PORTRAIT - L1
Formé au club, Bryan Dabo fait partie des révélations de la saison héraultaise. Longtemps considéré comme un éternel espoir, il semble enfin confirmer les espoirs placés en lui. Rencontre avec un joueur au talent indéniable qui gagne à être connu.
On l’avait un peu perdu de vue… A regrets il faut bien le dire. Apparu à 16 reprises sous le maillot pailladin il y a 2 ans, Bryan Dabo avait laissé entrevoir de belles qualités et des lendemains qui chantent… Mais depuis, le natif de Marseille avait quelque peu disparu des écrans radars… Jusqu’à ce fameux soir du 6 décembre dernier. Propulsé titulaire à Rennes par Rolland Courbis, Bryan s’est refait un nom et une place de choix au sein de l’effectif montpelliérain. Devenu depuis titulaire à part entière, il semble enfin confirmer les espoirs placés en lui. Une sorte de renaissance qui méritait bien qu’on s’y attarde.
Né aux Flamands, dans les quartiers nord de Marseille, Bryan a grandi à Saint Charles près de la gare phocéenne. De son père physicien et de sa mère esthéticienne, il a hérité d’un goût certain pour les études… et les découvertes. « J’étais un peu touche-à-tout, sourit-il. J’ai fait du foot, du karaté, du basket, les cours étaient très présents aussi. C’était vraiment quelque chose d’important pour ma famille et pour moi. Après, vers 12 ans il a fallu faire un choix et j’ai choisi le foot. »
Après avoir joué au Burel, un club marseillais où sont notamment passés Djamel Bakar, Adrien Coulomb ou Teddy Mézague, Bryan Dabo a rejoint le MHSC à l’âge de 15 ans. « J’avais un très bon feeling avec Serge Delmas, le directeur du centre de formation à l’époque, se souvient Bryan. Il savait que l’école et le côté humain étaient très importants pour moi et ma famille et il a tout fait pour que je vienne. »
Doué, Bryan côtoie plusieurs membres de la génération 1990 (pourtant de 2 ans ses aînés) en CFA, avant que sa carrière ne connaisse un gros coup d’accélérateur le 15 mai 2010 lorsque René Girard le lance à 17 ans avec les pros au Parc des Princes. S’en suivent deux années en CFA2 puis 16 matchs disputés avec les pros en 2012-2013… L’ascension promet alors d’être belle mais se trouve soudainement ralentie. « J’étais sur une bonne lancée. Malheureusement, en début de saison passée, Jean Fernandez ne m’a pas accordé sa confiance. Cette période a été très dure mais ça m’a permis de me forger en tant qu’homme. Ma famille m’a beaucoup aidé. » Prêté à Blackburn (D2 anglaise) durant la 2e partie de saison passée - « La période avec Jean Fernandez avait été très difficile à vivre pour moi. J’avais besoin de souffler, de tenter ma chance ailleurs, même si j’étais toujours très attaché au club, j’ai beaucoup appris là-bas » - Bryan Dabo est revenu cet été au MHSC avec la ferme intention de s’y faire enfin une place sur la durée. « J’ai compris qu’aller jouer en CFA n’était pas une sanction et qu’il fallait que je me serve de ça pour montrer que je méritais d’aller plus haut, explique-t-il. C’était à moi de faire les efforts. À un moment donné j’ai eu un déclic. J’ai compris qu’il ne fallait pas que je me dise « Les autres doivent me comprendre » mais que c’était à moi de comprendre où je voulais être. Le coach Rolland Courbis a également été très clair avec moi. Il a su me motiver, me remettre en confiance… Il m’a dit que j’aurai ma chance et il me l’a donnée. »
Celle-ci est donc arrivée à Rennes début novembre où il a été titularisé au poste d’arrière droit… Mais là aussi, si beaucoup d’observateurs ont été surpris, Bryan, lui ne l’a pas franchement été « En début de championnat, le coach m’a lancé un défi. Il m’a expliqué qu’il y avait beaucoup de concurrence au milieu et qu’on allait tenter un pari ensemble en me formant au poste de défenseur car, pour lui, j’avais les qualités pour jouer à ce poste, tout en évoquant la possibilité de m’utiliser aussi en tant que latéral. Il a été très franc avec moi. J’ai beaucoup apprécié. Je suis passé défenseur central en CFA, ça s’est relativement bien passé. Certains m’ont dit que ce repositionnement à un poste qui n’est pas le mien était un cadeau empoisonné, mais, pour moi, au contraire c’était un défi et un bonheur d’avoir ma chance. Le coach savait que c’était dans mes cordes et on s’y était préparé. Ce n’était pas fait comme ça, sans réfléchir. »
Un coup d’essai qui a fort ressemblé à un coup de maître. Depuis, le n°14 montpelliérain enchaîne les bonnes performances avec, en prime, 2 buts, 2 passes décisives et 2 penalties obtenus. Un bilan plus que satisfaisant… Mais Bryan Dabo ne compte pas s’arrêter là. « J’ai vécu des moments très difficiles et je suis vraiment fier d’en être là aujourd’hui, mais je sais que je dois encore progresser et beaucoup travailler. Je suis satisfait mais je sais que je peux et que je dois encore faire mieux. » Une sorte de reconnaissance tardive pour ce mélomane qui joue notamment du piano et de la guitare… Mais l’intéressé ne préfère ne retenir que le positif. « Si je n’avais pas joué en pro à l’âge de 17 ans, on ne parlerait pas d’éclosion tardive, mais vu que j’ai débuté très tôt, on a cette impression-là. Ça reste relatif, rectifie-t-il. Maintenant que j’ai eu ma chance c’est à moi de confirmer. J’ai peut-être perdu un peu de temps, c’est vrai, mais je peux le rattraper. Quand tu joues peu, tu as toujours « le couteau sous la gorge », la moindre minute de jeu que tu as, tu dois en profiter pour te montrer. Quand tu joues plus souvent tu abordes les matchs d’une autre façon », ajoute-t-il « Le coach le staff, mes coéquipiers et les gens du club me poussent beaucoup et ça fait vraiment du bien de sentir cette confiance. Je me sens plus libéré. Je dois rester sur cette lancée et être régulier. »
Joueur polyvalent, capable de jouer en défense centrale, sur un côté ou en milieu de terrain (son poste de formation), - « J’essaie d’être performant sur ces trois postes, de donner le maximum. C’est à moi de garder ce niveau d’intensité et de ne pas me relâcher » - Bryan Dabo devrait être à nouveau dans le groupe dimanche face à Caen pour aider l’équipe montpelliéraine, auteure d’une très belle saison, à poursuivre sa progression. « Je pense qu’on surprend beaucoup de monde. On a vraiment senti une grosse progression collective depuis l’ouverture du championnat. Le groupe est jeune avec une bonne ossature, des cadres expérimentés mais on sent aussi qu’il y a une grosse marge de progression. C’est très intéressant pour l’avenir, souligne Bryan. Le travail qui a été réalisé est vraiment de qualité. On produit du jeu, on a un bon nombre de points et de nombreux joueurs de l’effectif ont franchi un palier. L’ambiance est également très bonne au sein du groupe. On discute beaucoup entre nous, on se dit les choses et on ne se rejette pas la faute les uns sur les autres. Je prends beaucoup de plaisir dans cette équipe. ». Pourvu que ça continue… Car voir un enfant de la formation montpelliéraine renaître ainsi fait vraiment plaisir. « J’ai envie de continuer sur cette lancée, conclut-il. Je suis très attaché au club et j’ai envie de prouver et de laisser une trace positive ici. » Pour le plus grand bonheur du MHSC.
