De retour aux affaires après 10 mois d’absence, le commentateur vedette de France Bleu Hérault Philippe Sers, effectuera son retour lors de la réception de Nancy samedi à La Mosson. L’occasion de discuter un peu avec ce grand monsieur du sport montpelliérain
Philippe. Que ressens-tu à l’aube de ce retour à La Mosson ?
Je ressens beaucoup d’émotion, beaucoup de sentiments mêlés. De l’impatience, de l’envie, de la joie mais aussi un brin d’appréhension car j’ai pu mesurer, tout au long de l’épreuve que j’ai traversé, un élan de sympathie et de soutien à mon égard qui a dépassé tout ce que j’espérais. J’avoue avoir un peu d’appréhension car je sais que les murs et les fondations du stade n’ont pas bougé, les escaliers non plus donc je ne risque pas de me perdre dans les couloirs mais en même temps, quand je vais me retrouver derrière mon micro, il va falloir que ça pulse comme avant, et j’ai la petite ambition que ça pulse encore mieux qu’avant…
Sur un plan personnel, vas-tu préparer ce match de façon particulière ?
Non. Je pense que ça va revenir tout seul. Il faut remettre les choses dans leur contexte. Je ne suis qu’un élément d’un ensemble. Je suis là pour retranscrire à l’antenne le match que je suis. Tout dépendra aussi de la qualité du match que j’aurais sous les yeux lors de ma reprise. Tout le monde sait très bien que, que l’équipe joue bien ou non, je me suis toujours efforcé de susciter les émotions tout en étant fidèle à ce que je voyais sans jamais trahir la réalité. Tout ce qui relève de l’aspect mécanique et spontané de mon métier va revenir vite. Ce que j’appréhende un peu plus, c’est le surcroît d’émotion ; mais ça, c’est très intérieur.
Quel regard portes-tu sur l’élan du soutien qui s’est formé autour de toi pendant ton absence ?
Depuis 25 ans que je commente les événements sportifs de la région, j’ai toujours été estampillé foot, même si j’ai aussi commenté du rugby, du handball et d’autres. Je me doutais bien qu’après tant d’années, j’aurais tout de même capitalisé un peu de sympathie auprès de celles et ceux qui m’écoutent mais j’étais très loin d’imaginer que cela prendrait les proportions que ça a pris. Cela m’a fait énormément plaisir. Je remercie toutes celles et ceux qui m’ont témoigné leur soutien pendant cette période. Quand je me dis que j’ai gagné face à la maladie, j’ai aussi l’impression que NOUS avons gagné, car je n’étais pas seul. Je ne peux pas dissocier mon combat face à la maladie et son issue bienheureuse de tous ceux qui m’ont entouré de près ou de loin. Cette chaîne d’amitié restera éternellement gravée dans mon esprit et va forcément me motiver encore plus dans mon métier.
Comment as-tu suivi l’équipe pendant ton absence ?
Je n’ai pas vu souvent l’équipe jouer l’an dernier C’était trop « tort boyaux ». J’ai juste fait une entorse lorsque des copains m’ont pris par le bras pour que j’aille voir le match contre Marseille dans un café à Palavas. Le reste du temps, j’ai juste regardé le résultat, pas plus. C’était un peu douloureux pour moi. Cette équipe m’a très agréablement surpris l’an passé. C’est une saison qui restera gravée dans l’histoire. Je ne vois aucune raison pour que l’équipe ne nous surprenne pas encore cette année, au même titre que je ne voyais pas de raison particulière pour qu’elle nous surprenne autant l’an passé. Les joueurs ont été au-dessus de ces phrases du genre « La 2e saison en Ligue 1 est la plus difficile ». L’équipe est très bien partie, le recrutement a été judicieux… Il n’y a pas de raison pour que ça ne fonctionne pas cette année…. Et à ma juste place, j’ai bien l’intention de rattraper le temps perdu et d’en profiter ! (rires).
Dans quel état d’esprit es-tu ?
Je suis très ému et très motivé. J’ai toujours eu un rapport affectif avec mon métier que je fais avec passion. C’est une carte qui m’a valu plus de joies que de désenchantement. Ma vision du métier n’a pas changé. Je relate ce que je vois, sans concession, mais en même temps, si je peux y mettre de la couleur, de l’accent et des bonnes formules pour apporter un peu de bonheur aux gens, c’est mieux. Cela a été ma marque de fabrique pendant 25 ans et je ne vois pas pourquoi j’en changerai demain.
Que vas-tu faire en premier en arrivant à La Mosson, samedi soir ?
Il paraît que la tribune de presse a un peu changé, alors je vais aller chercher ma place et me brancher, comme un jeune premier. Depuis que je fais ce métier, c’est la première fois que mon père va venir au stade. J’en suis très heureux et ça rajoute un peu d’émotion sur le plan personnel. Ensuite, les choses viendront naturellement. Je vais prendre beaucoup de bonheur parce que je me suis battu pour retrouver cette place derrière mon micro, mais je veux surtout essayer de donner du plaisir aux gens qui ne seront pas au Stade mais derrière leur poste de radio comme j’ai toujours essayé de le faire par le passé. Je suis motivé, concentré, mais je ne suis pas Patrick Bruel non plus. Je suis juste un petit commentateur de Province. Il faut rester à sa place. Mais ce qui est sûr, c’est qu’avoir eu autant de témoignages de soutien pendant cette période c’est quelque chose de merveilleux. J’ai hâte d’être à samedi. Tout simplement !
Crédit photo: France Bleu Hérault
