Arrivé dans les pas de Frédéric Hantz début 2016, l’entraîneur adjoint du MHSC possède malgré son jeu âge (41 ans) un parcours riche qu’il raconte avec passion et humilité. Portrait.
Il y a des gens pour qui la fidélité est une valeur phare, pas parce qu’ils le claironnent mais parce que les faits parlent pour eux. Arrivé au MHSC en janvier 2016 dans les pas du coach Frédéric Hantz pour en devenir l’adjoint, Arnaud Cormier fait partie de ceux-là. Fidélité d’abord au Mans. Natif de la cité sarthoise, il y a passé la quasi-totalité de sa carrière de joueur. « J’ai fait toutes mes classes là-bas, raconte cet ancien milieu de terrain. J'avais la possibilité d'intégrer des clubs professionnels vu qu’à l’époque il n’y en avait pas au Mans, mais j’ai fait le choix de poursuivre mes études et j’ai raccroché les crampons à 18 ans » Une absence de carrière pro qui ne le hante pas. « Je n’ai pas de regrets à ce niveau-là assure-t-il. Peut-être que j'aurais fait une petite carrière de joueur mais aujourd'hui je suis épanoui dans ce que je fais et j'ai eu la chance de découvrir dans ce rôle un niveau que je n’aurai peut-être as pu atteindre en tant que joueur donc j'ai comblé ce manque là. » A l’arrêt de sa carrière de joueur, Arnaud Cormier s’est donc consacré à un double projet : passer son diplôme de professeur des écoles et celui d’entraîneur. Des diplômes qu’il a évidemment mis en pratique au Mans, son club de toujours. « Dès l’âge de 15 ans, j’entraînais les U7 du club et ce rôle d’éducateur m’a plu. J’ai ensuite entraîné toutes les catégories de jeunes. » Son apogée de formateur, Arnaud Cormier l’a connu en 2004 lorsqu’il a remporté la Coupe Gambardella avec une génération mancelle où figuraient notamment Ludovic Baal (Rennes) et Mathieu Coutadeur (ex-Monaco, aujourd’hui à Laval). Un succès qui lui a ouvert les portes de l’équipe professionnelle quelques mois plus tard lorsqu’un certain Frédéric Hantz a pris place sur le banc sarthois. « J'avais connu la première montée avec Thierry Goudet mais j'étais plutôt deuxième adjoint à l'époque, souligne Arnaud. On peut presque dire qu’on a démarré ensemble avec Frédéric Hantz, lui a découvert le monde pro et moi le rôle d’adjoint dans une structure professionnelle. »
Adjoint du technicien aveyronnais durant 3 saisons, il a ensuite occupé les mêmes fonctions auprès de ses successeurs au Mans, Rudi Garcia, Yves Bertucci, Daniel Jeandupeux et Paolo Duarte avant de prendre la succession de ce dernier lors de son départ à en décembre 2009 après avoir assuré un 1er intérim synonyme de maintien quelques mois plus tôt. « La première fois nous avions arraché le maintien, mais pas la seconde même si nous avions refait en partie notre retard, regrette Arnaud. L’année suivante nous avons loupé de peu la remontée et celle d’après nous sommes repartis avec un groupe très rajeuni et à Noël le président me dit qu'il voulait changer d’entraîneur tout en souhaitant que je reste au club. A ce moment-là, j'avais le sentiment d’avoir fait le tour de la question alors j’ai préféré partir. »
Eloigné du monde pro depuis décembre 2011, Arnaud Cormier en a profité pour relancer et gérer un Futsal, avant de reprendre des fonctions au niveau des jeunes du Mans après le dépôt de bilan de ce dernier. Et puis, est arrivé l’appel de Frédéric Hantz qui a souhaité en faire son adjoint lorsque celui-ci a repris les rênes du club pailladin en janvier dernier. Et lorsqu’on lui demande si retrouver un poste de n°2 l’a dérangé, sa réponse sans ambigüité. « Quand je suis arrivé au Mans, mon rêve était de travailler à la formation et d’être peut-être un jour directeur de Centre, mais ce n'était pas une obsession devenir le numéro un. J’ai refusé le poste plusieurs fois avant de le prendre dans une période où c’était très compliqué, souligne Arnaud. Je suis content d'avoir répondu à l'appel de Frédéric Hantz qui est l’entraîneur avec qui je me suis le mieux entendu. Il n'y a pas beaucoup de coach avec qui je pouvais repartir en tant qu'adjoint mais avec lui, je savais que c’était possible. »
L’occasion d’évoquer sa relation avec l’entraîneur montpelliérain. « Avec Frédéric, nous avons une grande confiance mutuelle. C’est quelqu’un qui aime le terrain, qui aime transmettre. Chaque début de semaine, il arrive avec sa trame et on confronte nos idées. Il travaille sur l’équipe et moi je suis plus en charge des montages sur l’adversaire. Ensuite on échange, et on élabore les séances en concertation avec l’ensemble du staff. » L’occasion d’évoquer avec cet homme discret sa vision du rôle d’adjoint. « Le métier de n°1 est très dur. Même si on est tout un staff, c'est le n°1 qui supporte les victoires et les défaites, c’est lui qui les assume et qui prend les coups de bâton. J'en ai pris, je sais ce que c'est. Quand tu es numéro deux ou trois, tu les prends beaucoup moins mais il faut avoir cette énergie pour être une force de proposition et un soutien de poids pour l'entraîneur. »
Depuis son arrivée au MHSC en janvier dernier, Arnaud Cormier savoure la découverte de son nouveau club, lui qui n’avait connu que Le Mans depuis le début de sa carrière. « Je me suis vite rendu compte que le MHSC était une grosse machine par rapport à ce que j'ai connu. Arriver dans le dernier club champion de France avant le PSG des Qataris ce n’est pas rien, souligne-t-il. La mission l’an passé était d’assurer le maintien mais ensuite l'objectif est de ramener rapidement Montpellier vers un niveau qui lui correspond. Le club a traversé des périodes difficiles après titre de champion. L’objectif est de contribuer à améliorer certaines choses en anticipant encore plus, en ramenant des jeunes de la formation, ce qui a fait la force de Montpellier à un moment donné et l’a amené à un niveau fantastique. Le défi est à la hauteur de ce que je souhaitais. Je suis très heureux d’être ici. »
Concernant le début de saison, Arnaud Cormier avoue qu’il aurait aimé « qu’on décolle plus rapidement mais certains joueurs n’étaient pas à 100% de leur niveau parce qu’ils sont arrivés tard ce qui n’a pas permis de donner rapidement le plein régime de l’équipe. Aujourd’hui nous sommes beaucoup plus compétitifs. Les complémentarités entre les joueurs sont en train de bien s’affiner. Même s’il y a forcément un peu de regrets sur le début de saison, aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’on avance, explique-t-il. J’espère que cela va se valider par une bonne série qui pourra nous permettre de grignoter ce retard et de remonter au classement. »
Propulsé malgré-lui sur le devant de la scène depuis 2 matchs en raison de la suspension de Frédéric Hantz – « ça ne m’a pas procuré d’émotion particulière, j’étais plus embêté pour Fred qu’autre chose car il n’a pas pu vivre le match de Marseille avec ses joueurs et aller à Bastia où il est chez lui. » – Arnaud Cormier va retrouver un rôle plus habituel samedi soir face à Nancy. Une équipe au sein de laquelle il va retrouver deux joueurs qu’il a dirigé au Mans (Cuffaut et Koura) ; et une formation sur laquelle il porte un regard assez élogieux. « Nancy a gardé sa base de L2. Ils ont connu des débuts difficiles, mais j’ai l’impression que c’est une équipe qui progresse et qui va s’en sortir contrairement peut-être à certaines équipes qui ont pris un meilleur départ. »
Un match qu’Arnaud Cormier, même s’il est plus calme et réfléchi que sanguin va encore suivre avec passion, car chez lui, même en vacances, le foot n’est jamais très loin. « J’aime beaucoup voyager, conclut-il en souriant lorsqu’on lui demande d’évoquer ses passions en dehors du ballon rond, mais même là, le foot n’est jamais très loin, il m’est impossible d’aller dans une capitale comme Rome ou Londres sans voir un match. Partout où je suis allé, j’ai toujours fait en sorte qu’il y ait un match le jour où j’y étais pour aller le voir. » L’apanage des grands passionnés.
