Un derby est toujours un match à part. A l’aube de celui qui opposera le MHSC au Nîmes Olympique mercredi soir à La Mosson, plusieurs anciens et actuels joueurs de notre club, ont accepté de raconter les derbies qu’ils ont vécus à l’étranger. Premier à s'y coller, Benjamin Stambouli qui évoque le prestigieux derby allemand entre Schalke 04 et le Borussia Dortmund
LE POIDS DES DERBIES DE LA RHUR
« C’est à ce jour le plus gros derby que j’ai joué. Une vingtaine de minutes de route sépare la ville de Gelsenkirchen de celle de Dortmund, donc c’est un vrai derby. Schalke 04 et Dortmund ont tous deux été fondés dans des villes minières. Par conséquent on retrouve dans les deux camps la culture du dur labeur des gens qui travaillent dans les mines. J’ai essayé de comprendre un peu pourquoi ils se détestaient autant, mais je pense que c’est vraiment la proximité entre les deux clubs qui a créé cette rivalité. Lorsque j’ai disputé mon premier derby, j’ai vraiment senti à quel point c’était particulier. On nous a envoyé des vidéos sur notre groupe whatsapp que nous avons avec les joueurs pour nous raconter l’histoire du derby ; dans le bus, ils nous avaient mis des images sur les écrans avec les tacles et les moments forts des dernières confrontations… On a senti tout de suite que c’était quelque chose de vraiment important pour eux. Lorsque tu signes, tu ne connais pas bien le club, ses traditions. Quand les supporters viennent te voir pour t’expliquer qu’en face ce sont les ennemis, tu acceptes, mais à toi ils ne t’ont rien fait. Ensuite, au fur et à mesure, tu t’imprègnes de la culture, tu comprends qu’il y a une histoire derrière, que cela fait partie de leur vie et ça tu dois respecter. J’ai appris à comprendre un peu mieux les supporters et l’histoire des clubs dans lesquels je suis passé. J’ai appris à comprendre qu’il y a des gens qui donnent leur vie pour un club car ils n’ont pas grand chose et que leur club de foot est une raison de vivre. C’est quelque chose que je respecte beaucoup. »
UN PORTE BONHEUR NOMMÉ ‘‘BENJI’’
« En un peu plus de 3 ans à Schalke, je n’en ai pas perdu un jusqu’à maintenant. Les journalistes allemands me l’ont fait remarquer et j’espère que cela va durer (sourire). La première année on avait fait 0-0 là-bas puis 1-1 au retour à la maison. La seconde, on avait fait 4-4 là-bas avant de gagner au retour 2-0. Enfin, l’année dernière, je n’ai pas participé au derby que nous avons perdu à domicile et au retour nous avions gagné 4-2 là-bas. Ce dernier match avait d’ailleurs une saveur particulière. D’abord collectivement : Nous avons vécu une saison ‘’galère’’ où on n’a pas été bon et notre succès là-bas 4-2 avait été un moment magnifique. Je me souviens qu’au retour notre bus s’était arrêté dans un bar qui était le QG des supporters. Il y avait je ne sais pas combien de personnes et nous sommes restés pendant une heure pour faire la fête avec eux. Un moment magnifique. Sur le plan personnel, je suis devenu ce soir-là le premier Français capitaine lors d’un derby entre les deux clubs. Un moment fort.»
LE FAMEUX 4-4 DU 25 NOVEMBRE 2017
« Ce jour-là, nous sommes rentrés aux vestiaires en étant mené 4-0 chez eux à la mi-temps dans un stade de Dortmund en fusion. J’avais même mis un but contre mon camp en voulant dégager le ballon qui avait fini au fond. À la mi-temps le coach (Domenico Tedesco) nous avait fait un discours fantastique. Il avait su trouver les mots pour nous remobiliser. Il nous avait dit : « Dans la vie, certains collectionnent les voitures, d’autres les montres, d’autres les femmes et nous, on collectionne des moments. Et aujourd’hui nous avons un moment fantastique à aller chercher pour compléter notre collection. Maintenant, vous avez montré ce que vous avez et faire de ce moment difficile un super moment. » C’est bizarre, mais malgré le score, on est revenu sur la pelouse en étant sûrs de nous. J’ai fait une passe décisive sur le but du 4-1, puis on est revenu à 4-2, je refais une passe décisive sur le but du 4-3 et à la dernière minute nous avions réussi à arracher l’égalisation à 4-4. À cet instant précis c’était la folie. Les supporters nous avaient même fait un T-shirt « vainqueur du derby » tellement la remontée était belle. C’était incroyable. Le retour et la communion avec les supporters qui s’en est suivi c’était extraordinaire. J’en ai encore des frissons en parlant. En plus on avait réussi à confirmer ce résultat au match retour chez nous. Une victoire contre Dortmund lors du derby retour nous assurait pratiquement la seconde place du classement et nous avions réussi à l’emporter. »
LES DERBIES CONTRE NÎMES
« ça me fait sourire parce que, déjà chez les jeunes, qu’on aille à La Bastide ou qu’on les reçoive, c’était un sacré combat contre eux. Qu’on soit en 14 ans, en 19 ans ou en CFA, on avait toujours un mot du Président avant le match. Quand il n’y assistait pas, le coach avait toujours un message de sa part à nous transmettre. On savait que c’était important pour tous les gens qui soutiennent le club et bien sûr pour lui. L’année dernière, j’ai pris plaisir à regarder les deux derbies. Les Montpelliérains ont produit le genre de match qu’il fallait dans ces circonstances. J’espère qu’il en sera de même cette année. En plus, je suis encore plus content maintenant parce que Téji (Savanier) est enfin du bon côté (sourire). C’est sûr que je vais ressortir un maillot et une écharpe de Montpellier et les mettre sur les épaules mercredi soir. »
