Il y a 20 ans, le MHSC remportait la Coupe Intertoto en battant Hambourg en Allemagne à l’issue d’un parcours atypique, obtenant ainsi sa qualification pour la coupe de l’UEFA (désormais Europa League). Deux décennies plus tard, retour sur un des épisodes marquants de l’histoire du club dont la finale retour s'est déroulée le 24 août 1999 à Hambourg
Le retour, nous y voilà ! Obligé de marquer, donc, mais aussi privés de Nenad Džodić suspendu après avoir pris un carton jaune à l’aller, les Pailladins n’ont clairement pas les faveurs des bookmakers et l’ouverture du score de Yeboah (22e) accrédite la thèse d’une élimination pailladine. C’était sans compter sur la révolte héraultaise de la seconde période après un premier acte de souffrance. Olivier Sorlin marque à la 70e minute et pousse les 22 acteurs vers la prolongation… Héroïque dans ses buts, Stéphane Cassard fait ensuite barrage aux assauts hambourgeois et pousse les Allemands vers les tirs au but. Un fabuleux duel à distance s’annonce alors entre le portier pailladin et son homologue allemand, Hans Jörg Butt. Le portier international allemand avait fait sa renommée en devenant le tireur de penalty attitré de son équipe. « Je me souviens d’un stade plein avec une ambiance incroyable, nous avons été très surpris par cet engouement, raconte Philippe Delaye. C’était un match très compliqué. »
LE JOUR DE GLOIRE DE STÉPHANE CASSARD
Cependant, l’ascendant psychologique a vite tourné en faveur de Cassard dans ce qui reste à ce jour la séance de tirs au but la plus improbable de l’histoire du club. Arrivé 6 mois plus tôt en provenance du Havre, Cassard a en effet arrêté les 3 tentatives hambourgeoises de la séance dans l’incrédulité générale. « On n’était pas tétanisé par les matchs comme on peut l’être sur des rencontres européennes, nous étions vraiment relâchés. Avant la séance, on n’était pas très rassuré mais on y croyait suffisamment, raconte Philippe. Concernant Stéphane (Cassard), il était chaud sur ce match-là. Il avait fait une grosse partie. Quand il a arrêté le 1er tir au but, on s’est dit qu’il n’allait pas arrêter le 2e, puis, quand il l’a arrêté, on s’est dit qu’il n’allait pas arrêter le 3e et puis finalement il l’a arrêté aussi ! Cette qualification, on la lui doit en grande partie. »
Le portier pailladin de l’époque, qui entraînait la saison passée les gardiens de l’OM se souvient précisément de cette fameuse séance. « Dans ces moments-là, on sent que rien ne peut nous arriver et que l’on sent toutes les choses justement. C’est ce qui m’est arrivé ce jour-là. J’avais vraiment de bonnes sensations sur les frappeurs, sur le côté où ils allaient placer le ballon. C’est difficilement explicable mais en tout cas c’était un super feeling, raconte-t-il. Si je me souviens bien, le premier était à ma droite, le second dans l’axe et le troisième sur la gauche. En tout cas il y avait eu les trois options. C’est assez paradoxal mais du moment où j’ai arrêté le premier je savais que j’allais en arrêter d’autres. Du moment où le frappeur arrivait en face de moi, en identifiant les caractéristiques du joueur je sentais ce qui allait se passer. Par exemple, sur le 3e, c’est un défenseur central qui se présente face à moi. Je me suis dit qu’il allait frapper en force et c’est ce qui s’est passé. Ce genre de sensation à l’intérieur, personne ne peut les sentir à part un gardien. Je me sentais bien depuis le début de saison malgré une petite blessure au doigt face à l’Espanyol. J’étais en confiance, j’avais de très bonnes sensations et l’équipe avait fait aussi un gros match ce jour-là.» Un moment qui a forcément une place particulière dans le cœur de Stéphane Cassard. « Quand on arrête 3 tirs au but comme ça dans une série et qu’au bout il y a la victoire, ça fait forcément partie de mes meilleurs souvenirs d’une carrière, surtout que, derrière, on a pu disputer la coupe d’Europe. » Car, de leur côté, les tireurs pailladins ne ratent pas la cible : Silvestre et Serredszum donnent deux buts d’avance aux hommes de Jean-Louis Gasset et si Mahouvé tire sur la barre, c’est finalement Fugier qui offre la qualification aux siens.
« Même si j’avais beaucoup aimé notre match retour à la maison contre l’Espanyol, cette victoire à Hambourg reste évidemment mon meilleur souvenir dans cette compétition, précise Philippe Delaye. On ne s’attendait pas à une telle ambiance et à un stade aussi plein. Gagner là-bàs était une forte émotion. »
Ce succès en Coupe Intertoto est à ce jour le seul titre européen de l’histoire du MHSC. Disparue en 2008, cette compétition laisse en tous cas de bons souvenirs à nos 3 témoins. « Cette coupe était pénible par rapport à la programmation. On aurait préféré jouer le jeudi comme on le fait actuellement. Cette Coupe prenait beaucoup d’énergie, nous avions puisé dans nos ressources pour arriver au bout. Avant la finale contre Hambourg, nous avions déjà joué 8 matchs. Cela ne nous avait pas laissé beaucoup de temps pour travailler le foncier et nous l’avons payé par la suite, analyse Philippe Delaye. Pour autant, cette Coupe Intertoto nous a permis de disputer de bons matchs européens contre de belles équipes, C’était plaisant, enrichissant, très motivant. » « Ce n’était pas forcément une coupe très médiatisée, certains la laissaient un peu de côté mais, à l’arrivée on a joué des équipes très intéressantes. C’est toujours plaisant de gagner des matchs comme ça, poursuit Stéphane Cassard. Aujourd’hui, cette compétition n’existe plus mais quand on prend du recul, on peut être fier de l’avoir gagnée car ce n’est pas donné à tout le monde. » « ça reste une coupe remportée, un super souvenir et une belle aventure au cours de laquelle nous avions beaucoup appris », conclut Nenad Džodić. Un coupe qui restera à jamais comme le 1er trophée européen de l’histoire du club. C’était il y a tout juste juste 20 ans…
