Ancien attaquant des deux clubs, l’actuel consultant beinsports livre son sentiment sur cette rencontre et ces deux clubs qui lui sont chers
SES ANNÉES MONTPELLIÉRAINES
« Sportivement, quand tu luttes pour le maintien alors que tu étais venu pour jouer la montée, c’est compliqué mais je me suis régalé humainement. J’ai rencontré des gens extraordinaires. Quand je reviens c’est toujours avec un immense plaisir que je revois tout le monde. Je me souviens qu’en arrivant ici, ma négociation en terme de contrat a été la plus courte de ma carrière. C’était avec Louis et Laurent Nicollin et cela avait duré 15 minutes montre en main. Je suis tombé sur deux hommes, un père et son fils, extraordinaires dans tous les sens du terme. J’aurais voulu apporter beaucoup plus au club et je pense que j’en étais capable. Concernant Louis Nicollin, j’ai le souvenir d’un homme avec un cœur gros comme ça, une générosité énorme. C’est un homme pour qui, excusez-moi le terme, ‘‘tu te lèves le cul pour aller à la guerre’’. Laurent est dans la même lignée ; en plus nous sommes de la même génération. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour lui comme j’en ai pour son père. Ce que doit vivre Laurent depuis plus d’un an n’est pas simple. Je sais ce que c’est que de perdre son père, de perdre quelqu’un de très cher. Je lui dis tout simplement ‘‘chapeau’’ et je l’embrasse très fort. »
SON PASSAGE DE L’AUTRE CÔTÉ DU VIDOURLE
« À l’époque (en janvier 2008), c’était bouché pour moi à Montpellier. Nîmes était en National, le MHSC en L2 et moi je cherchais du temps de jeu. Mon transfert et ce qui s’est passé ensuite, je le dois en grande partie à trois hommes : Louis Nicollin qui m’a laissé partir, même s’il ne le souhaitait pas car il a compris la situation, Jean-Louis Gazeau qui était le Président de Nîmes à l’époque et le manager général gardois Philippe Goursat qui était venu me chercher. Je tiens juste à éclaircir une bonne fois pour toute la chose suivante : je n’ai jamais eu de problème relationnel avec Rolland Courbis, qui entraînait Montpellier à l’époque. Il a fait des choix, j’ai essayé de faire pencher la balance de mon côté, mais à un moment donné, je suis parti à Nîmes car j’avais besoin et envie de jouer. Mais je n’ai jamais eu de conflit avec lui. »
SON AVENTURE NÎMOISE
« C’était exceptionnel. Quand tu arrives de Montpellier, que ton 1er match tu le joues aux Costières et que tu loupes tes deux premières occasions, tu sens tout un stade qui intérieurement se dit ‘‘bon lui, il vient de Montpellier il va nous… ‘‘ et puis finalement quand on voit ce qui s’est passé après, c’est extraordinaire. J’ai marqué 16 buts en 16 matchs en une demi-saison et on monte en L2 (juin 2008), et au moment où je quitte le club, un an après cette accession, je le laisse à cet échelon en marquant les buts de la victoire 2-1 à Brest qui assure mathématiquement notre maintien (ses 100e et 101e réalisations en L2). »
LE MHSC D’AUJOURD’HUI
« Le club a évolué normalement sans se précipiter. Quand on voit le centre d’entraînement dont le MHSC dispose aujourd’hui, j’aurais bien aimé avoir ces structures d’entraînement quand j’y étais (sourire). Au fond, même si je ne suis pas monté avec Montpellier ni été sacré champion de France, je me dis que le maintien que nous avons obtenu de justesse lors de la 1ère année en 2006-2007 a peut-être permis au club de pouvoir se structurer et de grandir ensuite comme il le fait aujourd’hui. Désormais il faut continuer dans cette voie-là, passer ce cap et essayer de se battre régulièrement pour les places européennes. »
LE POIDS DU DERBY
« Quand tu sais historiquement ce qu’ont fait les deux clubs, tu sais que c’est un derby chaud avec beaucoup de passion. Quand je suis parti du côté de Nîmes, les 6 premiers mois, je revenais régulièrement à Montpellier voir des matchs. Nîmes était sur le point de remonter en L2 et les supporters me disaient : ‘‘l’année prochaine c’est le derby’’. J’ai compris que c’était un match chargé d’histoire à ne pas rater. On sent que les supporters sont en attente de ça et je suis persuadé que la première chose qu’ils ont regardée lorsque le calendrier sorti, c’est la date des deux derbies. Même moi, je sais que c’est fin septembre et début février (rires). De mon côté, j’en ai joué deux (avec Nîmes lors de la saison 2008-2009). À l’aller on avait fait 1-1 à La Mosson et on avait gagné 2-1 au retour. J’avais même fait une passe décisive lors de chacun des deux matchs. Je suppose que la rencontre de ce soir va se jouer pratiquement à guichets fermés. Le retour du derby est en tout cas une très bonne chose pour les deux clubs car un tel match amène de l’émulation. Après, il faut que cette émulation soit saine et je pense qu’elle l’est, contrairement à ce qu’on peut dire. Je retiens aussi que, c’est quand je suis revenu avec le maillot nîmois à la Mosson, les supporters montpelliérains ne m’ont pas sifflé et ça je ne l’oublierai pas. Ça va être un super match et je n’en manquerai rien que je sois au stade ou devant la télé. »
LE DÉBUT DE SAISON DES DEUX CLUBS
« Nîmes fait un super début de saison pour un promu. Même s’il y a eu ensuite deux défaites à Toulouse et contre Paris, quand on voit le calendrier, c’était vraiment costaud. C’est un début de saison au-delà des espérances pour eux. Ce que j’apprécie aussi, pour les avoir suivi en Ligue 2 la saison dernière, c’est qu’ils n’ont pas changé leur philosophie de jeu sous prétexte qu’ils sont montés : ils continuent de jouer avec leurs armes c’est-à-dire en pratiquant un jeu offensif. Il sera temps ensuite pour Bernard Blaquart de voir s’il doit rectifier certaines choses ou changer de philosophie selon comment ça se déroule mais, au moins, il démarre avec le même tempo. En ce qui concerne Montpellier, la qualification européenne n’est pas passée très loin en fin de saison dernière. Ça s’est joué contre certaines équipes de haut de tableau contre lesquelles l’exploit n’est pas passé très loin à l’image du match nul 0-0 contre le PSG à La Mosson, mais surtout, le MHSC a perdu beaucoup de points à la maison. Je pense notamment au match contre Troyes auquel j’ai assisté. Cette saison, Michel Der Zakarian repart avec un schéma qu’il connaît bien, que les joueurs ont assimilé et qu’ils maîtrisent bien. Le recrutement offensif du club est également très intéressant avec des joueurs comme Florent Mollet, Gaëtan Laborde ou Andy Delort.. Je mise sur un maintien rapide pour Nîmes et pourquoi pas l’Europe pour Montpellier en fin de saison. Revoir Montpellier en Coupe d’Europe me ferait vraiment plaisir. Je me souviens des matchs contre Manchester United, le PSV Eindhoven avec des joueurs comme Ziober ,Laurent Blanc... Ça donne des souvenirs qui sont extraordinaires. Même moi qui ne suis pas Montpelliérain de naissance, je m’en souviens, comme d’ailleurs des épopées en Coupe de France puisque cette compétition tenait à cœur à Louis Nicollin. Le MHSC mérite vraiment de jouer la coupe d’Europe dans les années à venir. »
LA RENCONTRE DE DIMANCHE
« Je pense que ça peut être un super match avec des équipes qui jouent, un scénario de fou et des buts des deux côtés. On peut aller vers ce scénario-là à une condition : qu’on n’oublie pas que le derby est un match de foot et non pas une guerre de tranchées qui se termine avec des coups et des cartons. Qu’il y ait des duels, du combat, c’est normal mais j’espère qu’il y aura du jeu car ces deux équipes sont capables de jouer et de marquer. »
