Dona Scannapieco, jeune avant-centre à l’ancienne

Seule Montpelliéraine appelée en Equipe de France pour disputer l’Euro U19 qui débute ce mardi 18 juillet contre la République Tchèque (17h30), la jeune attaquante du MHSC possède un profil aussi atypique que précieux, dont elle a su faire une force. Rencontre. 

A l’heure où les standards des attaquant(e)s modernes placent la vitesse comme l’une des qualités principales, Dona Scannapieco a choisi (ou pas d’ailleurs), de s’en démarquer. Sans mauvais jeu de mots, son truc à elle, c’est l’art du démarquage justement, le jeu en pivot et surtout un sens du but hors-pair qui lui permet d’être toujours au bon endroit, au bon moment, pour pousser un ballon au fond des filets. Ajoutez-y une bonne dose de ‘’Grinta’’ et vous obtenez un profil qui fleure plus les années 1990-2000 des Klinsmann, Völler, Shearer ou Vieri que les dévoreurs d’espaces actuels que sont Mbappé ou Katoto. Qu’importe, ce côté ‘’avant-centre à l’ancienne’’, Dona Scannapieco a su en faire une force, ce qui lui a permis de s’affirmer au MHSC comme en équipe de France U19, avec laquelle elle débute le championnat d’Europe ce mardi en Belgique contre la République Tchèque. « On m’a souvent évoqué ce côté ‘’vintage’’, car généralement les attaquantes actuelles vont très vite et prennent la profondeur. J’ai un registre différent mais je pense qu’il faut de tout dans une équipe, sourit Dona. C’est pas mal d’associer des attaquantes qui vont vite et des joueuses comme moi pour caler les ballons et libérer des espaces. »

Ce registre particulier, la Sétoise de naissance l’a développé à Agde où elle a grandi et fait toutes ses classes ballon au pied avec les garçons jusqu’en U16. C’est alors que Dona Scannapieco a intégré le Pôle Espoirs de Blagnac, en même temps qu’elle a rejoint la section féminine du MHSC : « Depuis toute petite, j’avais toujours un ballon dans les pieds. Je faisais de la danse, ma mère préférait ça, mais je voyais tout le temps mon père aller au stade et j’avais envie de le suivre, se souvient Dona. Quand l’opportunité d’intégrer le Pole Espoirs de Blagnac s’est présentée, je n’ai pas hésité. J’ai passé toutes mes années lycée là-bas et c’était une bonne expérience. Si c’était à refaire, je le referai. » Intégrée dès le début de cette période au MHSC avec lequel elle disputait les matchs le week-end, cette admiratrice de Cristiano Ronaldo, André-Pierre Gignac et Delphine Cascarino y a rapidement fait sa place et continue depuis à y enchainer les buts saison après saison. Meilleure buteuse des U19 pailladines lors des deux derniers exercices (meilleure buteuse de la phase excellence la saison passée avec 11 buts en 9 matchs avant d’enchaîner par 13 buts en 10 matchs cette saison), son duo avec Lola Gstalter (d’un an sa cadette), a notamment fait des étincelles : « Lola est arrivée au club il y a deux ans, pendant que j’étais en Pôle et ce n’est que lors de cette saison que nous avons réellement appris à nous connaitre en s’entraînant ensemble au quotidien, explique Dona. Nous sommes devenues de très bonnes amies, on s’entraide beaucoup sur et en dehors du terrain et nous sommes aussi très complémentaires dans le jeu. On arrive à se trouver très facilement. » On en revient encore à son fameux style de jeu : « J’aime bien jouer en appui-remise, créer des espaces pour les attaquantes qui vont plus vite ou pour la n°10 par exemple, comme c’est le cas pour Lola. »

Les deux joueuses ont d’ailleurs découvert l’élite cette saison, prenant part à 3 rencontres chacune avec l’équipe de D1 Arkéma : « C’est totalement différent. Le jeu va plus vite en D1 et ça aide forcément quand on revient en U19, souligne-Dona. Il faut voir plus vite, anticiper, être plus forte dans les duels et sur les appuis.... A cette dimension sportive s’ajoute aussi la dimension affective. Porter le maillot du MHSC en équipe fanion comme chez les jeunes, c’est une immense fierté. C’est le club phare de la Région et quand j’étais à Agde, j’ai vu plusieurs de mes équipiers garçons partir évoluer au sein du club pailladin. Ça me donnait envie et aujourd’hui, je suis fière d’en porter les couleurs. » Apparue pour la première fois contre Reims le 14 janvier dernier, Dona Scannapiecco a vécu une saison très enrichissante entre découverte des entraînements quotidiens avec la D1, premiers pas en pros et vie étudiante. Elle a aussi vécu une saison entre l’équipe fanion et les U19 du MHSC, où elle avait un rôle clé et a même porté le brassard de capitaine à plusieurs reprises. « C’était une saison double, mais avec deux rôles complémentaires, explique-t-elle. Quand on arrive dans un groupe de D1, on est un peu effacé par rapport aux plus anciennes, même si j’ai été très bien accueillie. En U19, j’ai essayé de prendre mes responsabilités car j’avais plus un rôle de leader. Ça m’a aidée à être un peu plus extravertie sur le terrain. »

La dernière découverte de Dona cette saison aura été celle du maillot bleu de l’Equipe de France. Jamais appelée en sélection tricolore, elle a fait ses premiers pas avec les Bleuettes de l’équipe de France U19 lors de la Sud Laidies Cup en mai dernier : « Je ne m’y attendais pas du tout, même si j’avais cet objectif dans un coin de ma tête, avoue-t-elle. Le fait que ça se concrétise m’a fait extrêmement plaisir. C’est une récompense du travail fourni au quotidien, mais c’est surtout une émotion incroyable. Je ne pouvais pas rêver mieux. Chanter la Marseillaise, représenter mon pays, c’est indescriptible. »

Buteuse dès sa première sélection face au Panama, cette fille dynamique qui aime « passer du temps en famille et entre amis, et regarder des matchs de foot » n’a pas tardé à trouver ses marques en Bleu et s’est ainsi ouvert les portes de l’Euro qui débute aujourd’hui : « Ce but est arrivé très tôt dans la compétition et ça m’a délivrée en quelque sorte. Quand on est attaquante, marquer te permet de gagner en confiance, assure Dona. Pour ce qui est de l’Euro en lui-même, je suis vraiment très heureuse d’y participer. La première fois que j’ai regardé cette compétition à la télé, c’est quand Maëlle Lakrar l’a gagnée (en 2019 NDLR) et aujourd’hui j’ai la chance d’y participer. C’est un bonheur, une fierté de représenter mon club, ma famille et bien sûr mon pays. Je vais tout faire pour apporter un maximum à l’équipe. »

Une équipe que la jeune attaquante montpelliéraine décrit de la façon suivante : « le groupe a de grosses qualités techniques et beaucoup de profils différents, à la fois sur le plan technique et athlétique. Je pense que nous avons une belle carte à jouer dans cette compétition. » Quant aux adversaires des Tricolores au 1^er tour (Islande, République tchèque et Espagne), Dona estime « qu’il ne faut sous-estimer personne et jouer les matchs à fond car c’est ce qui nous permettra d’aller le plus loin possible. » Avec son sens du but, sa faculté faire briller les autres autour d’elle et bien sûr sa grinta, Dona à tout pour aider l’équipe de France… Parce que son profil est aussi rare que précieux.