« Coach, de quoi on cause aujourd’hui ? » | MHSC Foot , billetterie Montpellier Hérault, mhsc match, match Montpellier, led publicitaire, panneau publicitaire led

« Coach, de quoi on cause aujourd’hui ? »

La causerie d’avant match est un moment qui suscite curiosité, interrogation, admiration et même parfois fantasme. www.mhscfoot.com est allé à la rencontre des différents coachs du MHSC pour leur demander leur avis sur la question.  

Derrière la porte, il y a une voix, un discours. Celui d’un entraîneur qui place ses hommes, les conseille, les motive. Le ton monte puis descend puis remonte. Les visages sont attentifs, amusés, parfois médusés. On appelle ça la causerie d’avant match. Rencontrés à ce sujet, l’ensemble des coachs de la formation montpelliéraines s’accordent sur un point : elle doit durer 15-20 min pas plus, sinon le groupe décroche. « Les joueurs sont dans une phase où ils ont envie d’aller sur le terrain, explique le coach de la réserve, Romain Pitau. Pour moi, la causerie ce sont essentiellement des rappels car à partir du moment où tu as bien bossé la semaine, tu sais où tu veux en venir. Ce sont juste des ajustements, la façon dont on va jouer, ce que je vais demander spécifiquement aux joueurs sur certains matchs, collectivement mais aussi individuellement. D’ailleurs, j’aime bien avoir des petits échanges individuels avec les joueurs à la sortie des causeries selon les spécificités du poste »

Il est important de tout remettre en perspective car on est dans la formation, donc il faut garder un fil conducteur de l’apprentissage.

Au-delà de l’aspect timing, le discours varie selon les catégories d’âges. On ne parle pas forcément de la même façon à un ado qu’à un sénior. « En U14 on est plus dans la pédagogie, explique Jean-Pascal Beaufreton, en charge des U14. Je m’attache avant tout à présenter le contexte du match et à appuyer sur les principes qu’on a travaillé dans la semaine. A cet âge-là, ils découvrent le foot à 11 ; mon rôle est donc de les rassurer face à un contexte qui est nouveau pour eux.» Son compère de la pré-formation, Gilles Beaumian, (coach U15) ajoute : « J’ai toujours le même principe : je note 3 points défensifs en partant toujours de la semaine de travail ou de ce qu’on a fait de bien ou de mal sur le match précédent, puis 3 points offensifs. C’est important de tout remettre en perspective car on est dans la formation, donc il faut garder un fil conducteur de l’apprentissage. » Dans le discours jaillit donc un mélange d’apprentissage et de progression mais sans oublier le plaisir. « Je m’attarde beaucoup sur le travail qui a été fait durant la semaine pour qu’ils le reproduisent, explique Frédéric Mendy, en charge des U16. Je ne parle pas ou très peu de l’adversaire. Au-delà des consignes, j’insiste sur le fait d’encourager les petits, de les valoriser. Prendre du plaisir sur le terrain, c’est le maître mot. »

Il n’y a pas de vérité pure. Il y a un cadre, une ligne conductrice qui est la formation et le travail quotidien pour progresser

Le côté formateur. Un aspect qui revient souvent dans la bouche des coachs montpelliérains. « Nous ne sommes pas des entraîneurs mais des formateurs, ajoute Bruno Lippini, coach des U17. Il faut guider les joueurs, les amener à réfléchir et à comprendre. On travaille sur le long terme avec d’autres formateurs. Il faut amener les joueurs à ressentir certaines choses, les amener à prendre conscience de ce qui s’est passé sur le match précédent, de l’état d’esprit qu’ils doivent mettre dans l’animation offensive et défensive. » « Ce sont surtout des rappels, poursuit Frédéric Mendy. Les combinaisons et les positionnements sur coups de pied arrêtés sont à l’année dans notre vestiaire. » Le mythe du grand discours tactique est donc un peu loin. « La causerie ne sert pas forcément à parler tactique puisque je le fais dans la semaine », explique Frédéric Garny, le coach des U19. « J’aime discuter individuellement avec les joueurs après un entraînement par exemple. Ma causerie j’y mets plus les ingrédients par rapport à l’instant T. »
Au-delà de l’aspect tactique, quand on pense causerie, on se remémore forcément le discours mémorable de Pascal Dupraz avec Toulouse il y a 2 ans ou bien encore, pour les plus anciens, celui d’Aimé Jacquet dans le documentaire « les yeux dans les Bleus » de France 98. « Il est important de jouer sur les émotions, souligne Fred Garny. Aujourd’hui, le foot c’est 30% de travail tactique et physique et 70% de psychologie, car avant de parler de joueurs on parle d’hommes. Certains ont besoin d’être secoués, d’autres rassurés… Mais pour cela, il faut connaitre ses joueurs, savoir ressentir leur état d’esprit le jour J, s’ils ont peur ou s’ils risquent au contraire l’excès de confiance. Cela dépend aussi de notre série actuelle. Il n’y a pas de vérité pure. Il y a un cadre, une ligne conductrice qui est la formation et le travail quotidien pour progresser. Ce qui est sûr, c’est que ce qu’a fait Pascal Dupraz lors du match du maintien avec Toulouse est exceptionnel. C’est un match où tu joues ta vie, où tu joues avec les salariés et son discours a été bénéfique. L’humain crois en ce que vous dites, si vous savez lui parler il peut faire des choses dont il ne se sentait pas capable 2 mois avant. La causerie c’est quelque chose de fort, maintenant on ne montre que celles qui marchent. L’idéal c’est qu’une causerie touche l’homme mais pas le joueur. »

L’important c’est que les joueurs sortent de la causerie avec une impression de force et de confiance.

Savoir trouver le bon dosage, toucher mais pas trop « Il faut être assez vivant dans la causerie pour ne pas endormir ton auditoire, mais pas avoir d’excès non plus, reprend Romain Pitau. Cela dépend des instants. Je me souviens par exemple que lors du match du titre à Auxerre, René Girard n’avait pas voulu changer les habitudes. Il avait juste dit que ce moment nous appartenait et qu’on pouvait marquer l’histoire du club mais il n’avait pas mis de pression supplémentaire face à cet événement. » Même sentiment de mesure chez Frédéric Mendy. « Le mythe de la causerie je n’y crois pas. Sur quelques matchs ça peut marcher mais pas sur une saison. Sinon, ce sont les plus grands orateurs qui gagneraient tous les matchs. » « Sur des adultes c’est un aspect important mais ça me semble moins flagrant en formation » note pour sa part Gilles Beaumian. Bruno Lippini ajoute. « L’important c’est que les garçons sortent de la causerie avec une impression de force et de confiance. Une causerie, ça reste quelque chose de personnel chacun a la sienne. L’important c’est la continuité sur le terrain. » Un entraîneur se transformerait-il en acteur le temps de ces fameuses 20 minutes ? « Quand on est coach on est tous acteur, répond Fed Garny. On n’a pas le droit de montrer nos peurs.» Mais une autre question se pose. Doit-on avoir le même discours chez les jeunes que chez les séniors « Bien sûr que les mots changent selon les âges, reconnait Fred Mendy. Plus on monte dans les catégories, plus on est dans cet esprit de gagne. Il faut le cultiver. Comment gagner ? Comment mettre en difficultés l’adversaire ? » « Forcément, le discours change selon que tu t’adresses à des enfants ou à des jeunes adultes, ajoute Romain Pitau. Il faut s’adapter un peu par rapport aux mots que tu peux employer ou non ».

Et face à un public féminin alors ? « Il y a parfois un langage « garçon » mais plus le temps passe plus je m’aperçois que les filles aiment les discours un peu musclés avec des intonations et de l’émotionnel, explique le coach des féminines du MHSC Jean-Louis Saez. Après, il faut faire attention car quand on est trop dans l’émotionnel on n’est plus dans le jeu. Il faut arriver à trouver la bonne attitude, insister sur des rappels mais aussi sur la notion de groupe. » Autre spécificité de Jean-Louis Saez, celui d’avoir été entraîneur joueur dès l’âge de 24 ans. Un statut toujours particulier. « Même si j’étais joueur le jour du match, le reste de la semaine et dans les causeries, je pensais déjà comme un entraîneur. Etre sur le terrain me permettait d’être plus au cœur du jeu, ça me permettait de compenser ce que je pensais qui n’allait pas, de ressentir l’état de fatigue du groupe… D’ailleurs, quand j’ai arrêté de jouer, au départ, j’étais frustré, je pensais avoir moins d’influence. »

j’ai toujours un petit mot par rapport aux hommes que j’ai en face de moi

Qu’elle soit tactique, technique, émotionnelle ou physique, la causerie est aussi et surtout l’occasion de moments forts et est donc propice aux anecdotes. Frédéric Garny se souvient notamment d’un match de coupe de la Ligue gagné avec Niort à Toulouse où le coach Angel Marcos « nous avait fait un topo sur ce que nous devions faire dans telle ou telle situation avec 3 systèmes tactiques. On avait gagné en apprenant par cœur une situation tout au long de la semaine et ça avait marché ». Jean-Pascal Beaufreton se souvient, lui de Robert Herbin qui l’a dirigé à Saint-Etienne « quelqu’un d’exceptionnel il faisait très froid de l’extérieur mais était très chaleureux et très humain il nous mettait en confiance et nous disait que si on était là c’était qu’on avait les valeurs pour porter ce maillot. » De son côté, Romain Pitau se remémore Gernot Rohr qui fut son entraîneur à Nice « Il avait toujours cette pointe d’humour et son fameux accent. Il nous faisait partager des moments sympas notamment quand on jouait des derbys face à Monaco. Il y a eu des épisodes assez épiques. » Gilles Beaumian, lui, se souvient de la causerie de Claude Calabuig (dont il était l’adjoint lors du match de la montée du FC Sète en Ligue 2 en 2005. « Ce jour-là, il a détendu l’atmosphère en faisant rire les joueurs en remémorant toutes les anecdotes que le groupe avait vécu tout au long de la saison. Il n’avait quasiment pas parlé du match. J’avais trouvé extraordinaire de dédramatiser à ce point-là. Ça nous avait permis d’aborder ce match avec plus d’insouciance et ça avait marché. » Bruno Lippini se remémore pour sa part Aimé Jacquet, connu à Bordeaux. « J’avais 18 ans et il y avait Lacombe, Giresse, Tigana... Face à ces grands joueurs, M. Jacquet avait toujours les mots justes. Il était très calme et appuyait sur des points importants avec des changements d’intonations. » Formé au MHSC, les souvenirs de causerie de Jean-Louis Saez ont forcément des accents montpelliérains. « Que ce soit Kader Firoud, Michel Mézy ou Jean-Louis Gasset, leurs causeries  étaient musclées mais on sentait une appartenance à l’identité du club. Ça c’est important… »

Et avec Michel Der Zakarian, les joueurs montpelliérains ont devant eux un parfait embassadeur de l’esprit Paillade. Il en sera peut-être question dans sa causerie de samedi soir. C’est d’ailleurs au coach de l’équipe fanion, qui a également été formateur au club, que revient le mot de la fin. « Pour moi, une causerie dure entre 10 et 12 min maximum. D’abord j’évoque ce que j’attends de l’équipe sur le plan de l’animation offensive et de l’animation défensive, des coups de pied arrêtés. L’important c’est que l’équipe soit bien structurée tactiquement et sur ce que l’on attend en terme d’animation, explique-t-il. Après j’ai toujours un petit mot par rapport aux hommes que j’ai en face de moi et sur la motivation qu’il faut pour gagner un match.» C’est important mais de là à parler du mythe de la causerie... « Je pense que c’est avant tout le travail de la semaine et les petits rappels que l’ont fait avant le match qui sont importants », conclut Michel Der Zakarian. Derrière le mythe, la voix, et le discours, une causerie, aussi prenante soit-elle reste tout de même le prolongement du travail quotidien. Le football restant quoi qu’il en soit une science avec une part de hasard...

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