Rétro : il y a 30 ans, le Steaua se noie à La Mosson

|Après son exploit en 16ème de finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupe face au PSV Eindhoven au tour précédent, le MHSC reçoit à nouveau un grand d’Europe en 8ème de finale aller au stade de La Mosson le 24 octobre 1990. Récit d'un match pas comme les autres, il y a 30 ans...

Le Steaua, vainqueur de la Coupe des Clubs Champions 4 ans plus tôt face au FC Barcelone (excusez du peu) est le club N°1 dans son championnat de Roumanie. Il possède un riche palmarès aussi bien européen que domestique. Mais depuis la révolution de décembre 1989 qui secoua la Roumanie, les changements n’ont pas épargné le grand club de l’armée. Le chef d’état, Nicolaï Ceausescu, est mort et les footballeurs roumains ont gagné leur liberté. Alors, si à l’image du pays tout entier, le Steaua s’est réchauffé le cœur et le corps à la flambée démocratique, l’hiver approche et cette flamme vacille car les héros de Séville 1986 ne sont plus là : les Hagi, Lacatus, Balint ou Balint sont ainsi partis exercer leur talent dans d’autres pays. Il ne reste que quelques internationaux comme Petrescu, Dumitrescu ou encore Iovan. Les Pailladins, quant à eux, conservent leurs petites habitudes avant la réception des Roumains, ils se sont ainsi mis au vert à Viols-le-Fort. Comme avant Eindhoven…

On ne parlait pas encore d’épisode méditerranéen ou cévenol, mais cela était tout comme dans le ciel de la Mosson en cette fin octobre 1990. Un déluge ! Après avoir bu jusqu’à plus soif, le terrain est jugé bon pour le service par l’arbitre portugais Silva Valente. Ce que l’on ne sait pas encore, c’est que l’on s’apprête à assister à une pluie de buts… une pluie de cartons pour les Roumains qui accompagneront durant 90 minutes le déluge dans le ciel. Au coup d’envoi de la rencontre, Henryk Kasperczak maintient Franck Lucchesi à gauche de la défense et confie le poste de stoppeur à Michel Der Zakarian en l’absence de Jean-Manuel Thétis, blessé à Eindhoven. Kader Ferhaoui est pour la première fois titulaire sur le front de l’Europe. Ca s’arrose ! Et le joueur formé à la Paillade a bien trinqué… Après seulement 7 minutes de jeu, le défenseur roumain Munteanu gâche la fête d’un tacle trop appuyé sur l’ailier du MHSC. Résultat : une blessure au genou qui laissera longtemps Kader sur la touche cette saison-là. C’est Laurent Castro (5 matchs seulement à son actif en L1) qui le remplace. Après ce fait divers, on assiste à un gag. Lazar, l’attaquant roumain, s’échappe seul vers le but mais il stoppe net sa course après un coup de sifflet venu… des tribunes (13ème) ! Le coup de pouce du destin ne s’arrête pas là et Popa est expulsé (22ème), puis sur une frappe de Ziober qu’il doit normalement bien négocier, le gardien du Steaua, Stingaciu, s’emmêle les pinceaux et emporte le ballon derrière sa ligne (1-0, 27ème).

Le Steaua plie définitivement après que le match ait été un temps menacé d’interruption, le ballon ayant de plus en plus de mal à atteindre ses destinataires. C’est ainsi que Xuereb double la mise dans une forêt de jambes (2-0, 56ème), l’avant-centre pailladin obtient ensuite un penalty que Blanc transforme (3-0, 56ème), Ziober envoie un tir canon qui fait trembler les filets comme l’orage dans le ciel (4-0, 62ème) et,  finalement, c’est Laurent Castro, le benjamin de l’équipe, qui alourdie l’addition et exultant de joie aux grilles d’une Butte Paillade en folie (5-0, 82ème) ! Le MHSC vient de gagner le galon qui manquait à ses épaulettes pour devenir un habitué des exploits. Après le PSV, le Steaua s’est laissé prendre au piège. Vincent Guérin, le milieu de terrain pailladin suspendu et ayant assisté au match depuis les tribunes : « J’ai eu très peur quand les Roumains ont cette occasion très nette de marquer. Dieu merci, le joueur s’est arrêté, croyant à un coup de sifflet de l’arbitre. A 2-0, j’étais soulagé et au fur et à mesure, la joie devenait de plus en plus intense. Notre avantage est confortable et il est appréciable de penser que nous allons passer l’hiver au chaud, en attendant d’accueillir un autre grosse cylindrée en mars ! »