Les confrontations entre Merlus et Pailladins ont souvent donné lieu à des rencontres spectaculaires. En attendant le rendez-vous de mercredi soir, voyage dans le temps au gré des matchs endiablés entre Bretons et Héraultais
Au niveau du coefficient de spectacularité, comme aime l’évoquer Canal+, les confrontations entre Montpellier et Lorient auraient sans doute une place à part. Le ton a d'ailleurs été donné d'entrée puisque le premier duel entre les deux clubs dans l'histoire en L1 avait donné lieu à un succès 5-1 des Montpelliérains le 3 octobre 1998 avec notamment un lob magnifique de Xavier Gravelaine, auteur d'un récital ce soir-là et d'un coup franc magistral pour clôturer le score, synonyme de 1er but dans l'élite pour un certain Cédric Barbosa. Emmenés ce soir-là par leur maître à jouer, Stéphane Pédron, Lorient avait pourtant donné du fil à retordre aux hommes de Jean-Louis Gasset, sans jamais fermer le jeu. Très en jambes et auteur du 3e troisième but du MHSC ce jour-là, Philippe Delaye se souvient : « A l'époque, c'était le Lorient entraîné par Christian Gourcuff avec deux lignes de quatre et deux attaquants. Cette équipe jouait la ligne mais tout en étant très haute, à 40 m de ses buts, donc on savait qu'il y aurait énormément de possibilités en jouant dans leur dos, si on savait faire les passes au bon moment et prendre la profondeur quand il fallait, raconte l'actuel coordinateur sportif du MHSC. Avec Xavier Gravelaine, on avait réussi à bien combiner et, au final, cela s'est soldé par un très beau match. »
Après un bon match nul 1-1 au retour, les deux équipes s'étaient retrouvées en Ligue 1 le 29 septembre 2001. Promues toutes les deux, les deux formations s'étaient livrées à un duel sans merci au cours duquel le MHSC, qui possédait pourtant cette année-là la 3e meilleure défense du championnat (31 buts encaissés seulement), avait littéralement explosé face à un duo Pascal Feunduno –Jean-Claude Darcheville. Les deux hommes, faisaient alors connaissance et formeront finalement un duo très prolifique qui amènera Lorient au succès en Coupe de France cette année-là (1-0 contre Bastia, but de Darcheville), malgré la descente des Bretons en Ligue 2 en fin de saison, avant d'être reconstitué quelques années plus tard à Bordeaux. Si aucun des deux n'avait marqué, ils avaient donné le tempo et offert les trois buts des Merlus face à Montpellier, signés des Ivoiriens Guel (doublé) et Kroupi. Le temps suspendra ensuite son vol un long moment. Durant presque 10 ans, les deux formations se sont souvent croisées à l’étage inférieur, et, durant les 5 années que le MHSC a passé en Ligue 2, c'est souvent Lorient qui est venu donner la leçon aux hommes de Jean-François Domergue comme en témoigne le double 3-0 concédé, à l'aller comme au retour, lors de la saison 2005-2006.
Il faut passer à la saison 2009-2010 pour retrouver la trace de bons souvenirs héraultais face aux Lorientais. Le premier d'entre eux remonte au 15 août 2009. Ce soir-là, une semaine à peine après avoir obtenu un superbe match nul dans les dernières secondes à La Mosson face au Paris-Saint-Germain (1-1), le promu montpelliérain se déplace au stade du Moustoir pour essayer de confirmer. Face à une équipe lorientaise jeune mais qui comptait tout de même des éléments de grands talents comme Koscielny, Morel, Monterrubio ou Gameiro, le MHSC, avait dominé le premier acte avant de mener 2-0 à l’heure de jeu grâce à des réalisations d’Emir Spahić sur corner et de Tino Costa d'une frappe sèche (photo ci-dessus). Malheureusement, le club de la famille Nicollin, encore en apprentissage, avait concédé le nul dans les dernières secondes sur un but de Koscielny… « Après une très bonne première mi-temps, nous avions réussi à concrétiser en début de seconde période pour mener finalement 2-0 à l’heure de jeu, mais malheureusement nous étions faits remonter en fin de match pour finir à 2-2, se souvient Souleymane Camara. On aurait sans doute signé pour ce point avant le match, mais vu le scénario nous avions quelques regrets. Inconsciemment, nous nous étions peut être relâchés. Il ne faut pas oublier non plus que ce n'était que notre deuxième match après la remontée. On manquait sans doute un peu d'expérience aussi.»
À ce titre, le match retour face aux Merlus cette année-là, s'il n'est pas le plus célèbre, restera sans doute comme l'une des références en termes de jeu de l'ère René Girard. Jamais sous la direction de ce dernier, 45 premières minutes d'une prestation montpelliéraine n'ont été aussi abouties en termes de qualité de passes, de mouvements, de frappes et d'occasions de but. Ce soir-là, Lorient avait pris le bouillon et s'était retrouvé mené 2-0 à la pause sur deux penalties signés Victor Hugo-Montaño et Souleymane Camara, mais les Pailladins auraient sans doute dû mener beaucoup plus largement sans un Fabien Audard très inspiré dans les cages morbihannaises. Si la seconde période fut beaucoup moins aboutie, les Montpelliérains s'était finalement imposés 2-1, s’offrant ainsi une finale pour la qualification pour le tour préliminaire de l’Europa League, qu'ils gagneront finalement une semaine plus tard au Parc des Princes. Pour ajouter une histoire dans l'histoire, cette réception de Lorient à La Mosson le 8 mai 2010 sera aussi la dernière prestation sous le maillot héraultais du mythique milieu de terrain argentin Tino Costa avant que celui-ci ne s'envole pour le FC Valence quelques semaines plus tard. S’il n’avait pas joué cette rencontre après avoir été victime d’une rupture du ligament croisé du genou quelques semaines plus tôt, Philippe Delaye garde cependant un souvenir ému de ce succès : « Cette victoire nous avait permis de faire un grand pas vers une qualification européenne. J’étais blessé, j’avais annoncé la semaine précédente que je mettais un terme à ma carrière et le Président Nicollin m’avait remis un trophée en avant-match pour marquer la fin de ma carrière de joueur. J’étais très heureux de la victoire et très touché par cette attention de la part du club. »
La saison suivante (2010-2011) sera le théâtre du premier 0-0 entre les deux formations dans l'élite. Un score nul et vierge acquis le 21 décembre 2010, au cœur de l'hiver breton, et qui doit beaucoup à Geoffrey Jourdren, auteur d'une prestation XXL ce soir-là, alors que les Merlus avaient dominé la rencontre de la tête et des épaules. Les Montpelliérains se vengeront au match retour au mois de mai 2011 en l'emportant 3-1 grâce à des buts d'Olivier Giroud, Marco Estrada et Jamel Saihi, renversant ainsi des Bretons qui avaient ouvert le score en début de partie par l'actuel défenseur dijonnais Bruno Ecuélé Manga. Là aussi, une anecdote ressort de ce match. Le troisième but montpelliérain signé Jamel Saihi d‘une superbe reprise de volée pleine lucarne avait été le 800e de l'histoire du club dans l'élite. « C’était aussi mon premier but chez les pros avec le MHSC, nous racontait-il à l’époque. En plus, c’était aussi le but le plus rapide d’un joueur entré en jeu sous le maillot du MHSC (17 secondes seulement). C’est un peu le but de tous les records ! (rires). Je rentre au moment d’un corner pour nous et, lorsque celui-ci est frappé, je me dis que si le ballon revient et que je suis à la retombée, je tente ma chance. Par bonheur, le ballon est revenu vers moi et j’ai pu le reprendre de volée ; je n’ai pas cherché à comprendre. Je me suis concentré, j’ai fait le geste, j’ai vu le ballon partir ‘’plein fer’’ et cela a marché. Ma joie était immense. »
Dès demain, lisez la suite de notre dossier consacré aux confrontations entre le MHSC et Lorient. Buts et anecdotes garanties
