Formé au club, Bryan, Dabo fait partie des révélations de la saison héraultaise. Longtemps considéré comme un éternel espoir, il semble enfin confirmer les espoirs placés en lui. Rencontre avec un joueur au talent indéniable qui gagne à être connu.
Entretien - L1
Bryan. Avec 15 matchs, 2 buts et 2 passes décisives au compteur, tu réalises une belle saison…
Vu d'où je partais en début d’exercice, je pense que ma saison est réussie, en effet. On attendait que je montre enfin ma valeur et je pense que c'est ce que je suis en train de faire. J'ai vécu des moments très difficiles et je suis vraiment fier d'en être là aujourd'hui même si je sais que je dois encore progresser et beaucoup travailler. Je suis satisfait mais je sais que je peux et que je dois encore faire mieux
Revenons sur ton parcours. Longtemps considéré comme un des solides espoirs du club, tu avais débuté ta carrière pro à 17 ans au Parc des Princes, et puis….
J’ai fait mon premier match pro en 2010 au Parc des Princes en effet. Ensuite, j’ai poursuivi ma progression en CFA2, puis René Girard m'a lancé véritablement en L1 lors de la saison 2012-2013 où j’ai disputé 16 matchs… J'étais sur une très bonne lancée, malheureusement, en début de saison passée, le coach Jean Fernandez ne m'a pas accordé sa confiance. Cette période a été très dure pour moi mais ça m’a permis de me forger en tant qu'homme. Je me suis dit que je devais redoubler d'efforts pour enfin avoir ma chance et elle a fini par arriver. Ma famille m'a beaucoup aidé. Dès que Rolland Courbis est arrivé, il a été très clair avec moi. Il a su me motiver, me remettre en confiance… et il m'a dit que j'aurais ma chance et il me l'a donnée.
Quel a été le discours du coach justement ?
En début de championnat, il m'a lancé un défi. Il m'a expliqué qu'il y avait beaucoup de concurrence au milieu et qu’on allait tenter un pari ensemble en me formant au poste de défenseur car, pour lui, j’avais les qualités pour jouer à ce poste. Il a été très franc avec moi. J’ai beaucoup apprécié. Je suis passé défenseur central en CFA, ça s'est relativement bien passé.
C’est pourtant au poste de latéral droit que tu as fait ton 1er match avec les pros cette saison, à Rennes (victoire 4-0 le 6 décembre)…
Oui, mais dès le début, quand nous avons évoqué mon repositionnement défense, le coach m’a parlé de la possibilité de jouer en défense centrale mais aussi au poste de latéral droit. Je n'étais donc pas totalement surpris. Certains m'ont même dit que ce repositionnement à un poste qui n’est pas le mien était un cadeau empoisonné, mais, pour moi, au contraire c'était un défi et un bonheur d'avoir ma chance. Le coach savait que c'était dans mes cordes et on s'y était préparés. Ce n'était pas fait comme ça, sans réfléchir…
Comment as-tu abordé cette rencontre en Bretagne ?
Je n'étais pas forcément stressé. Je m'étais bien préparé durant la semaine aux entraînements, j'ai beaucoup écouté les consignes du coach et, auprès de moi j'avais quelqu'un comme Victo Hilton qui m'a beaucoup parlé tout au long du match. Ça m'a bien aidé.
Comment vis-tu cette éclosion tardive en quelque sorte ?
Si je n'avais pas joué en pro à l’âge de 17 ans, on ne parlerait pas d’éclosion tardive, mais vu que j'ai débuté très tôt, on a cette impression-là. Ça reste relatif. Maintenant que j'ai eu ma chance c'est à moi de confirmer. J'ai peut-être perdu un peu de temps, c'est vrai, mais je peux le rattraper et je pense que je suis en train de faire. Quand tu joues peu, tu as toujours « le couteau sous la gorge », la moindre minute de jeu que tu as, tu dois en profiter pour te montrer. Quand tu joues plus souvent tu abordes les matchs d’une autre façon : les gens ont vu de quoi tu étais capable et ta seule pression c'est de confirmer. Rien n'est acquis c'est certain, il faut toujours rester concentré mais c'est vrai que c'est très appréciable. Le coach le staff, mes coéquipiers et les gens du club me poussent beaucoup et ça fait vraiment du bien de sentir cette confiance. Je me sens plus libéré. Je dois rester sur cette lancée et être régulier.
As-tu eu un déclic ?
J'ai compris que la CFA n'était pas une sanction et qu'il fallait que je me serve de ça pour montrer que je méritais d'aller plus haut. C'était à moi de faire les efforts. À un moment donné j'ai compris qu'il ne fallait pas que je me dise : « c'est les autres qui doivent me comprendre » mais plutôt que c’était moi qui devait comprendre où je voulais être.
Tu as aussi été décisif avec 2 passes décisives et 2 buts…
Le premier but contre Lille est forcément particulier, justement parce que c'est le premier, en plus à domicile, mais vu le résultat, il est anecdotique. Même si ma passe décisive contre Lyon était marquante, si je devais choisir, ce qui m'a fait le plus plaisir c'est ma passe décisive contre Metz pour le but de Lucas Barrios car elle permet à « Lucky » de se retrouver seul devant le gardien. Après, j'ai beaucoup aimé le but que j'ai inscrit contre Nice…
Quel regard portes-tu sur la saison de l'équipe ?
Je pense qu'on surprend beaucoup de monde. On a eu des débuts un peu flous avec des départs, des joueurs qui sont revenus de prêts… Il a fallu beaucoup composer avec pas mal d’éléments mais le travail qui a été réalisé est vraiment de qualité. On produit du jeu, on a un bon nombre de points et de nombreux joueurs de l'effectif ont franchi un palier… On a vraiment senti une grosse progression collective depuis l'ouverture championnat. Le groupe est jeune avec une bonne ossature, des cadres expérimentés mais on sent aussi qu’il y a une grosse marge de progression. C’est très intéressant pour l’avenir. L’ambiance est également très bonne au sein du groupe. On discute beaucoup entre nous, on se dit les choses et on ne se rejette pas la faute les uns sur les autres. Je prends beaucoup de plaisir dans cette équipe.
Un mot sur la défaite face à Evian la semaine passée…
C'est un match à l'issue duquel on doit ramener un résultat positif… Si ce n'est le gagner au moins ne pas le perdre. C’est rageant de prendre ce but dans les dernières minutes. Ça été difficile à accepter, mais désormais, il faut se concentrer sur le match de Bastia, samedi prochain à La Mosson.
Comment abordes-tu cette rencontre justement ?
Bastia est un match particulier pour moi car je vais retrouver Ghislain Printant qui est un coach m'a beaucoup apporté. Sur le plan collectif, l’objectif sera évidemment de gagner et d'effacer la déception du match d'Évian.
Cette semaine marque aussi les festivités du 40ème anniversaire du club…
Oui. C’est forcément particulier. Je suis arrivé au club à l’âge de 15 ans, j’y suis très attaché et voir que Montpellier à 40 ans ça fait vraiment plaisir. C'est un club jeune mais quand on voit tout le travail accompli par la famille Nicollin et les personnes qui l’entourent, c'est vraiment impressionnant. Être champion de France, gagner la Coupe de France jouer la Coupe d’Europe, avoir un centre de formation qui a sorti beaucoup de grands joueurs…. Réussir à faire tout ça en en aussi peu de temps c'est impressionnant.
Pour conclure, comment vois-tu l’avenir ?
J'ai vraiment envie de continuer sur cette lancée. Comme je l’ai dit précédemment, je suis très attaché au club et j'ai envie de prouver et de laisser une trace positive ici.
