Alain Condamine : « Cela a été épique » | MHSC Foot , billetterie Montpellier Hérault, mhsc match, match Montpellier, led publicitaire, panneau publicitaire led

Alain Condamine : « Cela a été épique »

Alain Condamine (72 ans aujourd’hui) a participé sur le rectangle vert aux premières heures de l’histoire du MHSC dont la montée de DH à D3 en 1976. Pour mhscfoot.com, le Montpelliérain se souvient…

Racontez-nous votre histoire avec le quartier et la Paillade, celle que vous avez connue avant celle de Louis Nicollin ?

Cela s’est fait début 1967. La Paillade se construisait, nous habitions le centre-ville de Montpellier et nous avions eu l’opportunité d’avoir un logement alors nous sommes allés y habiter avec mes parents. Je jouais au SOM et l’AS Paillade venait de se constituer et le club cherchait des joueurs pour redémarrer à la base, en 3ème division de district avec monsieur Thur, le président. J’ai fait venir pas mal d’anciens joueurs du SOM et nous avons monté les échelons tous les ans avec quantités de buts marqués. Puis nous sommes arrivés jusqu’à ce qu’il y ait le rapprochement avec monsieur Nicollin, Loulou, l’AS Paillade et Montpellier Littoral.

 Je peux dire que je suis le seul joueur qui ait à la fois joué au SOM, à Montpellier Littoral, à l’AS Paillade et à La Paillade ou Montpellier Hérault

Quelle était la vie de l’époque à l’AS Paillade ?

C’était très particulier car c’était vraiment une équipe de copains. Après quasiment tous les matchs nous allions chez l’un ou chez l’autre pour fêter, très souvent, les victoires. On jouait sur un terrain stabilisé et on avait des vestiaires assez vétustes mais il y avait une bonne ambiance dans une équipe de quartier. C’était une cité normale qui venait de se créer et avec quantité d’activités. Les jeunes, nous nous rencontrions chez madame Sophie Desmarets qui avait un château avec un parc et où on avait un petit local à nous. On s’y réunissait, on jouait au Ping pong, au baby foot dans une ambiance de quartier, d’un grand quartier d’ailleurs !

Comment s’est créée le Montpellier La Paillade Sport Club ?

Montant les échelons, l’AS Paillade ne pouvait pas avoir le budget pour monter de Promotion d’Honneur en Division d’Honneur et monsieur Thur avait sondé monsieur Nicollin pour qu’il y ait un rapprochement avec Montpellier Littoral et le club du Nettoiement de Loulou. Quand nous l’avons appris, certains étaient embêtés car ils se disaient qu’ils n’allaient plus avoir leur place dans l’équipe ou moins de temps de jeu. Le fait de repartir sur un nouveau club ne pouvait qu’apporter un plus à La Paillade, au niveau de la renommée, surtout, et de l’avenir.

Début de saison 1974/75,  l’AS Paillade, qui s’était déjà rapprochée avec Montpellier Littoral, n’allait pas très bien…

C’est exact, c’était un peu cahoteux avant que Loulou arrive. Moi-même, j’étais parti jouer à l’AS Mauguio en DH puis c’est Bernard Gasset qui est venu me voir pour réintégrer l’AS Paillade nouvelle formule.

 Vous êtes un des rares joueurs à être resté du club de quartier au MPSC…

 Je peux même dire que je suis le seul joueur qui ait à la fois joué au SOM, à Montpellier Littoral, à l’AS Paillade et à La Paillade ou Montpellier Hérault.

Quel souvenir gardez-vous des premières années du club ?

Concernant l’équipe, on garde le souvenir de grands noms, car il y avait d’anciens pros qui rejoignaient l’équipe, à savoir Fleury Di Nallo par exemple. Je me rappellerai toujours, qu’à l’entraînement, il disait : « Dans une entreprise, il y a les patrons et les ouvriers. Alors moi je suis le patron et vous êtes les ouvriers. Donc vous allez chercher les ballons et vous me les donnez. » Mais « Fleur » c’était une bonne pâte…

on jouait en 4-2-4 ou WM de l'époque. Fleury, Augé, Terrasse, Besson, mama, Moh, Chanuc, Delmas et jean-louis gasset, On avait tous la grinta à l'époque !

Cela a plutôt bien marché car quand il arrive en 1975/76, il met notamment 3 triplés, finit meilleur buteur et l’équipe commence à mettre les pierres pour le futur…

Voilà, on se rappelle toujours des exploits contre Marseille puis cette montée de Division d’Honneur en D3 avec matchs aller-retour face à Hyères. Le retour avait eu lieu à Lunel. Cela a été épique car on était attendu dans tous les villages et c’était dur de s’imposer. Les clubs faisaient leur match de la saison face à nous. Mais on y est arrivé et cela a été une bonne saison.

Revenez plus en détail sur cette fameuse double confrontation face à Hyères…

Déjà, à l’aller, on avait été très malmenés à Toulon. Nos supporters avaient également été très malmenés par les supporters de Hyères. Donc, au retour, je crois qu’il y avait une petite délégation qui attendait (sourire). Nestor Combin jouait à Hyères à l’époque, il nous avait fait du mal, déjà à l’aller, mais je crois que c’est Serge Delmas qui nous délivre pour la montée en D3. Avec une petite prime au passage (sourire). C’était vital de monter mais cela n’aurait pas été catastrophique si nous avions raté la marche. Mais pour nous, et pour le président, nous avons tout fait pour monter. C’était impératif dans le sens que le club ne devait pas s’arrêter en si bon chemin. Pour qu’il puisse continuer son ascension vers l’élite

Comment jouait l’équipe ?

On était entraînés par Youye Favre et on jouait un 4-2-4 ou un WM comme on disait à l’époque. J’ai commencé devant, puis avec les ans on recule sur le terrain : ailier, milieu offensif, milieu défensif… j’ai même terminé arrière. Bien sûr, il y avait Fleury mais aussi Henri Augé qui était venu, Coco Terrasse, Besson, Mama Ouattara, Emmanuel Moh, Chanuc, Serge Delmas, Jean-Louis Gasset bien sûr. Mama, je m’en souviens bien car quand j’avais eu ma fille, il l’avait prise dans les bras et on avait fait des photos, c’était un garçon qui avait le cœur sur la main. Jean-Louis Gasset, on avait cette particularité à savoir que lui avait son fan club et moi aussi. Alors, très souvent, on était en concurrence. On le vivait très bien que certains supporters voulaient que ce soit lui qui joue et les autres que cela soit moi. Le coach faisait son équipe et, nous, on en rigolait avec Jean-Louis. Sur le terrain c’était un battant. On avait tous la grinta à l’époque. C’est peut-être ce qu’il manque à certains parfois aujourd’hui.

Et vous aviez un président charismatique dès les premières heures du club…

joueurs, supporters, dirigeants, nous ne faisions qu'un ! il y avait une osmose complète entre les trois. Il y a toujours eu des supporters pour nous suivre, ils n'ont jamais lâché le club.

Ah oui, Loulou c’est Loulou. Il a toujours eu le club vissé à son cœur. Il était jeune lors des premières années du club et il était toujours là. Quand il a été champion de France, je dis « il » car c’est quand même lui qui a crée ce club, je crois que c’était bien mérité avec tout ce qu’il avait donné, que ce soit en terme de charisme ou même d’argent personnel. C’était un juste retour des choses pour lui en 2012.

Comment était-il à l’époque ? Certains évoquent un gourou capable de vous faire grimper aux grilles des fenêtres du vestiaire avant les matchs… 

Avant les matchs, oui, mais pendant les matchs il allait aussi faire quelques tours dans les églises (rires). Il était assez superstitieux. Il était très entier.

Comment étaient les relations joueurs-supporters-dirigeants ?

Nous ne faisions qu’un ! Il y avait une osmose complète entre les trois. On se rappelle quand nous sommes allés jouer à Dunkerque en Coupe de France, on avait deux bus complet avec tout le monde, même les chiens, en attirail de La Paillade. C’était une grande famille.

Le club des supporters s’est crée à la fin de la 2ème saison et dans votre magasin de sport…

Oui, avec ma femme on tenait un magasin de sport à la Paillade, Ramsès Sport, et le club des supporters avec son président Bernard Soccoro s’est crée là effectivement. Juste après l’accès de la DH à la D3. Il y a toujours eu cette connivence entre joueurs et supporters car le CCS était vraiment, vraiment derrière le club.

Comment étaient La Mosson et l’ambiance ?

Il y avait une butte en terre au départ. Avec des traverses de bois qui avaient été mises pour faire les travées. L’ambiance était fantastique. Il y avait une buvette du CCS qui ne désemplissait pas à la mi temps et à la fin des matchs. C’était une ambiance très village et les supporters nous poussaient vraiment.

Le rôle de la Coupe de France à cette époque-là a t-il était si important qu’on l’a souvent dit ?

La Coupe a fait connaître La Paillade, et je me rappelle du match à Alès contre Marseille. Il y avait Thierry Roland qui était là et on lui avait dit : « Maintenant vous connaîtrez la Paillade » (sourire). Je n’ai pas joué ce match mais j’étais justement avec les supporters ce jour-là. Après le but de Valadier, c’était une explosion immense dans le stade. La fête a été totale et je me souviens même qu’on est allés faire un peu l’aubade le soir au maire de l’époque, monsieur Delmas, pour lui dire qu’il nous faudrait quand même un stade digne de ce nom. L’engouement n’a pas diminué au fil des années, il y a toujours eu des supporters pour nous suivre. Ils n’ont jamais lâché le club, que ce soit dans les petites enceintes de DH ou un peu plus haut en D3. D’ailleurs Bernard Soccoro est toujours là, le club existe toujours ainsi que le CCS qui a plus de 40 ans lui aussi.

C’est « l’esprit La Paillade » qui a fait que le club ait si rapidement gravi les échelons ?

quoiqu’on fasse, il fallait se vider les tripes sur le terrain. Les joueurs qui ne faisaient pas le boulot, ils se sortaient d’eux-mêmes du club

Il y a d’autres explications à cela mais c’est certainement grâce aussi à cette unité et cette mentalité qu’il y avait. C’était toujours « La grinta », quoiqu’on fasse il fallait se vider les tripes sur le terrain. Les joueurs qui ne faisaient pas le boulot, ils se sortaient d’eux-mêmed du club. Car ce club, c’était avant tout une grande famille, ça on l’a toujours dit, et un club où on oevrait tous pour le bien de l’équipe.

Quelle était le rôle du regretté Bernard Gasset ?

Il était plus que le bras droit de Louis Nicollin. C’était un bras de fer, en ce qui concerne Bernard. Mais c’était aussi un personnage qui s’impliquait beaucoup dans le club. Comme je disais, c’est lui qui est venu me rechercher à Mauguio et il a toujours su dire les mots qu’il faut aux joueurs pour qu’ils penchent pour La Paillade. A l’époque, cela n’était même pas une question d’argent. C’était une question de mentalité et, surtout, d’avenir du club.

Allier de vieux briscards à la fougue de jeunes pailladins a été Le coup de maître de la jeune histoire du club ?

Cela a été un coup de Jarnac, je dirais. Faire venir des anciens comme Landi, Augé, Calmette, Besson, de Nîmes pour certains, puis Fleury bien sûr… personne n’y croyait au début. Tout le monde disait : « Mais attendez, il ne fait venir que des vieux qui sont sur la fin. » Sur la fin, oui, mais des joueurs qui ont beaucoup apporté et qui ont permis à des jeunes de se révéler. Tout cela a permis de créer une bonne osmose. On le voit à l’heure actuelle également, des anciens avec des nouveaux peuvent faire une bonne équipe et une bonne entente. Moi, j’en ai des souvenirs extraordinaires, j’avais 26 ans et on en retire que des bonnes choses. Augé, Calmette nous encourageaient tout le temps, c’est important. Robert Nouzaret a également fait beaucoup pour le club, j’étais joueur quand il était entraîneur. Il était assez effacé au début mais voulait quand même montrer son empreinte.

Comment s’est finie votre aventure avec le club ?

Ma carrière avec la Paillade s’arrête après la D3 puisque je suis allé jouer dans le club d’Orange. J’ai travaillé comme responsable administratif et financier de la concession Peugeot de la ville. Le directeur de cette concession était aussi le président du club. Voilà pourquoi je suis depuis 42 ans à Orange.

Quel sentiment vous procure le fait d’avoir participé à la construction d’un club, passé de la DH au titre de champion en 2012 ?

Quand le MHSC a battu Lille 1-0 la saison du titre, je suis sorti à l’extérieur du stade après le match et j’ai vu Fleury Di Nallo. Je lui ai dit : « Tu vois, c’est un peu de nous cela. » C’est une petite pierre à l’édifice mais enfin, on est toujours fiers de le dire. 

Que diriez-vous si vous deviez résumer votre aventure au MHSC ?

J’aimerais rajeunir de 45 ans et faire exactement les mêmes choses que je faisais à l’époque. Je ne changerais absolument rien et j’y trouverais même encore plus de plaisir.

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