Milieu de terrain de l’époque dorée du MHSC (2009-2013), le technicien de 45 ans a été promu entraîneur principal après 4 matchs en tant ‘‘qu’intérimaire’’. Un nouveau rôle, une mission et un honneur sur lesquels il s’est confié avec fierté, humilité et surtout détermination.
En se posant pour discuter avec lui, on s’aperçoit très vite qu’il est resté le même. Derrière une apparence parfois un peu discrète, Romain Pitau est un homme chaleureux et bourré d’humour. De son passé crampons aux pieds, il n’a pas perdu non plus cette finesse tactique, ce sens du jeu et du leadership qui en ont fait la plaque tournante et même souvent le capitaine du MHSC entre 2009 et 2013, date à laquelle il a mis un terme à sa carrière de joueur pour devenir formateur. Il a ensuite su transmettre ses qualités sur le banc d’entraîneur, que ce soit à la tête de l’équipe réserve puis en tant qu’adjoint d’Olivier Dall’Oglio. En plus de ses compétences, ce Nordiste de naissance, incarne parfaitement l’Esprit Paillade et les valeurs d’un club dont il a brillamment défendu les couleurs durant 4 saisons en tant que joueur et 9 en tant qu’entraîneur.
C’est sans doute pour cela que le Président Laurent Nicollin a choisi de lui confier les rênes de l’équipe première au lendemain de la défaite à Lens, en octobre dernier. « Tout est allé très vite, confie Romain. A partir du moment où tu passes tous les diplômes pour entraîner, tu affiches des ambitions. C’est arrivé dans des circonstances particulières mais, ça, tu ne le choisis pas. Quand le Président m’a proposé le poste, je n’ai pas hésité. J’ai connu de très belles choses avec le MHSC, vécu de grandes émotions, c’est un club auquel je suis très attaché car il incarne des valeurs que je partage. C’est vraiment particulier pour moi de commencer ici ma carrière d’entraîneur ».
Personnage d’une grande loyauté, il s’est alors lancé dans cet intérim avec passion et dévotion, comme il l’avait fait dans tous ses rôles précédents : « Il y a beaucoup de choses qui changent quand tu deviens entraîneur principal, tu as mille choses à gérer, tu es aussi plus exposé, ça fait partie du métier, après le terrain reste le terrain, explique-t-il. Avant la trêve, il fallait surtout stopper cette spirale de défaites. On s’est alors préparé pour être le plus performant, le groupe a montré que dans la difficulté, il ne lâchait pas. »
S’ADAPTER, TOUT EN RESTANT DANS UN CADRE
Au lendemain de ces 4 matchs, l’intérim s’est donc prolongé puisque Romain a été nommé entraîneur principal : « Nous avons eu une discussion avec la direction, échangé sur les axes d’amélioration. Le Président me fait confiance, c’est valorisant, je lui en suis reconnaissant. »
Le voilà donc qui passe d’adjoint à entraîneur numéro 1, pour la première fois de sa carrière. L’occasion de lui demander s’il a toujours voulu exercer ce métier aussi passionnant qu’exposé : « Toujours non, parce que, quand tu es joueur, tu es dans l’action. C’est surtout quand tu rentres dans la phase de réflexion de l’après carrière, que la question se pose, détaille-t-il. J’ai toujours été sensible à l’aspect tactique du jeu mais de là à dire que j’allais devenir entraîneur, je ne pouvais pas l’affirmer réellement car c’est quelque chose qu’il faut goûter, toucher et découvrir pour voir vraiment si ça va te plaire. C’est un métier de passion qui demande énormément d’investissement. On vit foot H24. Aujourd’hui je prends beaucoup de plaisir dans ce rôle. »
Formé à Lens, passé par Créteil, Nice, Sochaux et Montpellier, l’ancien milieu de terrain a connu de nombreux entraîneurs durant les plus de 400 matchs de sa carrière pro, parmi lesquels Daniel Leclercq, Gernot Rohr, Guy Lacombe ou bien encore René Girard pour ne citer qu’eux. « Ma volonté est de garder le positif de chacun d’eux car chacun m’a enrichi sur des éléments différents qui peuvent me servir aujourd’hui, autant sur le plan du jeu, de la gestion de groupe ou de leur personnalité, ajoute Romain. On s’appuie sur notre vécu, mais il faut avant tout être soi-même et avancer avec ses idées. »
De là à évoquer sa philosophie de jeu, il n’y a qu’un pas. Est-il plus un entraîneur de possession ? De transition ? « Tu as forcément un style de jeu ou un dispositif tactique préférentiel, mais la première chose, c’est de mettre les joueurs de ton effectif dans les meilleures dispositions possibles par rapport à leurs caractéristiques individuelles, répond le technicien pailladin. Ma mission est de donner aux joueurs un maximum de repères sur le plan tactique et sur la stratégie de jeu choisie. A partir de là, tu peux être rigoureux et exigeant sur les attentes car chacun connaît son rôle. En termes de jeu, sur le plan défensif il faudra avoir du caractère et être discipliné. Offensivement, l’idée c’est d’avoir plusieurs cordes à son arc pour être le moins prévisible possible pour nos adversaires et pour pouvoir les déstabiliser de différentes manières. Il faudra être généreux. Nous aurons donc des idées fortes comme repères mais nous devrons aussi amener les joueurs à pouvoir s’adapter à ce que le jeu demande. »
REMONTER LE NIVEAU ATHLETIQUE
Pour mettre en place cette philosophie – ce qui va encore demander du temps – il a d’abord fallu ‘’laver les têtes’’ : « On n’a pas été en réussite depuis le début de la saison donc, ma première mission était de redonner de la confiance et de la joie aux joueurs, car quand on fait ce métier, il faut pouvoir se lâcher et ne pas jouer avec une certaine retenue. On essaie donc de mettre tout le monde dans les meilleures conditions, tout en définissant un cadre tactique qui soit très clair et précis dans le jeu, détaille Romain Pitau. On doit encore perfectionner des automatismes, que ce soit pour se sécuriser défensivement ou pour mettre nos adversaires en difficulté offensivement. Pour trouver ce point d’équilibre, il faut être au point physiquement. »
D’où le fameux stage effectué à Marbella début décembre, que l’on pourrait presque comparer à une préparation d’avant-saison : « On avait besoin de remonter les curseurs au niveau athlétique. Si on veut être consistant et gagner en régularité sur la durée du match, on doit être affuté sur le plan physique, explique le nouveau coach montpelliérain. Avec Benoit (Andrieu / le préparateur physique) et le staff, on a mis l’accent sur ce secteur pendant le stage à Marbella. Nous avons proposé aux joueurs de grosses séances à base d’aérobie, de force et d’explosivité qu’ils ont bien digéré. Ils sont dans un bon mode de travail. J’ai beaucoup aimé l’investissement de chacun par rapport aux efforts fournis sur le terrain. L’opposition de fin de stage contre Lens était un bon test dans le sens où on a pu se confronter à un adversaire qui est assez impressionnant physiquement. Il y a encore du travail mais c’est très encourageant pour la suite. »
EMOTION, FIERTÉ ET DÉTERMINATION
Le staff, justement, a lui aussi évolué avec l’intégration de Frédéric Mendy aux côtés donc de Pascal Baills comme adjoint, Jean-Yves Hours entraîneur des gardiens de but et le préparateur physique Benoit Andrieu, pour devenir 100% pailladin : « Le MHSC n’est pas un club ordinaire, souligne Romain. Il faut connaître ses spécificités pour pouvoir bien y travailler. C’est important d’avoir cette continuité, pour justement garder cet esprit Paillade qui me semble indispensable, ici à Montpellier. Le plus important, c’est d’avoir autour de moi des gens compétents et de confiance. Concernant Frédéric Mendy qui nous a rejoint, c’est un homme de valeurs, qui a une bonne connaissance du football et du club. Il a une grande capacité de travail et diffuse une énergie positive autour de lui. Son discours est très apprécié des joueurs. »
S’asseoir sur le banc d’un club avec lequel il a été champion de France en 2012 n’est pas non plus anodin : « Je serai toujours fier de notre titre de champion de France. Maintenant, j’ai pour responsabilité de diriger l’équipe, j’en ai pleinement conscience : il faut être dans l’action, bosser et donner le maximum pour être le plus performant possible. »
Reste à dissiper deux doutes : si celui de passer d’adjoint à entraîneur principal n’est pas toujours évident, cela n’effraie pas du tout le coach pailladin « Ce n’est pas quelque chose qui me dérange, dit-il. C’est vrai que ce sont deux choses différentes car l’entraîneur principal a la responsabilité du choix final sur la tactique, le plan de jeu, le choix des joueurs… A toi de faire en sorte que l’équipe soit au-dessus de tout et d’être le plus juste possible. Si tu as des doutes, tu n’acceptes pas le poste et tu restes chez toi. »
L’autre grande question réside dans l’inexpérience de Romain Pitau, qui hérite d’une situation compliquée pour sa première expérience en tant qu’entraîneur principal d’une équipe professionnelle : « Il faut bien débuter un jour. En pareil cas, il y a 2 possibilités : soit tu démarres en début de saison avec ton club et tu as le temps de préparer l’équipe et mettre tes idées en place. Soit, tu débutes en cours d’exercice quand une équipe ne fonctionne pas bien et tu es dans l’urgence de résultats. La trêve liée à la Coupe du Monde nous a permis de bien travailler. Aujourd’hui, on débute un nouveau championnat à 23 journées, je suis déterminé, nous avons les cartes en main ».
Prochaine étape lundi soir (19h) contre l’OM à la Mosson. Une affiche au cours de laquelle Romain a souvent brillé en tant que joueur, notamment lors d’une prestation impressionnante face aux Phocéens lors de la saison 2009-2010. « Ce sont toujours des matchs spéciaux, engagés entre 2 équipes du Sud, il y a une certaine suprématie et l’ambiance dans le stade est souvent exceptionnelle. L’histoire du match, on ne la connaît pas, l’objectif oui : à nous de donner le meilleur de nous-même pour être heureux au coup de sifflet final ».
En cela aussi, Romain Pitau compte plus que jamais sur les supporters pailladins pour apporter ce plus qui pourra faire basculer le sort d’une rencontre du bon côté : « J’en profite pour vous souhaiter une belle et heureuse année à toutes et à tous. Comme je l’ai dit précédemment, on est un club atypique, qui a besoin de toutes ses forces vives pour réussir et les supporters en font pleinement partie. Aujourd’hui l’objectif est que chacun d’entre vous soit fier de supporter notre équipe. J’ai confiance en mon groupe, en mon staff et je suis convaincu qu’avec votre soutien nous allons réussir de belles choses. Allez la Paillade ! »
Joueur, Romain Pitau était réputé pour être un meneur d‘hommes. Il était aussi surnommé ‘’Monsieur propre’’ ou ‘’la machine à laver’’ pour sa capacité à recevoir un ballon compliqué et à le redonner très proprement à un coéquipier. Espérons qu’il en fera de même en tant que technicien, en remettant à l’endroit son équipe et en lui transmettant les valeurs qui ont fait de lui un des grands joueurs de l’histoire récente du MHSC.
