Il est celui dont personne ne parle mais à qui tout le monde s’adresse le jour du match : focus sur l’intendant…
Celui des féminines du MHSC s’appelle Philippe Soulier alias « Philou ». A 52 ans, il a déjà quelques saisons derrière lui et un regard particulier empreint d’affection et de fierté. Educateur en maison d’enfants, il s’occupe à mi-temps de jeunes en difficultés ; le restant de sa semaine il le consacre bénévolement aux féminines. « Un complément loisir et affectif », dixit l’intéressé passionné de football mais qui n’a découvert sa version féminine qu’en intégrant le MHSC.
La semaine, dès que son emploi du temps professionnel le permet il passe aux entraînements, « mais surtout en fin de semaine pour prendre la température et les renseignements sur la compo auprès du coach pour la tablette électronique ». En effet, depuis la saison dernière la D1 féminine était précurseur dans l’utilisation des tablettes électroniques pour remplacer les feuilles de match manuscrites. Une réelle avancée appréciée à sa juste valeur par son principal utilisateur : « Ça évite les pages d’écriture… La veille je rentre le groupe sur le serveur puis la composition le jour-J, l’équipe adverse fait la même chose et on synchronise. Ensuite les capitaines et l’arbitre signent avec le stylet puis à la fin du match on synchronise et la feuille de match est envoyée directement à la Fédé ».
Premier arrivé, dernier parti, les jours de match ne vous mettez pas sur son passage ! « J’arrive 2h avant les joueuses pour pouvoir tout installer dans les vestiaires, le nôtre mais aussi celui de l’adversaire et des arbitres. Je m’occupe des maillots, de l’eau, de la collation et je m’assure que tout soit en ordre pour l’arrivée des équipes. Je suis en quelque sorte le trait d’union entre les deux équipes, les arbitres et le délégués, une sorte de réceptionniste ».
Méticuleux à l’extrême, « Philou » est le chef d’orchestre du vestiaire, c’est là qu’il récite sa partition : « maillot d’échauffement, sous-maillot, maillot, short… et les chaussettes à part ». Et surtout ne lui parlez pas de fausse note ! Sa hantise : « Oublier un maillot sur un match à l’extérieur ! »… et donc jouer avec un maillot prêté par l’adversaire. « On va vers une professionnalisation du football féminin alors si on commence à jouer avec un autre maillot ou une chasuble c’est pas bon signe », confirme « Philou ».
Au sein du staff il porte le même maillot que le coach ou ses adjoints et pourtant ne comptez pas sur lui pour se mêler du sportif : « je suis un bon supporter mais pas du métier, j’amène un regard extérieur ». De l’humilité et beaucoup de lucidité sur la rigueur qui incombe à son poste : « Je ne participe pas au coaching, à la préparation physique, à tout ce que qui fait la valeur de l’équipe. Par contre, bien qu’en travaillant dans l’ombre, je peux être un préjudice pour l’équipe si je me plante. Je peux faire perdre un match alors que je ne peux pas le faire gagner. C’est un peu ingrat à ce niveau-là ».
Témoin privilégié de l’évolution du football féminin ces dernières années, « Philou » apprécie surtout le confort qui l’accompagne : « les déplacements, les hôtels, les repas, le staff ! On voit que plus de moyens sont mis en œuvre pour arriver à de meilleurs résultats ». Les déplacements ça le connaît ! Nord, Sud, Est, Ouest, en bus, en train et parfois même en avion, des kilomètres il en a parcouru les weekends au risque parfois de laisser un peu de côté la famille. « Le MHSC ça fait partie de mon équilibre. Ce n'’est pas forcément facile à comprendre pour mes proches alors dès que j’ai un weekend de libre il est intégralement consacré à la famille ».
C’est que la « famille MHSC » est assez chronophage. En déplacement « Philou » joue souvent le rôle de nounou pour le groupe. Il presse les plus « pomponettes » pour ne pas louper le train du retour. Chat échaudé craint l’eau froide… « Il y a quelques années à Paris on a loupé notre train à cause du trafic, on a pris celui d’après sans billet du coup et on a fini à 20 dans le wagon-bar », se souvient « Philou » qui depuis « reste vigilant à ce que la collation ne dure pas trop longtemps après le match ».
De déplacement il en sera à nouveau question ce weekend, dans le contexte si particulier d’une finale de Coupe de France. « Les départs pour les grands matchs c’est ça qui me fait vibrer », s’enthousiasme « Philou ». Une passion toujours intacte même s’il a appris avec le temps à prendre les résultats moins à cœur : « Les premiers matchs quand on perdait c’était une catastrophe, maintenant j’ai une vision différente mais la défaite est toujours difficile à accepter. J’ai toujours du mal à évacuer… » .
Dimanche il sera aux premières loges, sur le banc de touche du Stade des Alpes de Grenoble pour la deuxième finale de Coupe de France consécutive des féminines. Pendant 90 minutes il sera leur premier supporter avec l’espoir d’inscrire le mot « vainqueur de la Coupe de France » sur la page de ses plus beaux souvenirs. Une aventure qu’il continuera avec « toujours la même passion », toujours dans la générosité. Ça valait bien un petit coup de projecteur dans l’ombre de la section féminine…
Demain retrouvez le jour spécial de Linda Sembrant...
