La saison de D1 féminine reprend ce week-end avec pour les Montpelliéraines un déplacement sur la pelouse de Nîmes. Avant cette première journée, l'entraîneur du MHSC, Jean-Louis Saez, nous livre ses impressions et ses objectifs.
ENTRETIEN - Féminines
Jean-Louis. En premier lieu, quel bilan tirez-vous de la saison dernière ?
Le premier mot qui vient c’est regret. On a fait quelques contre-performances sur la première partie de saison qui nous ont coûtées cher. Le groupe a fourni beaucoup d'efforts pour revenir, notre phase retour a été très bonne puisque nous n'avons perdu aucun match depuis janvier excepté la finale de Coupe de France contre Lyon, mais malgré ce, nous n'avons pas remporté de titre. Avec le recul, il n'a vraiment pas manqué grand-chose pour que l'on décroche cette Coupe d’ailleurs. Pour toutes ces raisons, il y a forcément un petit goût d'inachevé. Maintenant, cette frustration doit nous servir. Nous sommes extrêmement motivés à l'aube de cette nouvelle saison.
Quels sont les éléments porteurs d'espoir ?
Depuis mon arrivée, le groupe ne fait que progresser d'année en année. L'idée, c'est de ne pas se relâcher, de continuer dans cette voie là et de se servir de ce que l’on a vécu l’an passé pour aller encore plus haut. Il y a une marge de progression importante dans ce groupe et je suis convaincu qu'avec le travail et l'investissement total des joueuses, on va arriver à faire un bon parcours. Le paradoxe, c'est que l’on parle beaucoup de Lyon, Paris mais l’adversaire dont nous devons avoir le plus peur, c’est nous-mêmes. Si l'on pense que ce que l’on a fait en 2015 est suffisant, on se trompe. Il faut continuer à travailler et c'est à ce prix que l'on pourra aller encore plus loin. Si l’on est conscient de ça, je suis convaincu que les joueuses seront récompensées de leurs efforts en fin de saison.
Vous attaquez votre 3e saison à la tête de l'équipe première. Après la découverte et la reconstruction, est-ce l’heure de la confirmation ?
Je l’espère. Lorsque j'ai pris l'équipe, nous avions un projet sur trois ans et l’on continue de s'inscrire dans ce projet là... Petit à petit nous avons modifié les choses pour être plus en adéquation avec le football féminin d'aujourd'hui et de demain. Chacun s'investit beaucoup plus, les charges de travail sont plus importantes… Désormais, il faut que cela se concrétise. J'ai beaucoup d'ambition pour ce groupe mais aussi et surtout pour le club qui fait beaucoup d'efforts pour sa section féminine et qui mérite d'être récompensé. Ce n'est pas évident d'exister derrière Lyon, on voit que même Paris avec ses moyens a du mal d'ailleurs, mais on doit y parvenir. Quand je vois l'investissement du club, celui des joueuses et la qualité des entraînements je me dis que cela va bien finir par payer. J'espère que ce sera cette année mais je suis convaincu que sur le court terme Montpellier va bousculer la hiérarchie. Je crois en l'avenir. Les moments difficiles que nous avons traversés nous ont permis de construire. Ça prend du temps, c'est vrai mais on va y arriver.
Quel regard portez-vous sur la préparation d'avant saison ?
Je suis globalement satisfait. Nous avons été contrariés par quelques pépins physiques mais on ne peut jamais tout maîtriser dans ce domaine-là. Certaines joueuses en ont profité pour gagner du temps de jeu et se montrer ce qui peut être bénéfique pour l'avenir. Ce sont les aléas d'un début de saison. J'espère récupérer tout le monde le plus rapidement possible. J'attache aussi beaucoup d'importance à l'esprit de groupe de ce point de vue là aussi je suis satisfait.
Quels sont les objectifs pour cette saison ?
Continuer à progresser. En termes chiffrés, on vise le podium… Et je compte sur l’ensemble du groupe pour y parvenir.
Avec un déplacement à Nîmes pour débuter, la réception de Guingamp et un déplacement à Paris dès la 3e journée, le début de championnat est assez copieux non ?
De toute manière, il faut jouer toutes les équipes. Comme je l’ai dit précédemment, on doit d’abord se concentrer sur nous-même avant de penser aux adversaires. L'objectif c'est de démarrer cette saison comme nous avons fini la dernière c'est-à-dire très fort. On va tout faire pour.
Un mot sur votre effectif et le recrutement…
On a construit un groupe homogène mélange d'étrangères venues apporter leurs talents et leurs cultures différentes et de joueuses françaises qui font confiance au club depuis quelques saisons ; en y ajoutant des jeunes joueuses, soit qui nous ont rejoints, soit qui sont passés par l’Insep. L’ensemble me parait équilibré.
Quels ont été vos critères de recrutement ?
Je souhaitais amener de la technique, de la puissance et rééquilibrer le groupe car on avait un déficit athlétique par rapport à Lyon et Paris. Le recrutement a été ciblé là-dessus mais sans jamais oublier le critère technique. Nous avons aussi recruté des joueuses avec du tempérament ce qui est important quand on joue au MHSC.
Vous avez aussi incorporé au groupe pour la préparation 3 joueuses de l’équipe U19 (Launay, Uffren, Nicoli)…
Concernant Launay, Nicoli et Uffren, ce sont trois joueuses nées en 1997 qui étaient au club mais qui ne s'entraînaient pas avec nous puisqu'elles étaient toute la semaine à l’Insep. Le fait pour elles de côtoyer des joueuses plus aguerries au quotidien et plus performantes va les amener à hausser leurs exigences dans le travail et donc leur niveau. Elles vont sans doute avoir besoin d'un peu de temps pour intégrer l'équipe mais faire partie du groupe au quotidien va leur permettre de poursuivre leur travail de post-formation dans de bonnes conditions. Je compte sur elles dans l'avenir. Le MHSC est un club formateur qui donne sa chance aux jeunes en les intégrant dans le groupe D1. Après, c'est à elles d'aller chercher du temps de jeu et de saisir leur chance.
Vous avez également fait le choix d’incorporer les deux internationales U17 Cloé Bodain et Eymeline Laurent…
Tout à fait. La formation fait partie de l'ADN du club et on ne peut pas sortir une joueuse si, à un moment donné on ne lui fait pas goûter au haut niveau. Il ne faut pas trop être exigeant au départ mais il faut leur montrer un peu ce que c’est pour qu'elles saisissent la marche qui existe et le travail qu'il leur reste à accomplir pour aller jusqu'en D1 et leur donner la possibilité de rapidement pointer le bout de leur nez. J'ai estimé que Cloé et Emeline, malgré leur jeunesse puisqu’elles sont nées en 1998, méritaient de vivre cette préparation pour continuer de progresser.
Pour conclure, quel regard portez-vous sur le championnat dans son ensemble ?
Depuis mon arrivée dans le foot féminin il y a 3 ans, je constate que le championnat progresse d'année en année. Lyon a une certaine avance et reste évidemment le favori de ce championnat mais je suis convaincu qu'au fur et à mesure la concurrence va s'installer. Quoi qu’il en soit, nous ne devons pas avoir peur de Lyon ou de Paris mais seulement de nous-mêmes. Notre progression passera avant tout par l'investissement quotidien aux entraînements et la volonté d'aller plus loin. Je suis convaincu que ce groupe a les moyens de bien figurer cette saison.
