Franck Lucchesi : « Tout nous réussissait » | MHSC Foot , billetterie Montpellier Hérault, mhsc match, match Montpellier, led publicitaire, panneau publicitaire led

Franck Lucchesi : « Tout nous réussissait »

L'ancien défenseur du MHSC est revenu sur la magnifique victoire des Pailladins il y a 30 ans face au PSV Eindhoven au stade de La Mosson en Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe (match aller, 1-0).

Franck, dimanche nous célébrions les 30 ans de la victoire en lever de rideau de Coupe d’Europe face au PSV à la Mosson…

Oulla, 30 ans déjà ? Ça passe, ça passe…

Comment aviez-vous préparé cette échéance ?

Pourquoi pas le Milan AC aussi ? On n’est pas abasourdi, on en rigole car ce n’était pas encore le moment de se focaliser sur cette rencontre

Au départ, le président, Robert Nouzaret et l’entraîneur font un bon recrutement avec les arrivées de Ziober, Colleter etc. On a quand même une belle petite équipe. Laurent Blanc est toujours là, on s’est bien renforcé aussi avec l’arrivée du gardien Claude Barrabé et il n’y a quasiment que Julio César qui est parti. Je me rappelle, on est dans le bus en stage de préparation quand le tirage de la Coupe d’Europe a lieu et on tire Eindhoven… C’était quand même le haut niveau.

Ils en étaient à leur 17ème campagne de Coupe d’Europe quand ils vous rencontrent…

Oui, c’est pour ça. On est en stage quand il y a le tirage et franchement, on se regarde en se disant que ce n’était pas un cadeau. Pourquoi pas le Milan AC aussi ? On n’est pas abasourdi, on en rigole car ce n’était pas encore le moment de se focaliser sur cette rencontre. Mais quand on commence le championnat, et bien… on pense à ce match de septembre en Coupe d’Europe ! On y pense, on y pense.  On n’est pas plus affolé que ça. Et apparemment, eux, nous prennent un peu pour des charlots, des jambons quoi. On avait pris une gifle deux ans avant contre Benfica donc là on se dit qu’on a quand même un peu muri, on a Laurent qui joue derrière et qui nous rassure, on a gagné la Coupe de France aussi quand même quelques mois avant.

Le jour J, comme cela se passe t-il ?

On attaque ce match à La Mosson, il fait beau, il y a du monde, il y a les gardiens qui nous accueillent à l’arrivée au stade, c’est un peu folklorique…

Etait-ce une meilleure ambiance que contre Benfica ? Car le stade n’était pas plein face aux Portugais…

Face à Benfica, si je me rappelle, les places étaient chères, je crois, et on ne tournait pas trop bien. Là, on fait un bon début de saison, on est bien et on attaque bien ce match, on est chez nous quoi.

Eux, sont-ils un peu arrivés en « cadors » ? Car ils avaient des noms ronflants dans leur effectif…

Oui, ils arrivent un peu en cadors. En face, il y a quand même Romario, une référence et il le prouvera en gagnant la Coupe du Monde plus tard en 1994 avec le Brésil, ce n’est pas rien. Il y a aussi Vanenburg, Koeman, Van Breukelen et puis, nous, on fait un bon match, on marque un joli but avec Ziober puis on souffre mais on tient. Eux, quand ils veulent revenir, ils n’y arrivent pas. On a gagné mais on a juste gagné la première manche…

Le match a mis un moment à se décanter, avec un bon round d’observation selon les commentaires de l’époque…

Romario revenait de blessure, il avait un gros bandage. Et avec le premier gros tampon, correct, que je lui ai mis, on sentait qu’il était fébrile et qu’il avait de l’appréhension. C’était un avantage

Le match de Benfica nous avait servi deux ans avant. On sait que ça ne pardonne pas au haut niveau, on a pris du métier. On est Montpellier, on est là et on a envie de faire un peu parler de nous ! On ne craignait personne avec l’équipe qu’on avait. On était bien ensemble, un bon groupe. Jean-Claude Lemoult, Kader Ferhaoui, Wilbert Suvrijn, Carlos Valderrama, Guérin, voilà… Xuereb, Ziober c’était quand même pas mal aussi devant ! Moi je prends Vanenburg, le capitaine, au marquage, c’était quand même un monsieur, mais au match retour, Kasper me dit « Tu vas prendre Romario » ! Wilbert avait un peu souffert à l’aller alors ça a été pour ma pomme au retour. C’est vrai, c’était quand même une belle équipe. Mais ils nous ont un peu pris à la légère et comme souvent cela peut arriver … on finit sur le meilleur score possible, 1-0. Non, le meilleur score, c’est 3-0, mais à 1-0 on se dit que si on marque à l’extérieur il faut qu’ils nous en mettent 3. On est bien, on est là.

Comment aviez-vous préparé ce match et le cas Romario ?

Il revenait quand même de blessure, il avait un gros bandage. Et avec le premier gros tampon, correct, que je lui ai mis, on sentait qu’il était fébrile et qu’il avait de l’appréhension. C’était un avantage. On avait envie de faire quelque-chose, on avait envie de faire un exploit et on était tous en osmose. C’est ce qui s’est passé. On a tenu jusqu’au bout, on a souffert car c’était un match accroché, en face, le PSV c’était le summum. On bat un grand d’Europe, on l’a fait.

Le PSV, ça évoquait des souvenirs de Coupe d’Europe ? Ils avaient joué contre Bastia, Saint-Etienne…

Et oui, en plus ! Moi j’étais gamin, 14-15 ans, quand il y a l’épopée et qu’ils jouent Eindhoven. Le mercredi, quand tu regardais Saint-Etienne à la télé, tu rêvais de jouer la Coupe d’Europe un jour. Et puis tu y es, tu joues ces clubs-là. Pour des joueurs comme moi, Pascal, Kader, des joueurs du cru, c’est une fierté d’être en Coupe d’Europe avec la Paillade contre des clubs avec des noms ronflants comme le PSV, le Steaua après puis Manchester… Laurent Blanc aussi était du cru, mais lui a fait sa carrière après.

En parlant de Blanc, Robson aura ces mots après votre confrontation : « Blanc, Thétis, c’est la future charnière de l’équipe de France »…

Robson, c’était quand même une pointure et quand il perd au match aller, il fanfaronne moins. Il sait qu’il aura des difficultés au retour car il a vu qu’en face il avait de vrais joueurs. On a fait un gros match, si on fait le même contre Manchester, on passe. Le problème c’est qu’on avait trop de suspendus et de blessés. Vu comme ça tournait et comment cette Coupe d’Europe se passait, on avait tout pour nous. Sinon, oui, il a eu à moitié raison pour Blanc. Et je vais vous raconter un truc, un truc de France Football. Un article où Robson demande « Qui c’est cet arrière gauche ? » Et Loulou dit : « Celui-là, il est comme Vanenburg chez toi, il ne partira jamais ! » En parlant de moi… Vanenburg avait un contrat à vie avec le PSV. France Football fait écho d’un intérêt du PSV et tout, en lisant l’article ma femme me demande « Qu’est-ce que c’est ça ?! »! Et puis derrière, on a une réception où on doit prendre des photos et je vais voir Loulou en lui disant : « C’est quoi cette histoire ? Moi je ne veux pas partir » Et il rigole : « Mais non, ne te fait pas de souci, ils se sont renseignés et moi j’ai dit que tu étais chez nous à vie ! » Moi je ne voulais pas partir là-bas et encore moins à l’étranger, j’étais bien à la Paillade ! Ma réaction avait fait rigolé Loulou (rires).

Vous étiez plusieurs à avoir senti qu’ils vous avaient pris de haut dès l’échauffement jusque dans le couloir des vestiaires avant le match ?

il nous avait mis ça en tête que les Hollandais se foutaient vraiment de notre gueule. Et on a suivi le truc, cela a été une source de motivation

Ressenti, on est dans le truc mais il y a Loulou. Loulou, il savait faire. Il savait faire un clin d’œil, nous donner une parole, il arrivait à transcender. Et c’est vrai qu’il nous avait mis ça en tête que les Hollandais se foutaient vraiment de notre gueule. Et on a suivi le truc : « Ah ouais ? Et comment ? Ouais le blond là, tu vas voir… » Et puis l’un dans l’autre cela a été une source de motivation. Il ne faut pas oublier que c’était quand même les débuts de la Paillade, le club n’avait pas 20 ans encore !

Au final, quel est le sentiment qui prédomine après la victoire 1-0 à l’aller ?

C’est une grosse fierté, le sentiment du devoir accompli, d’avoir lavé l’affront qu’on avait subi contre Benfica en perdant 3-0 chez nous deux ans plus tôt lors du premier match de l’histoire du club en Coupe d’Europe. Après, à 1-0, on n’est pas qualifiés, on ne pense même pas à l’être. On savoure la victoire et on se dit : « Voilà, maintenant ils peuvent nous regarder et ils doivent nous respecter. » C’était un peu le mot d’ordre. Après, on marche sur l’eau quand on se qualifie là-bas, puis on tape les Roumains, tout nous sourit. On avait un état d’esprit de conquérants, de gagnants. Avec Pascal, Laurent, Jean-Claude Lemoult et ce groupe, on était bien ensemble. On vivait ensemble. On rigolait, on se chambrait, on était des potes.

Reste-t-il un petit regret sur la fin de parcours dans cette Coupe d’Europe ? Car ce n’est pas passé loin quand même…et cela aurait pu encore être plus beau.

Oui, ce n’est pas le but qu’on prend au retour face à Manchester et l’erreur de Barrabé qui me restent en travers. Ce qui me reste en travers, ce sont les suspensions ! Si on est au complet… Si Guérin ne prend pas ce jaune, il n’avait pas à avoir un jaune ! Si Pascal ne se fait pas faire « marron » par Hughes là-bas…. Puis Michel Der Zakarian aussi, l’autre il lui a sauté sur le genou… On est par terre tous les deux quand on est à la lutte, Hughes tombe sur son genou et il aurait pu tomber sur le mien que c’était pareil. Thétis se blesse à Eindhoven aussi, il revient au mois de mars quand Michel se blesse à Manchester, donc voilà. On n’avait pas un gros effectif, Régis Brouard et Clément Garcia sont rentrés au retour, ce n’est pas pour les dénigrer mais ils arrivaient juste, ils venaient de 3ème division, peut-être qu’ils n’étaient pas tout à fait prêts. Au complet, on avait tout pour rêver, oui, car derrière, en demi-finale, on jouait le Légia Varsovie que Kasper et Jacek connaissaient très bien. Tout nous réussissait et on aurait pu faire quelque-chose de grand. Donc, ce n’est pas le but concédé par Claude Barrabé que je blâme au retour face à United, j’aurais pu aussi faire une passe en retrait interceptée, c’est plutôt qu’on n’a pas joué avec toutes nos armes, on était affaiblis.

Vous souvenez vous de l’arrivée au club de Jacek Ziober ? Kasperczak nous racontait l’étonnement du président face à son look… « C’est ça le joueur ? » Il avait une dégaine à la Ziober quoi…

(Rires) Nous on ne rigolait pas mais bon il était atypique, on ne disait rien mais il allait vite ! Sur le terrain, il bossait sec, il va vite, il cavale, il avance le type oh ! Il s’est vite adapté en plus. On a dit « Respect » ! C’était un bon mec. Après, il était fou ! Il allait faire un match corporatif la veille d’un match de championnat lui ! Il sortait, il buvait, il ne manquait pas un entraînement, non, non, c’était un bon mec. C’était un bon !

Le président qui s’assoit en plein milieu du terrain pour son premier entraînement et pour voir ce qu’il valait…

Ziober ? il était fou ! Il allait faire un match corporatif la veille d’un match de championnat ! Il sortait, il buvait, il ne manquait pas un entraînement

(Rires) Qui, Loulou ?! Ah oui, il en était tout à fait capable de ce genre de choses ! Loulou, il nous en a fait… ça reste des bons moments, on en a rigolé ! Loulou, tu es obligé de rigoler des anecdotes qu’on a avec lui, car il fallait toujours qu’il déconne, mais attention, il savait nous motiver, trouver le mot juste, quelqu’un qui mine de rien avait la baraka, voilà. C’était un gagnant. Il a toujours compté, il compte toujours car je travaille au Groupe Nicollin, il est toujours là pour moi.

Est-ce que vous sentiez que c’était aussi un gamin qui rêvait durant cette Coupe d’Europe ?

Je me rappellerai toujours, surtout, qu’après les deux premiers tours il y a le tirage et on tombe sur Manchester. Il y a l’arbre de Noël à La Mosson et il appelle quatre joueurs dans le bureau : Xuereb, Blanc, moi et Pascal Baills. Et il dit : « Voilà, on joue Manchester, qu’est-ce que vous en pensez ? En premier là-bas mais qu’en pensez-vous si on inverse le match car on risque d’en prendre 4 ou 5 et il n’y aura personne au match retour à La Mosson. » Nous on lui dit : « Mais comment ça ?! Non, non il en est hors de question » Et lui qui continue : « Si on en prend 4 ou 5 on aura belle figure, on va jouer devant dégun. » Nous tous on a dit non. On change rien, on ira là-bas et au contraire, si on faisait un bon match là-bas et qu’au match retour ça soit plein ? Il est d’accord : « Bon, ok, je vais vous écouter. Mais ne nous faite pas passer au travers, qu’on n’en prenne pas 4 ou 6 ! » C’était encore une source de motivation qu’il avait trouvée. Peut-être qu’il avait eu l’idée d’inverser mais il voulait surtout voir ce qu’on avait dans le pantalon. Je me rappelle de Daniel Xuereb lui tenir tête et lui répondre : « Non, non, ça veut rien dire ça ! On joue là-bas, on fait ce qu’on a à faire, ne vous inquiétez pas. On a la chance de recevoir au match retour. » Voilà, c’était Loulou…

La fin de cette épopée…

Ca a tournée un peu en eau de boudin. On manque la fin de saison. Pendant l’épopée, tout va bien, au moment de Manchester on est dans les 3-4 premiers, mais on finit qu’on n’est pas Européens. On manque une nouvelle qualification d’un rien. Laurent est parti à Naples, Pascal et Daniel vont à l’OM, Valderrama à Valladolid, Jean-Claude s’en va aussi il n’y avait quasiment plus que Michel et moi comme ancien avec Kader, mais il se remettait de sa blessure contre le Steaua, Wilbert avait des ennuis. Il y a quand même eu quelques problèmes financiers aussi, on redémarre avec pas mal de jeunes, avec Kasper et des joueurs qui arrivent comme Périlleux, Rezeau, Divert, Todorov. Sont restés, Michel Der Zakarian, moi, Claude Barrabé et Stéphane Blondeau qui joue un peu. Ah oui, Ziober est resté, il ne part que l’année d’après en Espagne. Et ouais…

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