Arrivée cet été dans l’Hérault, la nouvelle ailière gauche du MHSC possède un parcours riche et passionnant doublé d’une personnalité aussi affirmée qu’attachante. Rencontre à l’heure de recevoir le PSG ce dimanche à Grammont (14h, 18e journée de D1)
Dans une autre vie, Katrine Veje, qui a effectué des études dans les médias et la communication, aurait sans doute pu écrire cet article. Mais son talent balle au pied était si grand, qu’il était sans doute préférable qu’elle écrive ses exploits sur le terrain à la pointe de ses crampons plutôt que de relater ceux des autres. Il eut été dommage en effet que l’internationale danoise n’effectue pas ce choix tant sa carrière est riche et agréable à raconter. Et puis, la communication, c’est toujours son truc car elle fait brillamment le lien entre le milieu et l’attaque montpelliéraine depuis son aile gauche, ce qui en fait un atout majeur des Pailladines qui reçoivent le PSG ce dimanche (14h) dans le cadre de la 18e journée de D1.
A l’heure de dérouler le fil de sa carrière, la native de Fredericia, petite ville du centre du Danemark et qui a grandi à Middelfart, à 5 minutes de là, révèle que le foot n’a jamais été très loin. « J’ai commencé à 4 ans avec les garçons où j’ai notamment joué avec Christian Eriksen, l’actuel milieu de terrain de Tottenham. Il était très sympa c’était très facile de parler avec lui. A l’époque, il était déjà très fort. Je l’ai sentie bien avant qu’il rejoigne l’Ajax d’Amsterdam, puis désormais l’Angleterre ». Partie du club de Middelfart à 16 ans, cette fille d’un père officier de police et dont la mère travaille dans un hôpital a ensuite rejoint le club de Vejle pour jouer avec les filles où elle a évolué jusqu’en U19 avant de partir à Odense où elle a débuté en D1. La suite de son parcours la mena au club suédois de Rosengård qu’elle a rejoint en 2011 ; un sacré pari de partir à l’étranger alors qu’elle n’avait que 20 ans. « J’avais déjà discuté avec les dirigeants de ce club avant d’aller à Odense, c’était en 2007 mais mon père m’a dit qu’il valait mieux que je fasse des études avant de me consacrer uniquement au foot, explique la n°11 montpelliéraine. J’ai de la famille et des amis à Copenhague qui n’est qu’à 20 minutes en train de Malmö où se situe le club de Rosengård, donc, c’était facile pour moi de m’adapter car en cas de coup de blues, c’était rapide de les retrouver. C’était aussi la première fois que je vivais seule en appartement. C’était assez difficile au début parce que j’étais très jeune mais c’était une belle expérience. J’ai beaucoup aimé le club, la ville et la Suède en général aussi. »
Cependant, en 2013, elle a éprouvé le besoin de faire un break. « J’avais besoin de faire une pause, de voir autre chose, alors j’ai repris mes études. A l’époque, je jouais en club en U17 et en U19 et j’ai intégré la sélection A danoise à l’âge de 18 ans, c’était foot, foot, foot tout le temps et ce n’était pas évident. » Après deux mois loin des terrains, le coach de Brøndby (Danemark) lui a proposé de rechausser les crampons. « J’ai retrouvé le gout du ballon rond et je me suis éclatée là-bas que ce soit au niveau de l’ambiance dans l’équipe que du jeu mis en place par le coach. » Un épisode qui l’a revigorée et l’a poussée ensuite à faire le grand saut pour rejoindre le Seattle Reign FC, pensionnaire du prestigieux championnat nord-américain. « C’était fantastique, raconte-t-elle. En plus, plutôt que de vivre seule, j’avais fait le choix d’aller dans une famille d’accueil pour mieux découvrir la culture locale. Ils étaient super sympas et avaient de beaux enfants, c’était une très bonne période humainement et sportivement. On avait une très belle équipe, un bon entraîneur et j’ai beaucoup aimé cette aventure. »
S’en sont suivies deux nouvelles saisons pleines à Brøndby avant de rallier le MHSC cet été. Un choix que cette ailière gauche aux qualités de centre et de percussions dévastatrices explique de la manière suivante. « J’avais vraiment envie d’une nouvelle aventure à l’étranger. Retourner aux USA était trop compliqué en raison de la distance des voyages du fait que je voulais jouer avec la sélection, alors j’ai cherché quelque chose de nouveau qui ne soit pas très loin de ma famille. L’opportunité d’aller à Montpellier s’est présentée, j’ai eu un bon feeling avec le staff et les dirigeants et ma venue s’est concrétisée, poursuit-elle. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix. Le club est très professionnel, les filles du groupe sont vraiment très sympas avec moi, il y a tout ici pour bien travailler et je m’y sens très bien. J’aime aussi beaucoup la ville. Le temps y est magnifique, toujours ensoleillé ici. » L’occasion d’évoquer sa personnalité hors du terrain. « Je suis quelqu’un de très sociable même si c’est un peu difficile pour moi car je ne parle pas encore français. Pour l’instant, je communique beaucoup avec Janice (Cayman), Casey (Murphy) et nos 3 Suédoises mais mon français va s’améliorer. J’ai toujours aimé étudier, comme c’était le cas en médias et communication lorsque je jouais à Brøndby. En dehors de cela, j’aime les choses simples comme marcher avec mon chien ou faire du shopping. Je suis très heureuse ici »
Côté terrain aussi, son intégration se passe plutôt bien avec à ce jour un bilan de 5 buts en 21 matchs toutes compétions confondues et de plusieurs passes décisives. « Ici, le jeu est un peu plus direct que celui que j’ai connu auparavant où il y avait plus de préparation, explique-t-elle. Cela a nécessité un petit temps d’adaptation mais aujourd’hui je me sens très bien. Collectivement, nous faisons jusqu’ici un beau parcours, que ce soit en Ligue des Champions (où nous sommes allées jusqu'en quart de finale), en Coupe de France ou en championnat où nous sommes dans le top 3. J’étais très déçue lorsque nous avons lâché des points contre Fleury mais j’espère que nous battrons le PSG dimanche pour nous replacer dans la course à la 2e place qualificative pour la Ligue des Champions. C’est vraiment un objectif de rejouer cette compétition l’an prochain. Le PSG a une très belle équipe avec de très bonnes joueuses et ce sera forcément un match difficile, mais si on joue comme nous l’avons fait contre Brescia en Ligue des Champions et je pense que nous pouvons les battre. » Cadre de la sélection danoise, Katrine porte également un regard positif sur sa sélection, finaliste de l’Euro l’été dernier contre les Pays-Bas de sa coéquipière en club Anouk Dekker « Nous avons une équipe jeune avec un nouveau coach, un nouveau système aussi, et on essaie de construire une nouvelle équipe. Je pense que nous sommes sur le bon chemin. »
Voilà, l’article touche à sa fin. Et lorsqu’on lui demande si elle se prédestine à prendre notre place pour en écrire une fois sa carrière terminée et ainsi renouer avec son passé d’étudiante, Katrine Veje préfère utiliser ce beau sourire jovial qui a illuminé son visage durant la totalité de cet entretien. La question ne se pose pas, elle est bien trop importante sur le terrain…
