Jacques Bonnet : « Quelque-chose que je faisais avec passion » | MHSC Foot , billetterie Montpellier Hérault, mhsc match, match Montpellier, led publicitaire, panneau publicitaire led

Jacques Bonnet : « Quelque-chose que je faisais avec passion »

Acteur majeur de la création des Centres de formation de l’OM puis du MHSC, où il est ensuite resté de nombreuses années, Jacques Bonnet a été le bâtisseur de la formation à la Montpelliéraine. Il a ainsi été à la tête des équipes finalistes de la Coupe Gambardella en 1984 et 1985. Après Pascal Baills, hier, qui nous a parlé de celle perdue face à Laval en 1984, Jacques Bonnet évoque aujourd’hui celle de 1985 contre l’AJ Auxerre. Il revient aussi largement sur ses années à la tête de la formation pailladine.

Comment l’aventure de la formation au MHSC a-t-elle commencé et quel souvenir gardez-vous des aventures en Coupe Gambardella ?

C’était au début des années 1980. On a fait deux finales de Gambardella avec les juniors, mais deux finales qu’on n’a pas gagnées quoi ! C’était beau oui, bien sûr, notamment avec une première finale contre Laval qu’on aurait pu arracher sur un but de la tête magnifique de Laurent Blanc mais l’arbitre l’a refusé puis on est allé aux penaltys. On s’est senti un peu frustré à ce moment-là mais il y a eu deux belles équipes avec les deux premières promotions de jeunes du club.

Comment expliquer que seulement deux saisons après la création du Centre de formation pailladin que celui-ci ait connu si rapidement de bons résultats avec deux finales de Gambardella de rang ?

On fait deux finales de gambardella, mais deux finales qu'on n'a pas gagnées !

C’était des jeunes qui avaient des qualités, il y avait les frères Passi, Kader Ferhaoui, Laurent Blanc et tout ça, une première promotion qui a amené l’équipe junior en finale. Il y avait la qualité et, d’ailleurs, Laurent Blanc est rapidement parti avec les pros car il a vite franchi toutes les étapes pour y jouer, il n’a pas mis cent ans pour arriver au plus haut niveau. Comme Gérald Passi avant lui.

Comment vous y étiez-vous pris pour détecter et recruter ces jeunes joueurs ?

Quand je suis arrivé je me rappelle qu’il y avait les premiers essais de joueurs. Ils venaient au club, c’était le cas des frères Passi et d’une année sur l’autre en 1981/82 on a eu Laurent Blanc, Kader Ferhaoui et tout ça. Il y avait des détections de faites sur Montpellier et on allait aussi voir les matchs dans la région. On s’était attaché à ça, à recruter surtout au niveau régional. C’est pour ça qu’on a eu pendant quelques années beaucoup de joueurs qui ont percé au niveau du club et qui étaient de la région. Cette politique des débuts a fonctionné un moment puisqu’après il y a eu les Fabien Lefèvre qui était du coin, ou Rizzetto par exemple qui revient cette saison au MHSC et qui était de l’Aveyron ! Laurent Blanc, lui, était d’Alès et on était forcément dessus quand on l’a vu avec les sélections régionales. Il venait tous les étés à Carnon. Son père était charmant, ça s’est très bien passé avec Laurent. Je me rappelle qu’un jour Serge Delmas, qui travaillait avec moi à la formation, m’appelle et me dit « Laurent est là à Carnon, qu’est-ce qu’on fait ? » Je lui réponds que c’était prévu qu’on le signe donc qu’on le fasse signer ! Toute cette politique demande beaucoup d’investissement et d’être présent un petit peu de partout.

Qu’est-ce qui vous avez fait plonger dans cette aventure de la formation à ses premières heures à la Paillade ?

C’est le président Louis Nicollin, à l’époque, que j’ai rencontré et qui au cours de la conversation m’a dit qu’il voulait mettre en place un centre de formation. Il savait que j’étais là-dedans puisque de 1974 à 77 j’ai mis en place celui de l’Olympique de Marseille. Après 1977 je suis parti pour entraîner Avignon avec qui nous avions joué contre La Paillade en D2 et c’est comme ça que c’est venu. C’était bien précis, je devais venir au club pour la formation, uniquement. Avec le président c’était clair et je suis arrivé pour mettre en place le premier centre de formation avec tout ce que cela comportait, tout ce qu’il fallait mettre en place au Montpellier Hérault. Le président était à fond pour cela. Il le voulait vraiment. Moi j’avais mis en place le centre de formation à Marseille et donc c’était quelque-chose que je faisais avec passion. J’étais donc partant pour le faire à Montpellier étant donné que je connaissais les rouages à travers ma participation à l’OM.

Que pouvez-vous nous dire de votre passé à la formation de l’OM ?

C'est le président Nicollin qui, au cours d'une conversation m'a dit qu'il voulait mettre en place un centre de formation. Il savait que j'étais là-dedans puisque de 1974 à 77 j'ai mis en place celui de l'Olympique de Marseille

Les jeunes que j’avais recrutés durant mon époque à l’OM étaient tous originaires de la région de Marseille. C’était la génération qui allait devenir celles des Minots de 1981. Ils avaient remporté la Gambardella en 1979 avec Jacky Coulet ! Ces mêmes jeunes, avec Laurent Gransart, ont permis au club de remonter par la suite en première division alors que l’OM était en difficulté financière. Il avait fallu liquider toutes les équipes chez les pros de l’époque. Il y a eu quelques saisons en 2ème division avant qu’ils arrivent à faire remonter l’équipe en 1ère division en 1984, je crois. Un de mes premiers jeunes que j’ai eu au Centre de formation, vous savez qui c’est ? C’est José Anigo et il faisait partie de cette fameuse équipe des Minots dont j’avais été à l’origine de leur venue au Centre de formation de l’OM à partir de 1974.

Que retenez-vous sportivement des premières promotions de Gambardella au MHSC ?

J’ai eu des garçons en deuxième ou troisième année juniors et qui sont ensuite entrés en professionnel. Ils n’ont pas été internationaux juniors mais ils auraient dû l’être. Par la suite par contre ils ont été internationaux en équipe de France et je pense notamment à Gérald Passi et Laurent Blanc. Gérald Passi, c’est moi qui l’ai fait jouer son premier match en pros. On n’a rien dit à personne car je n’avais qu’une peur, sachant que Gérald était un peu émotif à 18 ans, c’était qu’il se dise toute la semaine « Purée si je me manque »… Il ne l’a su qu’au dernier moment et il a été très bon. Gérald avait le même potentiel que Laurent. Laurent et a fait un parcours sans faute, une carrière brillante et un garçon comme Gérald aurait selon moi pu faire une même carrière ou une fin de carrière comme Laurent s’il avait voulu jouer derrière comme lui par la suite. Il avait les mêmes qualités, c’était un joueur très bon techniquement, avec une certaine rigueur et son pied gauche, je vais vous dire, il en valait deux ! D’ailleurs quand il est parti à Toulouse et qu’il a fait ses matchs en coupe d’Europe contre Naples et tout ça…il a fait voir son énorme talent. Et en fin de carrière, s’il avait voulu descendre d’un cran … C’est moi qui lui avait demandé et proposé. Mais ce ne sont pas des choix qui sont évidents à faire.

Il n’a pas joué les finales de 1984 et 85 au contraire de son frère Franck qui était de ces deux matchs. Que pouvez-vous nous dire sur ce dernier ?

Il était complémentaire de Gérald ! Franck, c’était un battant sur le terrain, il ne renonçait jamais. Je me rappelle d’un match qu’on faisait avec l’équipe de D3 du MHSC, on était en difficulté pour se maintenir et on avait joué du côté de Marseille. Il fallait sortir de la zone rouge, on y était arrivé par la suite, mais à la mi-temps de ce match c’était difficile et je vois les deux frères : Gérald qui pleurait et Franck qui l’avait pris dans les bras et qui le consolait. Après, on finit le match, on avait gagné sur un but de Gazin et tout s’était bien passé. Mais je veux dire que j’ai cette « photo » en tête des deux frères qui se tenaient dans les bras tellement il y avait de la tension pour ce match là. Aujourd’hui, de les voir où ils sont, ça me fait vraiment plaisir.

Les supporters se rappellent du fameux Jean-Michel Guédé en attaque …

Ah, Guédé, quand il est arrivé, a amené quelque-chose de nouveau et il a apporté son côté spectaculaire. Je me rappelle d’une demi-finale face au FC Nantes dont le capitaine était Didier Deschamps. Cela a été le match le plus dur de nos parcours en Gambardella. On n’arrivait pas à faire la différence et après le repos on a connu un quart d’heure avec une pression énorme ! Ils nous ont poussés dans nos derniers retranchements, ça tapait la barre, ça revenait… Et puis sur un contre, Guédé est parti par l’intermédiaire de Robin Huc qui avait relancé à la main, on a commencé par marquer le premier but puis on a gagné ce match avec un Guédé qui avait été très bon sur ce match.

La première finale du club, ça marque, on imagine que la deuxième aussi, mais cela doit être dur de perdre à nouveau …

Cantona nous a mis trois buts ! il avait été notre bourreau de la finale de 1985 et je le retrouve chez nous en 1990 quand il gagne la Coupe de France avec Michel Mézy. Ce sont des moments extraordinaires

Au bout de notre second parcours en 1985, on perd contre Cantona qui nous a mis trois buts ! Il avait été notre bourreau et je le retrouve chez nous en 1990 quand il gagne la Coupe de France avec Michel Mézy. Ce sont des moments extraordinaires. Pour moi, Cantona a été un joueur remarquable, d’une correction … C’est le genre de joueur formidable qu’on ne regrette pas d’avoir connu et côtoyé. C’était l’époque d’Auxerre qui était en vogue. Il n’y avait qu’Auxerre ! Il y avait Auxerre et après il n’y avait que des petits « zozo ». On faisait soi-disant partie des petits « zozos » mais on a quand même fait une finale de Gambardella cette année là aussi. Certainement que ce jour-là j’ai peut-être fait un choix entre deux joueurs et celui qui, au final, a pris Cantona au marquage n’a pas pu le maîtriser comme je l’aurais souhaité. A la sortie c’est Cantona qui a fait la différence mais c’est comme ça, c’est la vie.

Daniel Roland, votre homologue d’Auxerre, avait quant à lui mis Daniel Dutuel au marquage de Laurent Blanc, votre N°10, et ce dernier n’avait pas pu se montrer à son avantage …

Le plus important, c’était le cas de Cantona…. Laurent a fait son match, il n’a rien à dire. C’est plus le fait que Cantona a survolé ce match et  qui à lui seul a amené son équipe à gagner la finale. Il était la pièce maîtresse de l’équipe d’en face.

Quel était le message que vous essayiez de faire passer à ces jeunes à l’époque ?

Humainement, on était quand même très près d’eux, le président l’était aussi. Pour nous, ce qui était important c’est que ces jeunes de l’époque étaient les futures titulaires de l’équipe première. C’était important qu’ils confirment les espoirs qu’on avait placés en eux. Et cela passait par beaucoup de travail effectué en semaine. Il y avait du travail technique où il fallait bosser, bosser, bosser et être très exigeant. Il ne fallait pas qu’ils croient que, si du jour au lendemain ils rentraient avec l’équipe professionnelle, ils y étaient arrivés. Il fallait un bagage technique très, très important pour ensuite assumer une carrière pro. La formation, c’est vraiment la formation. Et puis on était toujours là près d’eux pour faire en sorte que dans la tête ils soient bien équilibrés, qu’ils arrivent à gérer les feux de la rampe et la presse quand ils faisaient leurs premiers bons matchs en pros. A cet âge-là, il ne faut pas s’enflammer et savoir que cela ne fait que commencer. Et aujourd’hui cela va encore plus vite. Dans la formation, au départ, on a des footballeurs, mais ce sont des hommes qu’on forme.  Quand je vais aux matchs et que je recroise certains de ces joueurs qui ont fini leur carrière, c’est toujours un plaisir. Il y a ceux aussi qui ne sont pas passés pros et qui sont sur la région, qui vivent du football. Certains sont entraîneurs alors qu’ils n’auraient jamais pensé l’être. Pendant leur période de formation, on faisait en sorte de leur faire passer tout type de brevets en dehors de la scolarité normale et aujourd’hui je vois que cela a servi à certains. Mais quand ils sont au centre de formation, ils ne pensent pas forcément à l’utilité future de tout ce qu’ils apprennent en marge du terrain. Ils n’ont pas envie, mais si, il faut le faire !

Le fait que ce soit le MHSC contre l’OM en finale de la Coupe Gambardella cette saison, ça doit faire un petit pincement au cœur pour vous qui avez eu en charge les deux centres de formation !

etant donné que pendant 22 ans j'ai été à la formation du MHSC, je ne peux qu'en garder un bon souvenir, un très bon souvenir même. c'est quelque-chose qui m'a marqué

Comme vous dites, il y a comme un petit pincement, oui... Dans les deux équipes j’ai vu des jeunes qui avaient des qualités et qui méritent de la gagner. Dans l’équipe du MHSC je vais notamment penser à un jeune qui est de Castries, le petit Bertaud au poste de gardien de but. C’est un Castriote, comme moi, et je serais heureux qu’il gagne cette Gambardella, pour lui et pour ces copains, car pour un joueur durant son passage à la formation c’est un moment qui est important.

Si vous étiez auprès d’eux samedi dans le vestiaire que leur diriez-vous ?

Alors là, écoutez, il y a un moment que je regarde les matchs et que je ne m’occupe pas de la tactique ou de quoi que ce soit ! Il y a des entraîneurs en place qui sont là pour ça (rires) ! Ils savent très bien qu’il ne faut pas non plus trop leur mettre la pression mais qu’il faut leur donner les moyens pour aborder ce match dans les meilleures conditions le jour J et avec leurs moyens à 100%. Il faut trouver le meilleur équilibre possible.

Quel souvenir retenez-vous globalement de vos années passées à la formation du MHSC ?

Ecoutez, étant donné que pendant 22 ans j’ai été à la formation, je ne peux qu’en garder un bon souvenir, un très bon souvenir même. C’est quelque-chose qui m’a marqué et ça représente un nombre important de jeunes qui ont fait une carrière pro et qui continuent de la faire aujourd’hui pour certains. Avec le football ils ont trouvé un moyen de s’exprimer. 

Vous gardez toujours un œil avisé sur le football ?

Ah oui, je regarde Téléfoot, les émissions sur Canal+ et BeIN et je vais voir les matchs à la Mosson. Je vois les choses d’une autre manière mais tant que je me régale comme ça, c’est bien ! Ca permet de rencontrer ou de revoir des gens et de faire le point.

Samedi votre cœur penchera de quel côté entre l’OM et le MHSC ? Votre cœur doit balancer un petit peu entre les deux…

Mon cœur balance… oui. C’est vrai qu’à l’OM j’ai été à l’origine de la formation en 1974 avec ces jeunes qui ont permis de faire remonter le club en 1ère division par la suite, c’est quelque-chose qu’on ne peut pas oublier. Montpellier, j’y ai passé 22 ans avec la mise en place du Centre et tout ça. J’y ai connu des promotions intéressantes pour le club. Aujourd’hui, je fais confiance aux deux clubs et que le meilleur gagne, je ne peux pas mieux vous dire. Il y a quand même un petit penchant pour le MHSC, voilà. Après, une finale, il faut la gagner et être bon pour le faire. 

Feuille de match 

AJ Auxerre 3-0 Montpellier PSC Finale Coupe Gambardella Mercredi 12 juin 1985 à Bourges Arbitre : M. Ghesquier Spectateurs : 2 500 environ dont 1000 scolaires Buts : Cantona (25ème, 38ème sp et 84ème)

Auxerre : Charbonnier (cap) – Darras, Prunier, Messager, Villa – Meilley, Dutuel, Monier (Guereiro 70ème) – R. Boli, Cantona, Vahirua (Khirat 83ème) Entraînement : Daniel Rolland

Montpellier : Singia – Muzet, Djouara, Hoyau, Gazin – F. Passi, Defillon (Lutran 81ème), Blanc (cap) – Guédé, Rioust, Gomez (Garrel 54ème) Entr : Jacques Bonnet.

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