’a lieu que tous les quatre ans. J’ai disputé la dernière en 2019. C’était vraiment une très belle aventure, d’autant que c’était la première fois que je participais cette coupe d’Asie. Nous avions franchi le premier tour avant d’être éliminé en 8èmes de finale par le Vietnam lors de la séance de tirs au but 1-1, 2 t.a.b. à 4). Désormais, le temps de la découverte est fini et j’espère que nous pourrons tous ensemble avoir un résultat positif pour le ramener au pays et rendre fier les gens
Quel est le plus impressionnant quand on découvre ce genre de compétition ?
Je ne sais pas ce qui est le plus impressionnant mais ce que je retiens, c’est qu’il faut vraiment tout donner à tous les matchs. Il n’y a pas de rencontre facile. En 2019 justement, lorsque nous avons joué le Vietnam, inconsciemment nous nous disions que c’était un match à notre portée et presque que ce serait facile. Nous avons fait erreur et nous nous sommes fait sortir. Je suis convaincu que cette année nous ne ferons pas surprendre parce que justement nous sommes prévenus. Tous les pays de la confédération asiatique sont très difficiles à jouer. Récemment nous avons rencontré le Tadjikistan et nous avons obtenu un nul très accroché là-bas. On sait désormais que tous les matchs seront difficiles et que nous devons chacun les prendre de la même manière, presque comme une finale.
Qui sont les pays phares de cette confédération asiatique ?
Le Qatar, le Japon, l’Australie, la Corée du Sud… nous croiserons d’ailleurs la Corée du Sud lors de ce premier tour de la Coupe d’Asie des Nations. Ce sera notre deuxième match de groupe et on s’attend vraiment un gros match. On sait que ce sera difficile pour nous mais nous aurons un coup à jouer, j’en suis certain.
Justement, quel regard portes-tu sur vos adversaires du premier tour : la Corée du Sud, la Malaisie et Bahreïn ?
C’est un bon groupe. Pas forcément le plus difficile mais, comme je disais précédemment, ce sera tout de même très relevé. Nous devrons réaliser un bon résultat d’entrée contre la Malaisie afin de bien démarrer la compétition. Une victoire nous permettrait de d’aborder le second match contre la Corée du Sud (qui est le favori du groupe) avec un peu plus de confiance. Cette équipe sud-coréenne est très intéressante, notamment avec son attaquant star, Son, qui évolue à Tottenham… mais sur un match tout est possible et nous essaierons de réaliser l’exploit. Je suis persuadé que nous pouvons le faire.
Les derniers résultats de la sélection dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde n’ont pas été très positifs (5 défaites sur les 6 derniers matchs, NDLR) Est-ce que ça rajoute une pression supplémentaire à l’orée de cette Coupe d’Asie ?
Il est vrai que les derniers matchs n’ont pas été évidents. C’est encore plus difficile puisque plusieurs de ces défaites sont intervenues devant notre public. Cependant, j’espère que nous allons repartir de l’avant de façon très positive à l’orée de cette Coupe d’Asie des Nations. Ce sera une autre compétition et nous avons le devoir de réagir. J’ai pleinement confiance en mes coéquipiers et au staff. Nous savons que nous devons redoubler d’efforts pour réaliser de bons résultats et c’est ce que nous allons faire. Même pour la qualification à la prochaine Coupe du Monde, je suis persuadé que ça reste possible. C’est vraiment quelque chose d’important pour notre pays et pour l’ensemble des Jordaniens. Les fans attendent une qualification de la Jordanie à la Coupe du Monde et nous allons nous donner au maximum pour l’obtenir. Jouer la coupe du monde serait magnifique et je pense que c’est possible. En attendant, cela passe d’abord par de belles prestations lors de cette Coupe d’Asie des Nations afin de retrouver la confiance.
Quel est ton meilleur souvenir avec la sélection nationale ?
Notre parcours en coupe d’Asie des Nations il y a quatre ans ; parce que c’était ma première compétition d’abord mais aussi parce que nous avions réalisé un bon parcours en commençant notamment par une très belle victoire contre l’Australie lors du premier match.
Et le plus difficile ?
Lors de cette même compétition, quand nous avons perdu contre le Vietnam aux tirs au but. C’était vraiment difficile de s’arrêter-là après un scénario pareil.
Quels sont tes objectifs personnels et collectifs à l’aube de cette Coupe d’Asie des Nations 2024 ?
Collectivement je pense que nous visons les demi-finales. Ce serait une première pour notre équipe nationale et ce serait vraiment quelque chose de positif pour notre pays et ses habitants. Évidemment, si nous pouvons aller plus loin, ce serait encore mieux (sourire). Sur un plan plus personnel, j’espère simplement donner le meilleur de moi-même pour mon pays. C’est ça le plus important.
Qui sont, pour toi, les favoris de cette compétition ?
Le Japon l’Australie et la Corée du Sud me semblent être les trois favoris les plus importants de cette édition. Je citerai aussi l’Arabie Saoudite et le Qatar. Après, le niveau des équipes est vraiment très serré et c’est difficile d’établir un pronostic. Si je ne devais donner qu’un seul favori cependant, je citerais le Japon. Ils sont invaincus depuis de longs mois et ils ont réalisé des résultats assez impressionnants, notamment contre l’Allemagne récemment. Cette équipe a vraiment de très bons éléments dont certains évoluent en Ligue 1 comme les Rémois Ito et Nakamura.
Aurais-tu un message pour tes coéquipiers qui vont rester à Montpellier durant cette coupe d’Asie des nations et pour ceux qui vont partir disputer la Coupe d’Afrique ?
Je leur dirai que je suis très fier de représenter le Montpellier Hérault SC en sélection. D’ailleurs, depuis que je suis arrivé ici, tout le monde connait le MHSC en Jordanie donc, les supporters Jordaniens comme moi-même nous allons continuer à suivre le club avec beaucoup d’intérêt en espérant que mes coéquipiers prennent un maximum de points. C’est important pour nous. J’espère aussi que mes coéquipiers internationaux africains réaliseront mon parcours avec leur sélection. De mon côté, j’espère que je reviendrai encore plus fort de cette aventure et que je pourrais apporter un maximum au MHSC à mon retour. Je me sens très bien ici.
