Appelé pour la première fois sous les couleurs de la République Démocratique du Congo il y a quelques semaines, le gardien montpelliérain (25 ans), s’apprête à disputer sa première Coupe d’Afrique des Nations. Une échéance qu’il attend avec bonheur
Comment es-tu venu à défendre les couleurs de la République Démocratique du Congo ?
Il y a 2 ans, l'ancien staff technique de la RDC m'avait contacté pour venir mais je trouvais que ce n’était pas le bon moment parce que j'avais des échéances avec le club et je voulais attendre et être sûr de ma décision. Aujourd’hui en revanche, ça m’a semblé être le cas donc j'ai dit à mes agents de voir s'ils étaient intéressés que je vienne et ça s’est fait comme ça. J'ai eu le sélectionneur (Sébastien Desabre NDLR) au téléphone, tout s’est bien passé et j’y suis allé.
Quels sont tes liens avec la RDC ?
Mon grand-père maternel est né au Congo. Il est venu en France où il a rencontré ma grand-mère. Ils ont eu ma mère ensemble et, ensuite mon grand-père est rentré au Congo quand ma mère avait 8 ans et il est décédé là-bas, du coup, je ne l'ai pas connu.
Ça fait quoi de représenter une autre nation après avoir porté le maillot de l'équipe de France espoirs ?
Je le vis très bien et je suis très fier de ça. Bien sûr, je suis Français mais avec des origines congolaises, donc je suis très fier et très content de représenter mon côté ‘’maternel’’. Ma mère est très fière et très contente pour moi. La décision n’a pas été difficile à prendre, d’autant que mon père a tout de suite été très ouvert sur le sujet. Quoi qu’il en soit, c'était vraiment mon choix.
Que ressens-tu à l’idée de disputer ta première coupe d’Afrique des Nations ?
C’est d’abord une grande fierté. Ce n’est que du positif et du plaisir même si je reste compétiteur et qu’il y a évidemment quelque chose de beau à aller chercher sportivement. C’est une compétition que j’ai toujours suivie avec mes amis et la jouer dans un pays comme la Côte d’Ivoire qui est également un grand pays de football, ça fait vraiment plaisir. Ça va être sympa. On m’a souvent évoqué la ferveur qu’il y a autour de la compétition et ce que les peuples africains amènent autour de leur équipe. Je l’ai moi-même ressenti quand je suis allé au Congo pour disputer mon premier match avec la sélection. Tout le pays est vraiment très attentif aux résultats de la sélection. Ça fait forcément un peu bizarre parce que j’ai toujours été avec les équipes sélection de jeunes en France étant jeune mais jouer la CAN, c’est autre chose, ça permet de voyager, de vivre une autre expérience humaine et j’en suis vraiment très heureux
Quels souvenirs gardes-tu de tes premières sélections en équipe nationale de la RDC ?
J’ai vraiment été très bien accueilli et très bien intégré. Mes coéquipiers m’ont mis à l’aise et ont tout fait pour me mettre dans de bonnes conditions. Je l’ai ressenti dès mon premier stage en Espagne avec l’équipe. L’ambiance était super. Tout s’est très bien passé. Mon premier match s’est également bien déroulé. Nous étions au Portugal et les conditions au niveau du terrain étaient assez difficiles mais nous avons réussi à tenir le 0-0 contre l’Angola. C’était très positif pour moi de ne pas prendre de but pour ma première apparition dans les cages de la RDC. J’y suis ensuite retourné pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026 où j’ai été remplaçant les deux fois ; lors du premier match au Congo contre la Mauritanie (victoire 2-0 de la RDC) et une défaite en Libye contre le Soudan (1-0).
Quels souvenirs gardes-tu de ces premiers matchs de compétition dans le cadre des éliminatoires de la coupe du monde ?
Déjà, c’était la première fois que je jouais au Congo puisque les deux premiers matchs auxquels j’avais participé lors du premier rassemblement étaient en Espagne et au Portugal. J’ai vraiment ressenti cette ferveur dont je vous parlais précedemment. Je trouvais ça vraiment énorme. Dès qu’ils voyaient notre bus, on sentait vraiment que les gens étaient là pour nous supporter. Même au stade, ils n’ont pas arrêté de chanter. Nous avons également fait un tour de terrain pour les applaudir et les remercier. Pendant le match, il y avait vraiment une ambiance de fou au stade des martyrs (à Kinshasa) qui est l’une des plus grandes enceintes footballistiques d’Afrique.
Comment décrirais-tu cette équipe de la RDC ?
Il y a beaucoup de joueurs qui sont passés par la Ligue 1 ou qui y sont encore comme le Marseillais Mbemba ou l’ancien joueur de l’OM et de Sochaux Cédric Bakambu. Il y a aussi Kakuta (Amiens), Moutoussamy (Nantes), Kalulu (Lorient)… C’est une équipe sérieuse, disciplinée, avec beaucoup d’envie et un bon niveau technique. Pour moi, avec les joueurs qui la composent, cette nation a vraiment un coup à jouer dans cette Coupe d’Afrique. Notre sélectionneur, Sébastien Desabre, est français mais il connaît très bien le football africain. Il est également passé par Niort en Ligue 2. On sent que c’est un coach qui sait de quoi il parle et qui donne beaucoup d’envie à tout le groupe. Sur le plan du jeu, nous essayons de jouer la possession mais en Afrique, ce sont souvent des matchs fermés. Tu as la possession parce que l’équipe en face joue bloc bas et évolue en contre. L’équipe qui a le ballon a souvent très peu d’espace et il faut vraiment trouver la bonne passe pour ouvrir les brèches. Les matchs se jouent beaucoup au milieu de terrain, avec de nombreux duels. J’ai notamment vu quelques contacts vraiment rudes contre la Mauritanie mais surtout contre le Soudan lors de ma participation aux éliminatoires de la Coupe du Monde. Malgré ce, nous sommes quand même une équipe joueuse.
Quelle est ta place dans cette sélection ?
Je suis gardien numéro 2 pour l'instant dans la hiérarchie car Mpasi (le gardien de Rodez, en Ligue 2 NDLR) a un temps de jeu en club que je n'ai pas. Après c'est à moi d'y aller et de faire les meilleures performances possibles à chaque fois que j’y vais pour essayer d'avoir une chance de jouer. Quoi qu’il en soit, on s’entend très bien, on se tire vers le haut. Nous sommes là pour un collectif, pour un pays, donc le côté individuel passe après.
Quel regard portes-tu sur vos adversaires au premier tour, le Maroc, la Tanzanie et la Zambie ?
C’est un groupe difficile. On ne présente plus le Maroc qui a réalisé une très belle dernière phase finale de Coupe du monde. On connaît les qualités de chaque joueur qui compose cette équipe. La Zambie est aussi une belle nation du football africain. Ils avaient d’ailleurs gagné la Coupe d’Afrique il y a quelques années sous les ordres d’Hervé Renard. Quant à la Tanzanie, je connais beaucoup moins cette équipe je vais apprendre à le découvrir avec ce que nous en dira le staff.
Un mot sur le Mali le Cameroun et la Guinée de tes coéquipiers au MHSC Kiki Kouyaté, Falaye Sacko, Enzo Tchato et Issiaga Sylla…
Ils évoluent également dans de très grandes nations du football africain. J’espère que nous pourrons nous rencontrer au cours de cette compétition et surtout que nous pourrons les battre… évidemment le plus tard sera le mieux car ça voudra dire que chacun d’entre nous est allé le plus loin possible.
Quels sont tes objectifs personnels et collectifs dans cette compétition ?
À titre personnel je dirai bien travailler et faire en sorte que le groupe vive bien et qu’on travaille bien ensemble afin que nous puissions aller le plus loin possible dans cette aventure.
Qui sont, selon toi, les favoris de cette compétition ?
Je dirai le Maroc, la Côte d’Ivoire qui évoluera à domicile avec l’appui du public et nous, la RDC (sourire). Je suis très heureux de représenter aussi le MHSC dans une sélection africaine comme je l’étais lorsque je portais le maillot de l’équipe de France Espoirs. C’est vraiment une fierté pour moi de porter ce maillot aujourd’hui. Je prends beaucoup de plaisir à me rendre en sélection. Je souhaite une très bonne Coupe d’Afrique à mes coéquipiers en clubs qui vont la disputer. J’ai aussi une pensée pour mes coéquipiers qui vont rester ici pour essayer de ramener un maximum de points au MHSC. Je sais qu’ils ne vont rien lâcher et nous aider à continuer à grappiller des points pour, je l’espère, repartir sur une bonne dynamique après les fêtes, que ce soit en championnat mais aussi en coupe de France. L’iPad va être dans ma valise pour nous aider à suivre ça !
