Ancien portier du MHSC (janvier 1999-juin 2000), l’actuel entraîneur des gardiens du Racing Club de Strasbourg revient sur son passage à Montpellier, son retour en Alsace et la rencontre de dimanche, sans oublier sa relation avec Bruno Martini
Comment votre arrivée à Montpellier (en janvier 1999) s’est-elle concrétisée ?
Montpellier cherchait un gardien. Bruno Martini était en fin de carrière et Philippe Flucklinger venait de se blesser au genou. De mon côté, j’étais dans une belle période de ma carrière, j’étais sollicité par plusieurs clubs, mais le projet de Montpellier m’a convaincu. C’était déjà un très bon club à l’époque et, en partant du Havre pour rejoindre le MHSC, j’avais la sensation de franchir une nouvelle étape dans ma carrière.
Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à Montpellier ?
Je me souviens de mon premier match, en coupe de la Ligue, sous la neige, à Gerland contre Lyon en janvier 1999. On avait gagné 2-0 là-bas. Il faisait froid, il neigeait. Je me souviens même qu’à la fin du match, Laurent Robert avait été interviewé à la télévision, mais il arrivait tout juste à parler tellement il avait froid (sourire). Je me souviens aussi de la séance de tirs au but à Hambourg en finale de la coupe Intertoto (après avoir fait 1-1 à l’aller à La Mosson puis s’être séparées sur le même score au retour, les deux équipes avaient disputé une séance de tirs au but en Allemagne dont le vainqueur se qualifiait pour l’Europa League / ex-coupe UEFA). Ce match-là reste un des tout meilleurs souvenirs de ma carrière. Quand vous êtes gardien de but et que vous arrêtez les 3 tirs au but de vos adversaires, on ne peut pas nier que c’est un moment très fort. Même si cette coupe Intertoto n’était pas forcément très médiatisée à l’époque, nous l’avions jouée à fond et cela nous avait permis de nous qualifier pour la coupe de l’UEFA qui était l’objectif du club. J’ai vécu des moments un peu plus difficiles ensuite (le club est descendu en L2 à l’été 2000) mais il faut retenir les leçons de chacune de ses expériences. Ça fait partie de la vie d’avoir des moments forts et d’autres où l’on est un peu moins bien. Montpellier restera une belle période de ma carrière parce que j’ai eu la chance de passer dans un très bon club avec des gens très compétents et un bon esprit de travail. Presque 20 ans plus tard, je suis toujours très heureux de revenir dans ce stade de la Mosson. Ce qui est dommage, c’est que ce sera sans public mais il faut qu’on s’y habitue malheureusement.
Impossible de faire cet entretien sans évoquer votre relation avec Bruno Martini, auquel vous étiez appelé à succéder dans les buts du MHSC à votre arrivée...
Je connaissais Bruno et j’avais un très grand respect pour lui. Il était en fin de carrière et il savait pourquoi j’étais venu. Il était parfaitement conscient de la situation et cela s’était très bien passé. Bruno était quelqu’un de très droit et nous nous entendions très bien, il n’y avait aucun souci. Beaucoup de choses très positives ont été dites sur Bruno mais nous sommes tous unanimes à dire qu’il était un très, très grand Monsieur qui a énormément apporté au football, avec beaucoup de simplicité et de professionnalisme. Parfois la vie est bizarrement faite. C’est toujours trop tôt de partir, mais surtout à cet âge-là. Cela montre encore une fois qu’on n’a qu’une vie, que le temps passe vite et qu’il faut en profiter. J’ai perdu il y a quelques années mon meilleur ami, Olivier Baudry, (ancien joueur du FC Sochaux, décédé à 44 ans des suites d’un cancer) et je n’arrive toujours pas à comprendre aujourd’hui pourquoi il est parti si jeune. C’est difficile de comprendre et de mettre des mots là-dessus.
Vous avez aussi participé au dernier match de Bruno Martini, le 29 mai 1999 contre Bastia à la Mosson. Racontez-nous ce moment…
Il était prévu avant le match que Bruno puisse entrer en jeu pour effectuer une dernière apparition et clôturer de belle manière son immense carrière ; et il est entré à un quart d’heure de la fin (victoire du MHSC, 3-0). J’ai récemment retrouvé une photo de ce fameux match et ça m’a fait quelque chose de me remémorer cet instant et la chance que j’ai eue de croiser ce grand gardien qui était Bruno. Sa disparition nous a profondément marqué, que ce soit moi mais également le staff du Racing puisque Thierry Laurey et Fabien Lefèvre ont aussi joué avec lui.
Plus récemment, vous avez également participé au match de la montée du MHSC du 29 mai 2009, mais dans le camp d’en face cette fois…
Quand nous sommes arrivés au stade ce jour-là, nous savions que ce serait vraiment très difficile. Cette équipe montpelliéraine avait beaucoup de qualités, elle était très forte sur coups de pied arrêtés et elle nous a mis d’entrée une grosse pression. Sur la saison, le MHSC avait été plus régulier et ce jour-là, il était plus fort que nous. Il faut savoir s’incliner, même si c’était difficile parce que c’était sur le dernier match.
Après avoir terminé votre carrière en 2011 puis être devenu entraîneur des gardiens, notamment à l’OM, vous avez retrouvé le RC Strasbourg cet été en intégrant le staff de Thierry Laurey…
Oui. Le club m’a sollicité cet été et j’avais envie de saisir cette opportunité car Strasbourg est un club que je connais bien. Entre mon passage au Racing en tant que joueur et mon retour comme entraîneur des gardiens, le club a connu un long passage dans le monde amateur après le dépôt de bilan, mais aujourd’hui le club continue à s’améliorer, à grandir que ce soit en termes de structures d’organisation et tout est mis en oeuvre pour cela. Le Racing revient de très loin mais il fallait certainement ça pour assainir et repartir sur un vrai nouveau projet. Aujourd’hui nous avons des nouveaux terrains qui nous permettent de nous entraîner correctement, le centre d’entraînement viendra aussi plus tard. Le club continue de se structurer et de grandir petit à petit. En revenant à Strasbourg, j’ai aussi retrouvé deux anciens Montpelliérains en la personne de Thierry Laurey et Fabien Lefèvre. C’est toujours plus facile de travailler avec des gens passionnés et que l’on connaît (sourire).
Comment analysez-vous le début de saison du Racing ?
C’est un début de saison difficile. Nous avons été impactés par le covid en pleine préparation et cela a cassé notre dynamique au niveau du jeu et du groupe. Il a fallu un peu courir après le temps ensuite et, aujourd’hui encore, nous sommes à la recherche de repères et de confiance pour retrouver l’allant de l’équipe la saison dernière. L’absence du public qui est toujours très important ici lorsque nous jouons à domicile pèse aussi beaucoup mais il faut faire avec car ce sont des facteurs que nous ne pouvons pas maîtriser. À nous de puiser encore plus au fond de nous-mêmes pour retrouver cette dynamique et enclencher une série qui nous permettrait de prendre un peu d’air et de remonter au classement.
Quel regard portez-vous sur la saison du MHSC ?
C’est une équipe solide avec du talent et qui possède de très bons joueurs, que ce soit Mollet, Savanier, Laborde, Ferri, Delort et j’en oublie... Je ne suis pas surpris de les voir dans la première partie de tableau. Plus globalement, Laurent Nicollin a pris la relève et l’assume très bien, ce qui n’était pas facile car le président Louis Nicollin a fait énormément de choses pour le club. Avec Laurent, le MHSC est dans la continuité et ce que le club continue de réaliser aujourd’hui est très intéressant
À quel genre de match vous attendez-vous ?
Le MHSC a perdu ses deux derniers matchs la maison. A nous d’essayer de profiter de cette série moins positive à domicile pour eux, alors que c’était leur point fort la saison passée. Mais je sais très bien qu’il est toujours difficile de venir gagner à La Mosson...
