Franck Lucchesi : « Il fallait mouiller le maillot, rentrer dans la viande » | MHSC Foot , billetterie Montpellier Hérault, mhsc match, match Montpellier, led publicitaire, panneau publicitaire led

Franck Lucchesi : « Il fallait mouiller le maillot, rentrer dans la viande »

Franck Lucchesi a joué toute sa carrière à Nîmes et Montpellier et l'arrière latéral a connu les derbys des années 1990 en L1 sous les couleurs des deux clubs. Il raconte et se souvient pour mhscfoot.com

Franck, à n’en pas douter, vous faite partie des anciens joueurs qui avaient hâte que ce derby arrive …

Et j’y serai, carrément, dans les tribunes bien sûr. Ce sont des matchs particuliers et c’est aux joueurs de vivre ce derby aussi intensément que nous le faisions. Montpellier-Nîmes ou Nîmes-Montpellier, ce sont vraiment des matchs particuliers, que ce soit d’un côté ou de l’autre. Il va y avoir de l’engagement, de la ferveur et de la passion, c’est sûr.

C’est d’autant plus particulier pour vous car vous avez disputé les seuls derbys entre les deux clubs en L1 et sous les deux maillots au début des années 1990 !

Ce n’était jamais tranquille, surtout quand je suis retourné à Nîmes. Surtout avec Loulou et parce que c’était comme ça ! Autrement, c’était quand même des bons moments. Comme René Girard, j’ai débuté ma carrière à Jean-Bouin et je l’ai finie aux Costières. On doit être les deux seuls anciens Nîmois à l’avoir fait. Alors ce n’était pas de gaité de cœur que je voyais arriver les derbys, je préférais affronter Marseille ou Paris que Nîmes Olympique ou Montpellier !

Vous avez davantage connu le derby en Division 2, que ce soit avec Nîmes ou La Paillade, quelle était la particularité de ces matchs ?

Montpellier a réussi à faire ce que Nîmes n’a jamais fait : il a réussi à gagner la Coupe de France et puis à être champion de France

C’était souvent des 0-0, 1-1 voire 2-2. Un jour on a fait 4-4 alors qu’on menait 3-0 avec Nîmes au bout de 20 minutes mais on était tombé sur un Jean-Marc Valadier des grands soirs. C’était aussi les débuts de Laurent Blanc, de Pascal Baills etc à Montpelleir. On avait fini 4-4 et cela avait été un très bon match mais à la fin de saison on n’était pas monté et Montpellier non plus. En fait, j’ai fait beaucoup de derbys en D2 car quand nous sommes montés ensuite avec le MHSC, nous avons joué le haut de tableau et Nîmes était en D2 avant d’accéder une paire d’années à l’élite entre 1991 et 93. On n’a pas eu trop d’occasions d’avoir des derbys si ce n’est en 1992 quand il y a un Nîmes 0-0 Montpellier qui n’a pas dû rester dans les anales. Ca n’avait pas été un très beau match de football. C’était quand même quelque-chose  et c’était sympa, il y avait Loulou en face avec pas mal d’anciens nîmois passés avec lui de tout temps. Les deux clubs ont chacun leur histoire. Nîmes Olympique a été un grand club et puis Montpellier s’est construit et a réussi à faire ce que Nîmes n’a jamais fait : il a réussi à gagner la Coupe de France, assez rapidement, et puis à être champion de France. Chose que Nîmes n’a jamais fait même si c’est vrai qu’à l’époque il y avait un grand Reims en face. Mais pour Montpellier il y avait aussi un grand PSG en 2012… et on a quand même réussi à être champion de France il n’y a pas si longtemps que ça.

Comment caractériseriez-vous ces deux clubs qui restent des clubs sudistes ?

Ce sont des clubs avec du tempérament. A Nîmes, le public aime l’engagement, la sueur du joueur, le combat. Montpellier, cela a aussi été ça, de tout temps. Avec Loulou et avec Michel Mézy qui ont inculqué ces valeurs-là de toujours. Mais Montpellier est né en 1974 et a beaucoup joué en 1ère division en comparaison à Nîmes. Il y a 25 ans que Nîmes Olympique n’avait plus été en 1ère division. Ce sont deux clubs qui se ressemblent, mais pas au niveau du public. Le public de Montpellier va au théâtre. En 2011/12, quand Montpellier a été champion cela a été compliqué de remplir le stade sauf sur les derniers matchs. Alors qu’à Nîmes le public a l’air de davantage suivre son équipe. Est-ce que cela durera ? Cette équipe de Nîmes actuelle me fait un peu penser à notre équipe du MHSC quand on monte en D1 en 1987 avec les Bernardet, Lemoult, Baills, Blanc et tout ça. Ils me font penser à notre équipe de copains qui se régale, qui communie avec le public. Montpellier a aussi un belle équipe, attention, dimanche il ne faut pas qu’ils s’énervent, ni péter les plombs des deux côtés d’ailleurs. On risque d’avoir un bon match mais il ne faut pas disjoncter, il faut rester humble des deux côtés, se respecter et on risque de voir un bon match et des buts. Nîmes attaque, Montpellier contre bien, je languis de voir ça !

Sentez-vous que le retour du derby fait renaître beaucoup de passion des deux côtés du Vidourle ?

Oui. Je vis à Saint-Rémy de Provence et je travaille chez le Groupe Nicollin au Pontet et il est clair que Nîmes n’est … pas revanchard, ce n’est pas le mot, mais Nîmes arrive en première division et Nîmes a envie de se mesurer à Montpellier et de faire tomber La Paillade. Après, ça reste un match de football, il ne faut pas que cela dépasse les limites, surtout que depuis là où il est Loulou n’aurait pas aimé que cela se passe mal. Qu’il y ait de l’engagement, qu’il y ait des paroles avant le match, qu’il y ait de tout ça, oui, mais après que le football reste du football. Il ne faut pas faire n’importe quoi même si c’est vrai qu’il aura de la tension.

Le dernier buteur du derby en L1, c’était Michel Der Zakarian il y a 25 ans à La Mosson, vous étiez retourné à Nîmes cette saison-là…

Il faut vite prendre les points et dimanche cela reste un match avec 3 points à prendre, il ne faut pas l’oublier

C’était Michel Der Zakarian le buteur, oui, et j’étais à Nîmes effectivement mais malheureusement j’avais pris un carton rouge le match d’avant et j’étais suspendu pour ce Montpellier-Nîmes. C’était un match fermé comme au match aller aux Costières où on avait fait 0-0, un match bidon complet. Ce match retour, ça jouait un petit peu plus. Nous, on était dans la nasse puisque c’est l’année où on descend et Montpellier, dans l’ensemble, était supérieur à nous à l’époque. C’était Gérard Gili et Jean-Louis Gasset sur le banc, il y avait les jeunes qui poussaient bien dans leur équipe comme Carotti, Serge Blanc, Lefèvre, Bonnissel, Rouvière et Sanchez. Divert était resté aussi avec Périlleux, Thierry Laurey et tout ça, ceux avec qui j’avais joué l’année d’avant. Avec les jeunes, on avait quand même fait deux fois 5ème ou 6ème et Montpellier était en place.  Nîmes, c’était un peu n’importe quoi à l’époque.

Il y avait eu des grands noms quand même au NO durant ces deux années de L1 entre 1991 et 1993…

Il y avait des noms, c’est vrai, mais c’était vite mal embarqué. Ils avaient pris un entraîneur de deuxième division qui était un très bon entraîneur mais pour qui c’était peut-être trop dur en 1ère division. Il y avait des problèmes en interne au niveau de la présidence et de beaucoup d’autres choses. On avait mal démarré et puis on n’avait pas fait une belle saison. Quand ça démarre mal, après, c’est compliqué.

Et puis Michel Mézy, qui avait réussi des miracles 3 ans auparavant à Montpellier, n’a pas pu vous sauver quand il a pris le banc du NO en cours de saison…

Il avait 2 ou 3 casquettes sur le coup-là. Il était président, il était directeur sportif puis il a été obligé de remettre le survêtement mais cela n’avait pas suffit. L’équipe était moribonde. Preuve, même si c’était un grand entraîneur, que des fois il ne pouvait rien y faire. Plus tard, il y arriva encore avec Montpellier, alors des fois on ne comprend pas ce qui se passe certaines saisons. Il faut vite prendre les points et dimanche cela reste un match avec 3 points à prendre, il ne faut pas l’oublier. Il ne faut pas que les deux équipes fassent n’importe quoi.

Quel est le sentiment qui va vous animer au moment où les deux équipes vont entrer sur le terrain dimanche à 17h ?

Je vais avoir un petit pincement au cœur car cela va me rappeler ma jeunesse, la naissance de mes filles, une à Nîmes, une à Montpellier et puis c’est toute ma carrière. J’ai été 14 ans professionnel, 8 ans à Nîmes et 6 ans à Montpellier ! Comme on dit, après Orange c’est le Nord pour moi ! Je vais donc avoir un pincement au cœur mais honnêtement j’espère que ça va bien se passer. La Palisse dirait qu’il faudrait que Montpellier gagne le match aller et que Nîmes gagne le retour avec 3 points chacun plutôt que deux mauvais matchs nuls. Avec le foot on ne sait jamais, si ça se trouve Nîmes va venir gagner à La Mosson et Montpellier ira gagner chez eux. Ce qui compte, c’est qu’on puisse revivre des derbys et pendant longtemps. Que les deux équipes se maintiennent et qu’on remette ça toutes les années. Les supporters doivent aussi faire attention cela, c’est une fête qu’il faut réussir à faire durer. Il ne faut pas disjoncter car après cela laisse des traces et c’est toujours emmerdant. Il ne faut pas que la passion l’emporte sur tout le reste et fasse faire n’importe quoi, des deux côtés d’ailleurs.

Quel serait votre meilleur souvenir avec chaque club ?

Nîmes, c’est l’apprentissage et Montpellier, c’est l’aboutissement de ma carrière

A la Paillade je n’ai quasiment que de bons souvenirs ! On est monté en D1, on a gagné la Coupe, on a fait une belle campagne en Coupe d’Europe… Nîmes, c’est là où je démarre ma carrière, c’est ça le souvenir. J’y arrive, je n’ai même pas le permis et l’entraîneur Henri Nöel me fait jouer d’entrée avec les professionnels en deuxième division. Les anciens m’apprennent le métier, me montrent ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire dans un vestiaire de professionnels. C’est ce que j’ai transmis après dans ma carrière quand j’étais un peu plus âgé. Les bons souvenirs à Nîmes, aussi, c’est Jean-Bouin, c’est quand on rentrait sur le terrain en première division en 1983/84. J’avais José Touré de Nantes au marquage, je marquais Alain Giresse de Bordeaux, Safet Susic du PSG, c’est ça les bons souvenirs ! Il y a eu les descentes mais ça fait partie du métier. Nîmes, c’est l’apprentissage et Montpellier, c’est l’aboutissement de ma carrière.

Montpellier, c’était l’aboutissement pour vous avec un football passion où tout réussissait au club ou presque !

On était une bande de copains et puis on avait Michel Mézy qui était soit entraîneur, soit directeur sportif, il y avait Loulou et vous savez comment était Loulou. Ca rentrait dans les vestiaires, ça doublait la prime, ça chantait, on pouvait aller boire un coup tous ensemble après les matchs … Il y en avait toujours qui rentraient au dortoir, mais le noyau qu’on était de 8 ou 10 joueurs, on se retrouvait toujours à manger avec les pêcheurs à Palavas le mercredi après l’entraînement. Et puis avec pas mal de Nîmois qui sont venus aussi : Patrick Cubaynes, Christian Pérez, venus rejoindre Michel Mézy ! Loulou a toujours aimé cette ferveur qu’il y a eu à Nîmes, il a fait venir Landi avant nous, il a fait venir Belbey, Jeunechamp, donc voilà, cela a toujours existé. Il a fait venir René comme entraîneur ! Et René a marqué le club comme entraîneur et cela restera longtemps.

Est-ce que c’était difficile de passer d’un club à l’autre ?

Ils se mettent le cul par terre et ils me rappellent l’époque où je jouais là-bas avec ces valeurs. Il fallait mouiller le maillot, il fallait rentrer dans la viande

Ce n’était pas facile, c’est sûr. Je me rappelle, quand je viens à Montpellier, Jean Bousquet, le président de Nîmes me fait la gueule. Et quand je reviens à Nîmes finir ma carrière, Loulou me fait un peu la gueule aussi mais c’était comme ça, il y avait des jeunes qui poussaient, Bonnissel, Serge Blanc et moi j’avais encore envie de jouer. Après, Loulou, j’ai toujours dit que s’il s’était arrêté à Nîmes plutôt qu’à Montpellier, Nîmes aurait joué en première division et Montpellier aurait eu du mal à exister comme il a existé. Avec la passion qu’avait Loulou, ça s’est fait à Montpellier, tant mieux, mais il se serait arrêté à Nîmes, je pense que Nîmes aurait été content et puis Loulou aussi (rires).

On imagine que vous avez gardé des amis dans les deux clubs…

Ah oui, à Montpellier, bien sûr. Par contre, à Nîmes, je ne connais plus personne et ce président, c’est un phénomène. C’est un phénomène parce qu’apparemment il mène le club, lui et Laurent Boissier, le fils de mon ami Bernard. Ils font tout à deux et, les anciens, il ne veut pas en entendre parler. Pourtant, les anciens, c’est quelque-chose de beau quand même ! Je ne connais pas le président, peut-être qu’un jour je le rencontrerai et puis, si je ne le rencontre pas, cela n’est pas grave. Le club ne lui appartient pas, le club appartient aux Nîmois. Les présidents sont de passage. Nîmes olympique vivait avant et Nîmes olympique vivra après, c’est comme ça. En travaillant au Groupe Nicollin, c’est vrai que je viens assez souvent au stade de La Mosson et je ne vais pas mentir, je suis quand même allé voir Marseille et Paris à Nîmes. Je suis d’ailleurs un peu resté sur le cul concernant l’engagement que met cette équipe du Nîmes Olympique ! Avec pratiquement les mêmes joueurs qu’en 2ème division, ils sont surprenants. Ils se mettent le cul par terre et ils me rappellent l’époque où je jouais là-bas avec ces valeurs. Il fallait mouiller le maillot, il fallait rentrer dans la viande.

Montpellier présente aussi des valeurs d’abnégation et a bien failli être deuxième à l’issue de la 7ème journée …

Cela aurait été génial ! Le championnat n’a cependant pas encore bien démarré selon moi. On perd face à Dijon, on fait nul avec Strasbourg et mercredi il y a la place de gagner et d’être le dauphin de Paris Saint-Germain ! C’est dommage car cela aurait été sympa de recevoir Nîmes à cette position au classement. Pour le moment, je pense que les deux équipes sont contentes de leur début de championnat. Nîmes est un peu la révélation et Montpellier est dans la continuité, avec une bonne défense, avec Michel qui fait bien travailler et bien progresser son groupe. C’est bien.

FRANCK LUCCHESI En Bref

Né le 19 septembre 1963 à Montfavet dans le Vaucluse Carrière : Olympique Avignon (1980-81), Nîmes Olympique (1981-86), Montpellier HSC (1986-92), Nîmes Olympique (1992-95) Palmarès : Champion de France de Division 2 en 1987 avec le Montpellier HSC, vainqueur de la Coupe de France en 1990 avec le Montpellier HSC

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