Le nouveau directeur du Centre de Formation dévoile sa philosophie de la fonction et ses projets pour le club
Si vous deviez résumer votre carrière, comment le feriez-vous ?
J’ai eu la chance en 1986 de venir travailler au Centre de formation du FC Metz. Cela m’a permis de mettre un pied dans le football professionnel alors que je n’avais pourtant pas un grand passé de footballeur puisque je n’ai joué jusqu’en D3. Depuis, j’ai dirigé les Centres de Formation de Metz, Auxerre et Caen, ainsi que les équipes premières de Metz et Amiens. Ce parcours m’a permis d’être un observateur privilégié de l’évolution du foot puisque j’ai dirigé des joueurs nés en 1968-69 et, aujourd’hui, je vois des joueurs qui sont nés en 2007… Certains sont mêmes entraîneurs aujourd’hui (rires).
Quels sont vos premiers ressentis ?
Je suis encore au stade de la découverte. Je m’immerge progressivement dans ce nouveau contexte, je fais des observations, des constats. Il y a eu beaucoup de réunions, des échanges. Pour l’instant nous n’avons fait que reprendre ce qui avait été mis en place par Henri Stambouli et ses prédécesseurs. On va désormais s’attacher à ajuster certains éléments dans les semaines à venir
Quel est votre état des lieux ?
C’est un peu tôt pour qu’il soit complet. Concernant les structures d’entraînement, on peut considérer que l’on fait partie des meilleurs centres de France ; pour l’hébergement, nous sommes peut-être un peu plus rustiques et cela nécessitera sans doute certaines améliorations mais les dirigeants en sont conscients.. Montpellier fait partie des plus grands clubs formateurs de France et je ressens une fierté d’avoir été choisi aujourd’hui comme directeur de ce centre. C’est un honneur d’être ici. À mon sens, le MHSC n’occupe pas la place qui doit être la sienne au classement des centres de formation. J’en suis convaincu, comme tout le monde au club, à commencer par le Président. Nous allons mettre en œuvre tous les moyens qui vont nous permettre de revenir dans le top 10 dans un premier temps, puis ensuite dans le top 5 qui est la vraie place de Montpellier. Il va falloir s’armer de patience, et de détermination mais on va tout faire pour améliorer les choses même s’il faudra un peu plus de temps qu’à Auxerre et à Caen que j’ai dirigé précédemment, car le Centre de Formation montpelliérain est une grosse machine. Nous avons 122 joueurs, c’est beaucoup et peut-être même un peu trop mais je suis convaincu que nous pouvons y parvenir.
Quelle est votre vision de la formation ?
60 % des éléments sont les mêmes partout, ce sont les éléments de la performance: il faut des bonnes infrastructures d’entraînement, des espaces et des moyens de récupération (balnéothérapie, soins pour les blessés), des préparateurs physiques pour accompagner le développement ou la réatléthisation des joueurs qui sont blessés ainsi qu’un accompagnement scolaire éducatif qui soit de qualité. Les 40 % qui restent, c’est l’aspect humain c’est-à-dire les joueurs que vous recrutez avec quelle intention et sur quels critères et les moyens que vous avez pour les recruter. Paris Lyon et Rennes ont des moyens supérieurs aux autres centres français n’ont pas, mais ça n’empêche pas d’être ambitieux et de faire de la qualité. La deuxième partie de l’aspect humain, ce sont les entraîneurs, leur expertise, leur investissement, leur connaissance de l’histoire du club qui est très importante ici parce que nous avons beaucoup d’anciens joueurs qui sont à des postes d’éducateur. Le dernier aspect c’est la coordination de tous les moyens. C’est ce qui fait l’efficacité et c’est souvent le plus complexe car avec 122 joueurs, les éducateurs et le personnel qui gère le quotidien du centre, cela fait quand même près de 160 personnes.. Il ne faut pas oublier non plus de conserver une passerelle avec l’équipe première.
On entend souvent qu’en formation il ne faut pas faire de la « championite », que les résultats sont secondaires...
Être joueur professionnel, c’est se remettre en cause tous les jours avec l’objectif de gagner. Dès le plus jeune âge, il faut haïr la défaite. Dire que l’on fait de la formation en étant détaché de la compétition, pour moi, c’est artificiel. C’est un équilibre. Il ne faut pas penser à la compétition tout le temps dans la semaine car on reste en formation, mais plus le match approche, plus on doit être en mode compétition. Par contre, en formation, la compétition doit être au service du joueur. Si on s’aperçoit que le joueur est au-dessus dans une catégorie d’âge, on doit le surclasser quitte à se mettre en difficulté dans la catégorie où il n’est plus présent pour permettre au joueur de progresser plus vite. Cette progression du joueur doit être au-dessus du reste. On est là pour les amener en équipe pro avec le meilleur bagage possible pour que Michel Der Zakarian puisse les utiliser s’il en a besoin et, concomitamment, on doit s’imposer dans les championnats pour montrer un savoir-faire et une qualité collective.
Un mot sur la scolarité ?
Quand on regarde le classement du centre de formation en termes de scolarité dernières années, Montpellier est toujours parmi les trois meilleurs. Le club a eu 100 % de réussite au bac cette année et on doit être fier de ça. Maintenant, pour revenir légèrement à l’aspect sportif, c’est au niveau des débouchés que le bât blesse. Aujourd’hui on doit s’améliorer en termes d’implantation des joueurs dans l’effectif pro (c’est-à-dire voir quand un joueur signe pro s’il arrive à s’imposer dans l’équipe dans les un ou deux ans qui suivent). C’est peu le cas actuellement. Le second aspect concerne les joueurs qui ne passent pas professionnels ce qui est le cas pour 60 % des joueurs issus de la formation France. Je constate qu’aujourd’hui que les joueurs qui ne passent pas le cap à Montpellier rebondissent souvent en National 2 ou 3 mais pas en Ligue 2 française belge, espagnole ou italienne. On doit travailler en ce sens.
Quel seront vos axes de travail ?
Si je devais les résumer, je dirais : être performant en compétition, relever le niveau de nos joueurs pour pouvoir offrir encore plus de qualité à Michel Der Zakarian pour que les joueurs puissent s’implanter encore mieux dans l’équipe professionnelle, et aider les joueurs qui ne passent pas pro à rebondir plus haut car un entraîneur, quel qu’il soit, ne peut pas implanter plus de 2 ou 3 joueurs par génération en équipe première. À ce critère sportif j’ajoute le fait d’améliorer les structures d’hébergement et de maintenir la scolarité au niveau où elle est actuellement. Pour conclure, je dirai que j’ai beaucoup de chance d’arriver ici à Montpellier. Cet indicateur de classement des centres de formation est gênant en termes d’image et questionne beaucoup car nos dirigeants mettent beaucoup de moyens dans la formation, les éducateurs mettent énormément d’investissement personnel aussi...mais je suis sûr que nous pouvons relever ce défi ensemble. Cela passe avant tout par une très grande solidarité entre nous. Compte tenu que nous avons des joueurs, des entraîneurs et des staffs de qualité que ce soit au niveau sportif médical, éducatif et de l’encadrement, il n’y a pas de raison que nous n’y arrivions pas.
