Entre Montpellier et Lorient, c'est souvent excitant (2ème partie)

Les confrontations entre Merlus et Pailladins ont souvent donné lieu à des rencontres spectaculaires. En attendant le rendez-vous de mercredi soir, seconde partie de notre voyage dans le temps au gré des matchs endiablés entre Bretons et Héraultais

Vient ensuite l'année du titre et là aussi, les confrontations entre les deux équipes ont été marquantes. Lors du premier rendez-vous, les hommes de Sylvain Ripoll, qui remplaçait alors Christian Gourcuff, souffrant, avaient encaissé un cinglant 4-0 avec des buts de Dernis, Giroud (également auteur de 2 passes décisives ce soir-là), de John Utaka et de Rémy Cabella qui, avec sa crête blonde si reconnaissable, avait marqué ce soir-là son 1^er but sous le maillot du MHSC dans l’élite (12 mars 2011). Le match retour fut en revanche beaucoup moins marrant puisque le 15 avril 2012, les Montpelliérains avaient concédé une défaite 2-1 sans contestation possible (malgré le but en fin de match d'Olivier Giroud), qui aurait pu leur coûter très cher dans la course au titre. Heureusement, il n'en fut rien mais les Lorientais pourront s'enorgueillir d'être la dernière des 6 équipes de Ligue 1 à avoir battu le MHSC cette année-là.

En 2012-2013, les confrontations entre les deux équipes sont toujours aussi agréables (victoire 2-1 des Lorientais à l'aller et 2-0 des Montpelliérains au retour à la maison), puis arrive cette fameuse saison 2013-2014. Ce mercredi 4 décembre 2013, Lorient vient s’imposer 2-0 à La Mosson grâce à des buts de Barthelmé et Aboubakar. Une rencontre spectaculaire que les Montpelliérains termineront à 9 – plus par maladresse que par méchanceté, à l'image de leur état du moment – et qui sera le dernier match sur le banc du MHSC de Jean Fernandez qui sera suppléé quelques jours plus tard par Rolland Courbis. Daniel Congré se souvient : « C'était une époque où on avait l'impression que dès qu’on prenait un but, c’était fini. Dans le jeu, il y avait des choses intéressantes mais on avait du mal à concrétiser et, derrière on était fébrile. D'ailleurs, on avait fait beaucoup de matchs nuls, subi beaucoup d'expulsions aussi dont 2 ce soir-là. Du coup on n’avait jamais la même équipe. Cette défaite avait été un vrai coup de massue. »

Revenu à Grammont, quatre ans après avoir fait remonter le MHSC dans l'élite, le technicien marseillais ne s'attendait sans doute pas à vivre un tel scénario lors du match retour en Bretagne. Réduits à 10 avant même la demi-heure de jeu après l'expulsion de Geoffrey Jourdren, alors qu'ils avaient ouvert le score trois minutes plus tôt, les Montpelliérains avaient concédé l'égalisation sur un penalty d’Aliadière, avant, contre toute attente, de mener 4-1 en infériorité numérique à 10 minutes de la fin. Malheureusement, dans une fin de match qui restera l'une des plus folles de l'histoire de notre club, les Lorientais avaient finalement réussi à arracher l'égalisation dans le temps additionnel. Daniel Congré raconte : « Pour expliquer le fait que nous ayons marqué autant de buts en infériorité numérique, il y a d'abord le talent de Rémy Cabella qui avait mis un doublé ce jour-là. En plus, nous disposions de beaucoup de joueurs de petits gabarits qui étaient à l’aise sur synthétique, qui était la surface du Moustoir à l’époque. On avait développé de vraies phases de jeu, inscrit de beaux buts et ce n'était pas illogique que l'on soit devant au score ; mais du moment où ils ont marqué le but du 4-2 c'était incroyable, se souvient l’actuel défenseur montpelliérain. Alors qu'on aurait dû afficher beaucoup plus de sérénité, on s'est vraiment affolé, on prend le 4-3 puis sur la dernière action le 4-4… On s’est même dit dans le vestiaire que si le match avait duré cinq minutes de plus, on l'aurait peut-être perdu. » Un scénario fou qui reste évidemment dans les mémoires : « C’est vraiment dommage de concéder le nul quand tu as autant d'avance, mais d'un autre côté, on avait vraiment fourni beaucoup d'efforts et produit du beau jeu, poursuit Daniel. Dans cette saison compliquée, je me souviens que le coach, Rolland Courbis avait insisté sur le fait que nous avions réussi à inscrire 3 buts à 10 contre 11 plutôt que de nous accabler car la déception était très grande, pour nous comme pour lui. »

La suite fut un petit peu plus calme. Une victoire 1-0 des Montpelliérains à la maison puis un match nul 0-0 au retour en 2014-2015 avant un nouveau tournant la saison suivante. Au moment de débarquer à la Mosson le 27 septembre 2015, le FC Lorient rencontre un grand malade puisque les Héraultais n'ont récolté qu’un point en 7 matchs avant cette 8^ème journée. La pression est très forte sur les épaules de Rolland Courbis et de ses hommes et si l'ouverture du score de Ramy Bensebaini dès la 6^ème minute de jeu laisse entrevoir l'espoir d'une issue positive, l'égalisation de Rafidine Abdullah dès le retour des vestiaires (48e) replonge le MHSC dans ses travers autant que ce qu’elle glace le public pailladin.

Un public qui pourra laisser éclater sa joie quelques minutes plus tard lorsque Jonas Martin inscrira le but de la victoire (57^e) sur un service de Jérôme Roussillon. « C'était une véritable délivrance car commencer aussi mal la saison avait été quelque chose de terrible, se souvient Daniel Congré. On se demandait vraiment ce qu'on faisait de mal pour que ça ne tourne pas. Pourtant on travaillait, on s'entraînait bien, on essayait de tout faire pour que ça nous réussisse mais rien n'y faisait. C'était vraiment compliqué et cette victoire contre Lorient avait été une véritable délivrance pour nous. D'ailleurs, on avait bien redressé la barre en marquant 21 points de plus en 13 matchs contre un seul sur les 6 premiers. » « Quand tu perds un match, tu peux toujours dire que c'est un accident, estime Souleymane Camara, mais dès que tu enchaînes plusieurs revers ça commence à gronder. Ça fait partie du jeu. Mais après, le doute s'installe en même temps qu'une spirale négative, tu te poses des questions et c'est difficile de sortir de ce genre de situation. Heureusement nous avions un groupe qui se disait les choses et qui n'a pas lâché. Quand cette victoire est arrivée nous étions vraiment heureux et soulagés. On entend parfois parler d'argent dans le foot mais le ballon rond, c'est notre passion, on aime ce métier et quand on rentre sur le terrain, c'est pour se donner à fond, prendre du plaisir et en donner au public, donc on vit forcément mal le fait de ne pas gagner. Ce succès là nous avait fait vraiment du bien. » Un succès qui sera le premier des Montpelliérains cette année-là et qui sera le déclencheur d'une série qui permettra aux Héraultais de passer la trêve hivernale en dehors de la zone de relégation (grâce notamment à une victoire à Lyon quelques semaines plus tard), ce qui paraissait impensable au moment de la réception des Merlus.

Deux ans et deux nuls plus tard, les deux équipes se sont retrouvées en 2016-2017 avec un nouveau partage des points prolifique à l'aller en Bretagne (2-2) puis une victoire 2-0 au match retour à La Mosson le 15 avril 2017. Ce succès sera le dernier de Jean-Louis Gasset à la tête du MHSC et celui qui scellera la réussite de son opération maintien, alors qu'il était arrivé au mois de février pour sauver la place du MHSC dans l'élite.

Relégué à la fin de cette saison-là, le club lorientais ne retrouvera le MHSC qu'une fois durant sa période de 3 années en Ligue 2. C'était le 24 janvier 2018 en Coupe de France. Ce jour-là, emmené par un Alexis Claude Maurice en feu, les hommes alors dirigés par Mickaël Landreau avaient donné du fil à retordre aux Montpelliérains avant de s'incliner 4-3 à La Mosson au terme d'une course-poursuite haletante. « Quand on est défenseur, c’est forcément le genre de victoire qu’on apprécie un peu moins parce qu'on prend beaucoup de buts mais l'essentiel c'était la qualification », sourit Daniel Congré.

Mais au fait, pourquoi les Montpellier - Lorient ont-ils aussi souvent donné lieu à des matchs ouverts et spectaculaires ? Philippe Delaye, qui a souvent joué contre Lorient mais qui a aussi été dirigé par Christian Gourcuff à Rennes explique ceci : « Christian Gourcuff avait des principes de jeu qu'il n'a d'ailleurs jamais renié partout où il est passé avec ses deux lignes de quatre et beaucoup de travail tactique. Je crois que c'est un des premiers entraîneurs que j'ai vu travailler sur de la vidéo. Il avait des logiciels avec le déplacement des joueurs, on faisait beaucoup de travail tactique à vide pour bien assimiler les déplacements les uns par rapport aux autres. Il fallait toujours qu’il y ait 12 mètres d'écart entre les joueurs, en largeur comme en profondeur. C'était quelque chose d'assez complet mais que l'on mettait toujours un peu de temps à intégrer. Ça marchait très bien, sauf le jour où on était un peu moins bien physiquement et un peu plus loin les uns par rapport aux autres. Je m’entendais bien avec M. Gourcuff. En plus, il laissait pas mal de liberté aux joueurs offensifs. À partir du moment où on se replaçait comme il fallait, quand on avait le ballon on était assez libre. » Et quand on lui demande si, même s'il n'est plus entraîneur de Lorient aujourd'hui, le passage de Gourcuff peut encore influer le FC Lorient d’aujourd’hui, Philippe Delaye répond par l'affirmative : « Je pense qu'il a dû laisser une trace. Après les entraîneurs changent donc chacun amène sa patte mais Lorient a longtemps été influencé par ce jeu-là et je pense qu'il a dû en rester quelque chose. » Pour toutes ces raisons, la rencontre de mercredi soir promet  beaucoup. Et même si on se doute que les Bretons ne sont pas du même avis, on signerait bien quand même pour le même résultat qu’au match aller lors duquel Petar Škuletić avait inscrit le but de la victoire montpelliéraine à 12 minutes du coup de sifflet final. « Lorient est une équipe joueuse, comme nous d’ailleurs, donc, ça promet un match ouvert, mais tant qu’il est ouvert et que nous gagnions à la fin, ça me va ! conclut Daniel Congré en souriant. C'est une équipe qui va vendre chèrement sa peau et qui va tout faire pour se maintenir rapidement. Ils ont de la qualité, de la vitesse aussi devant…. Il faudrait être vigilant. » Match spectaculaire ou pas, nous espérons tous que le MHSC l’emportera !