Grand espoir du MHSC dans un passé pas si lointain, le jeune milieu du terrain de 22 ans a gagné en régularité tout en élargissant sa palette technique pour devenir un élément clé de son équipe.
Un registre défensif étoffé
Si son talent a explosé au grand jour dès son 1er match en pro contre Rennes à l’été 2017, alors qu’il n’avait encore que 17 ans, son gabarit relativement modeste (1m79 / 70 kg) posait logiquement question dans un championnat où les milieux défensifs culminent presque tous à 1m90 sous la toise. Très adroit balle au pied, Joris Chotard allait-il résister à l’adversité dans le registre de la récupération ? La réponse est oui puisque le n°13 pailladin est le 4ème joueur qui a récupéré le plus de ballons dans le dernier tiers défensif cette saison (42), juste derrière le Niçois Dante (51*), le Lorientais Laurent Abergel (44) et le Brestois Kenny Lala (43) « C’est mon rôle de récupérer les ballons, tempère-t-il. Cette statistique ne met pas en lumière que moi car c’est le bloc qui permet de fermer les espaces et de récupérer des ballons. C’est un travail d’équipe. »
Autre statistique qui montre sa progression et qui illustre bien sa grinta, Joris Chotard est le joueur qui a réussi le plus de tacles en Ligue 1 cette saison (25). Parmi les 25 joueurs qui en ont tenté au moins 20, il a le 2ème meilleur pourcentage de réussite (74%). « Les tacles, ça ne se joue pas forcément avec le physique, sourit-il. C’est aussi une question d’anticipation. Il faut que je continue sur cette lancée mais si je peux rester debout pour défendre c’est mieux, même si je trouve que c’est une statistique importante. »
S’il « espère avoir progressé dans quasiment tous les domaines », Joris reconnait quand même que sa plus grosse progression se situe dans le registre défensif de son poste : « La Ligue 1 est un championnat très physique, où on court beaucoup et où il y a beaucoup d’impact, de rigueur et d’envie sur le terrain donc il faut savoir se faire sa place dans ce championnat en gagnant les duels et en ‘’grattant’’ le plus de ballons possibles, souligne-t-il. Après, le reste, que ce soit la technique ou la compréhension du jeu, ça vient avec la confiance et l’expérience. »
Un coté créatif assumé
Cela nous amène directement à notre 2ème thème ; car s’il récupère un maximum de ballons, Joris Chotard est aussi un joueur créatif, capable de casser des lignes par sa qualité de passes. Pour preuve, il a déjà délivré 10 passes décisives depuis ses débuts dans l’élite ; un chiffre très élevé pour un milieu défensif : « C’est plus récent on va dire car c’est un aspect qui s’est bien développé ces 6 ou 7 derniers mois, explique-t-il. Avec la confiance et l’expérience engrangées, j’arrive à rajouter cette palette à mon jeu. Ça me fait plaisir de pouvoir servir mes partenaires dans de bonnes conditions. Quand on évolue avec des joueurs comme Jordan (Ferri) ou Téji (Savanier), qui ont énormément d’expérience, une très grosse qualité technique et qui multiplient les passes décisives depuis de nombreuses années en Ligue 1, on regarde ce qu’ils peuvent faire, on apprend et forcément ça aide. »
Un aspect auquel a aussi contribué son entraîneur Michel Der Zakarian qui l’avait lancé en 2019 avant de le retrouver en février dernier : « J’ai débuté en pro sous ses ordres, à 17 ans, se souvient Joris. Quand il est revenu la saison passée, j’avais un peu plus de matchs dans les jambes, plus d’expérience. Le coach joue aussi un rôle important dans mes statistiques offensives positives. C’est lui qui m’a poussé à compléter mon jeu. Il m’a dit que la première chose à laquelle je devais penser en recevant le ballon, c’était d’aller vers l’avant ; sans forcer le jeu ni perdre de ballons et de jouer en avançant. C’est ce qui me permet aujourd’hui d’avoir ces stats offensives intéressantes. » De quoi tordre le cou aux idées reçues disant que Michel Der Zakarian est un entraîneur défensif : « On entend qu’il a parfois cette étiquette. Ça vient peut-être du fait qu’à une époque, on jouait à 5 derrière. Je ne sais pas vraiment, reconnait Joris. Mais ce qui est sûr, c’est qu’à l’entraînement, il nous demande toujours de jouer vers l’avant. »
Progression et régularité
Quand on regarde les chiffres du tableau ci-dessus, on constate que parmi de nombreux critères de son jeu, comme le nombre de matchs joués, les ballons récupérés ou les tacles réussis, l’ancien international Espoirs est en constante progression. Un aspect qui prouve que le garçon ne se repose pas sur ses lauriers : « Ce que cherche tout footballeur je pense, c’est de progresser au fur et à mesure des saisons donc c’est bien que ces statistiques augmentent, dit-il. Ça montre que le travail paie et que j’arrive à passer des paliers. Il faut toujours au minimum faire aussi bien que le match précédent voire mieux. » Malgré son jeune âge, la régularité de ses prestations est d’ailleurs un atout précieux. Pour preuve, Joris est le joueur né au 21ème siècle qui compte le plus de matches en Ligue 1 (129) et le 2ème au nombre de titularisations (92) derrière Benoit Badiashile (ex-Monaco, aujourd’hui à Chelsea /98, qu’il devrait donc bientôt dépasser). « Être jeune n’est ni une excuse ni un inconvénient. Il faut que j’enchaîne les matchs que je joue un maximum de minutes et, je touche du bois, que je sois blessé le moins possible. La régularité, c’est important dans le haut niveau. C’est aussi le fruit du travail et de la rigueur que j’ai en dehors du terrain. »
Mais si toutes tes stats sont en progression constante, laquelle préfères-tu Joris ? : « Vu mon rôle sur le terrain, ce sont plutôt les stats défensives que l’on regarde en premier comme les ballons récupérés, les interceptions et les tacles réussis, explique-t-il. Voir ces stats là en progression, ça veut dire qu’on défend mieux, qu’on s’adapte mieux et que l’on comprend peut-être de mieux en mieux le jeu aussi donc c’est bien… Mais le plus important, c’est que ça permette à l’équipe d’avancer. Je me mets au service de l’équipe et je resterai comme ça jusqu’à la fin. »
La saison du MHSC
Titularisé à tous les matchs depuis le début de la saison**, Joris Chotard fait partie des mieux placés pour tirer un premier bilan. Au-delà de son cas personnel – « Je me sens très bien sur le terrain, j’arrive à enchaîner les matchs et j’espère les bonnes performances donc c’est bien. Il faut continuer sur cette dynamique » – le premier lauréat du Challenge Colette Nicollin porte un regard à la fois lucide et positif sur le début de saison de son équipe : « Collectivement, je pense que c’est pas mal. On a quelques petits regrets sur certains matchs mais dans l’ensemble je pense qu’on progresse. Cependant, il faut qu’on arrive à trouver une sorte de régularité, détaille-t-il. On sort d’un dernier match à domicile abouti contre Toulouse, même s’il y a toujours des choses à rectifier ou que l’on peut améliorer mais on doit se servir de ce match comme de la victoire à Lorient ou notre nul à domicile contre Rennes pour avancer. Il faut qu’on arrive à trouver cette régularité là et éviter de reproduire ce qu’on a fait à Nantes où on s’est tous dit qu’on était passé à travers et qu’on n’avait pas fait ce qu’il fallait sur le terrain. » En cela, la victoire face au TFC a constitué une belle réaction, surtout après une semaine difficile marquée, notamment par l’officialisation du match à rejouer contre Clermont : « La décision est ce qu’elle est et on avait à cœur de réagir de montrer que ce n’est pas cette décision qui va nous mettre au fond du trou. Au contraire il fallait réagir, poursuit Joris. Cette victoire nous remet dans le bon wagon en attendant ce fameux match à rejouer (le 29 novembre prochain, à huis-clos, NDLR). On a déjà gagné une fois et il va falloir re-gagner ce match et montrer que notre place est vers le haut et pas vers le bas du classement. »
Nice, un sacré défi
En attendant, c’est Nice qui se présente face aux Pailladins ce vendredi soir à La Mosson. Un adversaire leader surprise du championnat, encore invaincu cette saison et qui n’a encaissé que 4 buts depuis le début de la saison : « Nous avons affronté Nice durant la préparation estivale et nous avons vu que cette équipe avait à cœur d’avoir la possession et de bien ressortir les ballons. On sentait déjà quelques automatismes et leur nouveau coach a bien amené sa patte, analyse Joris. Depuis le début de la saison, les Niçois sont très solides défensivement et profitent de la moindre occasion pour scorer. A nous d’être ultra concentrés et ultra vigilants pour qu’ils aient le moins de situations de transition possibles. On sait qu’ils peuvent nous mettre en difficultés là-dessus mais nous ne sommes pas mauvais non plus dans ces phases de jeu. Ça ne va pas être un match facile mais c’est un vrai challenge de percer ce rideau défensif et montrer qu’on est capable de lutter contre l’une des belles équipes du moment. »
porte drapeau
A 22 ans, Joris Chotard est aussi l’un des étendards du Centre de Formation du MHSC, dont il est issu, au même titre que Sacha Delaye, Enzo Tchato, Maxime Esteve ou Khalil Fayad pour ne citer qu’eux. Sa réussite en équipe première fait donc de lui un exemple auprès des plus jeunes, qui rêvent de, ou tapent déjà à la porte de l’équipe première : « Une responsabilité oui, un exemple, je ne sais pas, temporise Joris avec beaucoup d’humilité. Je suis content de voir des jeunes du Centre de Formation en équipe fanion. Nous avons tous 3 ou 4 ans d’écart, mais on a tous la même culture. C’est toujours bien d’avoir des joueurs qui connaissent les valeurs du club et ce que représente le MHSC parce que c’est un club atypique de Ligue 1. C’est important de garder ces racines-là et de montrer que la formation montpelliéraine ‘’fournit’’ des joueurs qui sont capables de rivaliser en Ligue 1. » Et lorsqu’on lui demande quel conseil il leur donnerait, la réponse de Joris est aussi simple que sincère : « S’ils s’entraînent avec nous au quotidien, c’est qu’ils ont prouvé en catégorie de jeunes et en réserve qu’ils pouvaient être là. A eux de travailler au maximum, de prouver à chaque entraînement qu’ils ont la capacité de gratter des minutes de jeu en Ligue 1 et de saisir chaque opportunité qu’on leur donne. De mon coté, si je peux aider les jeunes qui sont ou qui montent avec nous en équipe première, je ne vais pas m’en priver. »
Son AMOUR DU MHSC
Sa mine déconfite et ses larmes après la défaite contre Nantes à La Mosson la saison passée (0-3) n’a d’égal, dans le sens inverse bien sûr, que sa joie extatique sur chaque but de son équipe. Au fil du temps, c’est même devenu sa marque de fabrique. Joris Chotard, vit et vibre pour le MHSC : « Les valeurs du club me correspondent. L’’envie, l’abnégation, ne jamais rien lâcher, toujours donner jusqu’à la dernière goutte de sueur pour défendre ses couleurs… Tout ça, ça me parle et c’est la raison pour laquelle j’étais très triste de la situation la saison dernière et il faut tout donner pour ne pas le revivre »,
explique Joris avant de conclure par des mots plein d’espoir et de sincérité lorsqu’on évoque ces photos de joie où il est toujours très expressif : « Chaque but doit être célébré comme si c’était une victoire. Ça me tient à cœur. Il faut montrer que ça nous fait plaisir de marquer pour ce club, de faire une passe décisive pour ce club, de tout donner pour lui. Pour moi, c’est une fierté d’avoir gravi les échelons du MHSC et d’avoir réussi à m’imposer dans ce club qui m’a formé et à qui je dois tout. » Que peut-on ajouter de plus ?
*Toutes les statistiques contenues dans cet article ont été arrêtées au soir de la 10ème journée
**MHSC-Clermont ayant été donné à rejouer, la 8ème journée n’est pas comptée dans les statistiques.
