A bientôt 21 ans, le natif de Lunel, formé au MHSC, est un des plus solides espoirs du club montpelliérain. A l’aube de recevoir Troyes ce dimanche à La Mosson, il revient sur ses premiers pas dans le monde pro et l’attachement à son club.
Il y a des rituels immuables dans le foot, des traditions ancestrales dont même les réseaux sociaux et autres moyens de communication modernes n’auront pas la peau. Au premier rang d’entre eux figure la nécessité de chanter une chanson lors de sa première convocation dans le groupe pro. Pour Ellyes Skhiri, le choix s’est porté sur Formidable de Stromae, à la veille du match à Annecy face à Evian TG la saison passée « car je pensais que tout le monde la connaissait et allait chanter avec moi; mais ça ne s’est pas passé comme prévu », précise-t-il dans un grand éclat de rire.
Formidable, un mot qui colle bien pour décrire l’ascension d’Ellyes. Né à Lunel, il y a bientôt 21 ans, le jeune milieu de terrain a fait une grande partie de ses classes au Gallia où son père, ancien défenseur central, a longtemps évolué après avoir notamment porté le maillot de Béziers, alors en D2. « J’ai appris le foot en le suivant lors de ses déplacements, pendant les matchs, puis dans le jardin avec mon frère et les voisins. » se souvient-il.
Le talent d’Ellyes n’a pas tardé à franchir les frontières pescalunes. Rapidement repéré par le MHSC, il a rejoint le Domaine de Grammont à l’âge de 7 ans et y a effectué toutes ses classes jusqu’à l’équipe première. Une ascension à l’image du jeune homme : discrète, linéaire et sans fausse note. « J’ai commencé à un poste plus offensif, n°10 ou attaquant. Puis, en U16, le coach Frédéric Mendy, m’a dit qu’il me voyait bien en milieu défensif, étant donné mon gros volume de jeu et ma capacité à répéter les efforts. » Une position de prédilection qu’il a pourtant dû attendre avant de fréquenter en pro. Souvent aligné stoppeur avec la réserve, il a débuté en L1 en tant que défenseur latéral. Un poste où il a réussi à se faire remarquer. Entré en jeu une première fois contre Evian TG à Annecy le 21 mars 2015, c’est à Amiens face à Lens le 10 mai de la même année qu’il a connu sa première titularisation… avec une passe décisive à la clé sur le but de la victoire signé Anthony Mounier. « Un super souvenir… le jour de mon anniversaire en plus. »
Le milieu du terrain, cet admirateur de Sergio Busquets et Thiago Motta l’a retrouvé cette saison et est devenu l’une des révélations montpelliéraines. « J’aime bien me projeter vers l’avant, même si, lorsque je joue en sentinelle, je dois bien couvrir le milieu de terrain et aider la défense, mais ça me plait de participer au jeu offensif, explique-t-il au moment de décrire son style de jeu. Je pense être très généreux dans les efforts, j’essaie de récupérer le maximum de ballons. Je dois progresser dans mes prises d’informations. Je dois lire plus vite le jeu et essayer de relancer plus proprement. »
Aligné à 8 reprises depuis le début de la saison, le n°13 montpelliérain a déjà montré de belles qualités. L’occasion d’évoquer sa découverte de l’élite du football français. « La différence entre la CFA et la Ligue 1, c’est la qualité technique. En CFA, il y a moins d’espaces, beaucoup plus d’impact et de duels. En pro, il faut être très propre techniquement. »
Arrivé à la tête de l’équipe fin janvier, le coach pailladin Frédéric Hantz lui a donné beaucoup de temps de jeu, l’alignant notamment dans des matchs importants ou à fort enjeu que ce soit au Parc des Princes face au PSG (0-0) où dans la confrontation directe à Guingamp (2-2). « Le coach me fait confiance. Ça me permet de me libérer et j’en suis très content. Maintenant, je sais qu’il me reste encore du chemin à parcourir. J’ai beaucoup de choses à améliorer. »
Buteur pour la première fois de sa carrière en Ligue 1 à La Mosson en février lors de la venue de Lille. - « C’était vraiment un grand moment », avoue-t-il, Ellyes a remis le couvert la semaine passée en inscrivant le 2e but lors de la victoire du MHSC à Nantes d’un lob astucieux, qui n’est pas sans rappeller une certaine époque où il jouait à un poste plus offensif. « C’est plus un but d’instinct que d’attaquant, sourit-il. Avant le match on m’avait chargé d’être à la retombée sur les corners. Sur celui-ci, le ballon me revient, je vois le gardien à terre alors j’essaie de mettre un ballon lobé et ça rentre. En plus, ce but intervient du côté où étaient placés nos supporters. C’était important de le célébrer avec eux.» Un moment d’autant plus fort qu’il a été vécu avec son club formateur. « C’était une grande fierté. Le MHSC est mon club formateur et mon club de cœur. Je joue au MHSC depuis l’âge de 7 ans. J’ai grandi ici, j’y ai tout connu, toute ma formation, les débuts en professionnel... c’est ma maison, alors forcément ça rajoute encore plus d’émotion. Je suis vraiment content car je voulais réussir à Montpellier. Cela a toujours été un rêve et un objectif depuis que je suis arrivé au club de signer pro ici et de porter ce maillot-là. C’est chose faite désormais, mais ce n’est pas une fin en soi, je n’ai pas envie de m’arrêter là et essayer d’aller le plus haut possible. »
Aller le plus haut possible c’est d’abord se maintenir en Ligue 1. Un maintien qui passe bien évidemment par un succès ce soir contre Troyes. En habitué des tribunes de La Mosson qu’il fréquente en tant que spectateur depuis son plus jeune âge, Ellyes Skhiri sait qu’il faudra s’appuyer sur une bonne dose d’esprit Paillade pour remporter cette rencontre ô combien importante face aux Aubois. « On doit avoir l’esprit combatif, il faudra être solide et agressif à domicile. On doit puiser dans nos gènes pailladins. Il faut avoir cette mentalité de guerrier. Je tiens aussi à remercier les supporters pour leur soutien. On a besoin de toutes nos forces, et ils en font partie.»
Une chose est sûre, face à un adversaire déjà condamné à la Ligue 2, hors de question pour le jeune milieu de terrain défensif du MHSC de tomber dans une éventuelle facilité. « Les 3 points ramenés de Nantes sont très importants et nous permettent de respirer un peu mieux, mais ça ne doit rien changer par rapport à notre façon d’aborder le match de Troyes. Il faut continuer dans cette voie. On n’a pas le droit de se relâcher. Les Troyens sont déjà relégués, tout le monde pense qu’on va gagner facilement, mais je pense que ce sera l’un des matchs les plus difficiles à aborder. Dans notre esprit, il ne faut surtout pas partir vainqueur avant le match. Nos adversaires vont jouer libérés. » Un match important au sein d’une saison dont Ellyes reconnait « qu’elle est plus difficile que prévue. On s’est compliqué la tâche avec notre début de saison, avec zéro victoire en 7 matchs. Désormais, il nous reste 4 matchs, à nous de tout donner pour arracher ce maintien le plus rapidement possible. » Et lorsqu’on lui demande d’évoquer comment il voit sa progression dans un avenir proche, là encore, le jeune milieu montpelliérain fait passer le collectif avant son cas personnel. « Le maintien est primordial pour le club. Tant que nous ne l’avons pas, c’est difficile de penser à l’avenir. Il faut être sûrs de nos forces, et tout mettre en œuvre pour y arriver. » Un maintien qu’il fêtera à n’en pas douter avec ses coéquipiers … Alors on danse, ce serait pas mal comme clap de fin de saison non ? Décidément, Stromae n’est jamais très loin…
