« On sentait l'adversaire qui tremblait » | MHSC Foot , billetterie Montpellier Hérault, mhsc match, match Montpellier, led publicitaire, panneau publicitaire led

« On sentait l'adversaire qui tremblait »

Le Club Central des Supporters fête ses 40 ans d'existence ce samedi. à cette occasion www.mhscfoot.com retrace son histoire à travers une interview avec le président historique de l'association : Bernard Soccoro. De la légende de la Butte, aux anecdotes de supporters en passant par les exploits en Coupe, découvrez la deuxième partie de l'entretien ci-dessous.

Le stade de La Mosson a dû se transformer au gré des exploits en Coupe ou des montées en division supérieure, racontez-vous !

Il y a évidemment eu la construction de la fameuse « Butte ». Elle est venue en 1977 après qu'on ait battu l'Olympique de Marseille en Coupe de France à Alès. Au tour suivant, on se retrouvait avec un match aller-retour contre Nîmes et avec ce stade qui avait uniquement une main courante et une petite tribune d'honneur de 100 places. Il fallait trouver une solution. Il y avait encore le stade Richter mais personne en voulait et il a donc fallu faire quelque-chose dans l'urgence. Il a été décidé de construire la Butte, avec tout ce qui a pu être fait en matériaux de récupération. La légende de la Butte, elle part de là.

À quoi elle ressemblait cette Butte ?

C'était une butte en terre où les gens s'entassaient. Tout le monde avait été mis a contribution pour la construire et notamment nous, les gars du quartier. À 5h du soir, quand on rentrait du boulot et on venait filer un coup de main afin que ça soit prêt le jour J. On a fait avec des traverses de chemin de fer alors qu'une pelle mécanique remblayait au fur et à mesure les étagères avec du gravier par dessus. C'est resté comme ça jusqu'à ce qu'il y ait la rénovation du stade vers la fin des années 1980.

En terme d'ambiance omment étaient les premiers matchs dans cette nouvelle Mosson ?

La Butte pouvait faire changer le cours de beaucoup de matchs. Elle faisait gagner des matchs ! Tu pouvais tourner autour du stade et on suivait ainsi souvent l'attaque. Des fois, quand ça se passait mal et qu'on était mal en point à la mi-temps, le match changeait d'âme quand ça se passait côté Butte pour notre équipe en seconde période. Dans un petit périmètre il y avait 5000 personnes avec une volonté extraordinaire. Alors souvent le match prenait une tournure différente, on sentait l'adversaire qui tremblait alors que nos joueurs étaient galvanisés, poussés.

Comment cela pouvait-il être à ce point impressionnant ou galvanisant alors que c'était toujours un petit stade ?

C'est sûr que ce n'était pas un stade de 25 000 places, mais il était à bloc ! Quand on est monté, ils ont mis une tribune portative en face de la Butte et tu arrivais à mettre 15 000 personnes dans ce stade. Il y avait aussi les arbres et on comptait également les gens qui étaient dessus (rires). Il y avait une réelle proximité des supporters avec le terrain et s'il fallait mettre 6000 personnes là où il en rentrait normalement 4000 - comme contre Lyon en Coupe - et bien il en rentrait 6000. Les gens commençaient de nouveau à croire. À croire … et Louis Nicollin dégageait cette envie d'y arriver, de faire revivre des choses aux gens. Cela n'est pas un président commun et sa personnalité a fait que les gens adhéraient. Ils adhéraient à travers ses discours.

Le stade, c'était un volcan... je n'ai jamais plus ressenti ce truc après le montpellier vs lyon de cette année-là. Même quand la mosson est passée à 30 000 places

Comment étaient les avant-matchs à quelques minutes du coup d'envoi ?

On avait les habituels porte-drapeaux et le principal c'était Claude Cossu. S'il ne faisait pas son tour de terrain avec son drapeau, il en faisait une malade. Peuchère, paix à son âme, c'est une légende, Claude. En Coupe de France il était rentré sur le terrain à Saint-Etienne, on lui avait lâché les chiens dessus à Geoffroy-Guichard ... Dans tous les stades de France, il fallait qu'il fasse son tour. Et ici, à la Paillade... c'était Claude. Avec la fanfare, s'il y avait la fanfare.

Les plus belles heures de La Paillade et de ses supporters, sont-elles les matchs de Coupe contre Saint-Etienne et Monaco lors de la saison 1979/80 ?

Oui, cela a été magnifique. Avant, il y avait aussi eu un match épique contre Lens. Je vous aussi parlais de Lyon, en 1978, match aller à Gerland et match retour ici où ils se font exploser... Le stade, c'était un volcan. Je n'ai jamais vu après ce Montpellier-Lyon, ou ressenti... ce truc ! Même avec un stade de 30 000 places, je n'ai jamais plus ressenti la ferveur que face à Lyon cette année-là. Il y avait 15 000 personnes, le stade était un volcan, un volcan. Il y avait un passage derrière la tribune et j'ai vu des joueurs de Lyon qui étaient blêmes au moment où ils y sont passés. Jean-Marc Valadier, il venait de signer à Lyon, il était transformé. Ils étaient dans ce passage et ils se demandaient où ils étaient tombés. De la folie !

Le surnom de « marmite du diable » fait suite à quel match ?

Je pense justement qu'il vient de ce match contre Lyon. Moi, ça m'avait marqué autant que certains joueurs de cette époque. Quand on parle de donner l'envie de relancer le foot à Montpellier, c'est Hugo Curioni qui a rendu en partie cela possible. Hugo a donné une autre image du club, une autre dimension. Je me rappelle de certaines personnes, si Curioni était blessé, ils ne venaient pas au match. S'il était suspendu, ils ne venaient pas au match. Il était fantasque, oui, mais il faisait basculer un match. Attention, des fois on ne le voyait pas de 30 minutes et puis d'un coup, pam ! J'en reviens aussi à cette proximité des joueurs avec les gens. Hugo, tu venais aux entraînements et il était avec tout le monde. Ce que l'on perd un peu maintenant, je trouve, même si on ne peut pas comparer les deux époques.

Comment la victoire en Coupe contre le grand Saint-Etienne avait-elle été vécue ?

L'année de l'exploit contre Saint-Etienne, dans les prévisions du club on devait normalement monter en Ligue 1. C'est l'année où Michel Mézy a signé. Sarramagna était aussi venu de Saint-Etienne, il y avait Jacky Vergnes et tout ça mais la saison n'avait pas été à la hauteur des espérances au niveau du championnat. Il fallait donc sauver la saison d'une manière ou d'une autre et ça a commencé avec ce fameux match contre Lens, puis le quart de finale contre Saint-Etienne. Avec énormément de Pailladins qui avaient fait le voyage pour le match retour chez les Verts. J'avais organisé deux trains !

Est-ce que c'était l'euphorie après cette qualification et avant de recevoir Monaco en demi-finale ?

À Montpellier, oui, et à Monaco aussi. Au match aller, là-bas, cela a même été la folie. Ils ont été envahi à Monaco, ils se demandaient où ils étaient. Il y a eu quelques péripéties car le train a été bloqué, impossible de repartir, des gars étaient allongés en travers de la voie... Il fallait que je le gère tout ça parce que c'était ma « pomme » qui était engagé là-dedans ! Mais on arrivait toujours à trouver une solution. La police de Monaco en avait embarqué deux et leurs collègues souhaitaient qu'on les relâche. Alors il y a eu des tractations et tout ça mais il n'y a jamais eu de débordements. Ça s'est limité au fait que le train est parti avec deux heures de retard. Après, bien sûr, il y a eu le match retour à Montpellier. Là, vue la physionomie du match aller et de la première mi-temps du match retour où on les mange, et bien... on s'y voyait ! On s'y voyait mais malheureusement cela ne s'est pas terminé de la façon qu'on aurait souhaité.

sur le coup on lui en a voulu. beaucoup de monde lui en a voulu. C'était devenu l'énemi n°1 de La Paillade

Pourquoi cela ne s'est-il pas terminé en faveur de nos Pailladins ?

Après ce match, il y a eu des discussions, parce qu'on menait 1-0 et qu'on a la possibilité de tuer le match avec Vergnes qui met un but en fin de première période, mais il est refusé. Après on va aux prolongations et on le paye peut-être parce que physiquement on n'est pas au niveau de Monaco. Monaco, cette année-là, avait une grosse équipe, ils étaient champion de France en titre.Tout le monde a surtout reproché à l'arbitre de nous avoir refusé ce deuxième but qui aurait changé la donne.

C'est le match qui a laissé le goût le plus amer aux supporters de cette époque ? Avec monsieur Michel Vautrot qui était l'arbitre dont vous parlez ...

Oui, on lui en a voulu sur le coup. Beaucoup de monde lui en a voulu. C'était devenu l'ennemi public N°1 de La Paillade. Pourtant, c'était un arbitre international. Il faut savoir qu'en demi-finales il y avait deux équipes ou même trois de Ligue 2 cette saison-là : La Paillade, Angoulême et Orléans. Les gens disaient qu'il fallait qu'une équipe de L1 soit en finale et que cela avait été arrangé. Tout ça ce sont des on-dit. Cela a permis de vivre une autre histoire avec Michel Vautrot car j'ai été amené à le rencontrer plus tard durant la saison lors d'une réunion d'associations de supporters. Et bon, tout le monde m'avait branché au cours de ce repas. Lui, il était représentant des arbitres lors de ce congrès et on était venu à parler de la demi-finale. Il m'avait maintenu qu'il n'avait jamais eu de pression de personne pour favoriser Monaco. Que s'il devait arbitrer de nouveau le match, il ferait les mêmes choses. Ce qui lui faisait le plus mal, c'est que le club l'avait récusé. Car on avait le droit à l'époque de récuser un arbitre. Je l'ai alors mis au défi de venir à Montpellier pour s'expliquer sur les problèmes d'arbitrage et tout le reste. Chose qu'il a faite la saison suivante. On avait organisé une réunion publique au Mas de la Paillade et on ne s'attendait pas à la ferveur qu'il allait y avoir autour de cette occasion! Je suis allé le chercher à la gare et quand on est arrivé à la salle, il me dit « Mais qu'est-ce que c'est ça ? » Il y avait 600 ou 700 personnes, c'était à bloc de chez à bloc ! Il y avait Georges Frêche, l'entraîneur Karder Firoud, le président Louis Nicollin... et Michel Vautrot a fait un exposé sur l'arbitrage. À la fin, il est sorti sous les applaudissements.

Il est passé d'ennemi public à ...

Cela a permis de créer des liens d'amitiés avec lui. Il nous a arbitrés de nouveau par la suite et ce n'est pas pour cela qu'il nous a fait gagner des matchs. Si on devait les gagner, on les a gagnait. C'est une rencontre comme il en existe dans la vie et, pour moi, c'était une rencontre enrichissante. C'est quelqu'un d'intelligent.

Pouvez-vous nous parler des gitans à la guitare sur vos photos souvenir avec les supporters du CCS ...

On avait la boutique dans un coin du stade, on l'avait faite avec un collègue menuisier pour vendre des bonbons et des trucs comme ça. Cette photo, c'est la semaine avant le match contre Marseille en Coupe de France à Alès en 1977. Le boss me dit « Il faut organiser quelque-chose » pour mettre les joueurs, pas sous pression, mais dans le match , « Il faut faire une grillade et tu fais venir le maximum de supporters possible avec une animation et tout. » C'était le mercredi avant le match du dimanche, j'avais organisé ce fameux barbecue après l'entraînement. Dans le quartier, il habitait quelques gitans que j'avais fait venir. Après, ça a collé un peu à l'image de la Paillade et on a un peu fait passer le quartier comme un quartier gitan alors que ce n'était pas du tout ça. C'était juste quelques familles qui étaient là et qui aimaient le football ! On les avait fait participer à cette grillade au contact des joueurs pour leur insuffler toute notre attente autour de ce Montpellier-Marseille. Et ça a marché, la preuve. Et ça a eu marché d'autres fois aussi !

Comment le club vous impliquait-il dans la vie de l'équipe ? On vous voit remettre des prix aux joueurs sur certaines photos ...

On faisait l'Oscar du joueur de mois, oui. On avait parlé au président de notre intention de le faire et tous les mois on demandait l'appréciation des supporters. Ce n'était pas un vrai vote. On faisait une réception, souvent après l'entraînement, pour remettre le trophée. Les gars s'arrêtaient, on dressait la table, on mettait le pastis, les cacahuètes et puis on remettait le trophée à celui qu'on avait désigné. Dans l'autre sens, on pouvait aller taper à la porte du président si on avait besoin de quelque-chose et lui dire « Président on est embêté pour un déplacement, financièrement » par exemple. Voilà.

on décide de faire une action pour que la rencontre ne se joue pas. à 14h le jour du match on se met à jouer aux boules sur le terrain. On organise un concours

Comment ça se passait justement ces déplacements ?

D'un point de vue personnel ça m'a permis de découvrir la France. Je prends l'exemple de Gueugnon, parce qu'on y est allé des dizaine de fois. On partait à 5h du matin et on arrivait là-bas à midi. On allait en ville, ça permettait de rencontrer des gens de régions différentes. Dans les bars, les restaurants, c'était des rencontres. Que ce soit à Thonon-les-Bains, à Laval, Montluçon où on s'était retrouvés au milieu des usines, il y avait toujours des rencontres avec les gens d'autres régions. C'est grâce au football qu'on a pu découvrir leur façon de vivre et de tisser des liens avec eux. On avait une liberté totale. On arrivait dans la ville, on pouvait faire ce qu'on voulait. On n'était pas cloisonnés avec un cordon de CRS comme aujourd'hui. On visitait !

Quelles sont les choses les plus folklo que vous ayez vues à La Mosson ?

La plus folklo, maintenant on peut en parler car il y a prescription, c'est lors de ce fameux tour de Coupe de France contre Lens lors de la saison 1979-80. On avait perdu 5-4 à Lens au match aller. Le problème, c'est qu'il nous manquait deux ou trois gars importants de l'équipe avant le match retour. Il fallait essayer de trouver quelque-chose pour faire reporter le match... On se retrouve deux ou trois et on se dit « Pourquoi on n'inonderait pas le terrain ? Comme ça le lendemain l'arbitre il vient, il voit que le terrain est inondé et le match est reporté. » Sauf que pour cela il aurait fallu que le bon Dieu nous aide durant la nuit, qu'il tombe des cordes … Or le lendemain il faisait un soleil éclatant ! Quand les joueurs et les délégués sont venus au stade, ils se sont dit « Il y a un problème. »... « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il n'est pas tombé une goutte d'eau à Montpellier et le terrain est impraticable ? » Impraticable, il était ! Je pense que l'arbitre n'avait pas été dupe mais qu'il avait été conciliant. Le match a été donné à rejouer, les dirigeants de Lens n'ont pas porté le pet, ce qui fait qu'on a pu rejouer dix jours après mais avec l'équipe au complet. Et là on a pu « torcher » Lens (rires). Après on est tombé contre Saint-Etienne en quart de finale.

C'est alors la fameuse partie de pétanque sur la pelouse de La Mosson avant ce match contre les Verts ...

À cette époque-là, on avait une petite tribune, un praticable de 500 places où on était tout le temps. Or, il arrive le grand Saint-Etienne de Platini, Rep, Rocheteau etc. Tout le monde veut des places alors que toute l'année tu joues devant 5 000. Moi, quand je vais pour retirer mes 500 places, on me dit « Non, non, non tu en as que 200. » Et pour les 300 autres qui viennent toute l'année, ce n'était pas possible. Il allait y avoir le feu. Qu'est-ce qu'on fait ? On avait alors un match contre Cannes. J'appelle les collègues, on en discute et on décide de faire une action. Une grève pour que la rencontre ne se joue pas. On décide de venir le jour du match à 14h sur le terrain et de se mettre à jouer aux boules. On organise un concours. J'avais pris mes précautions et j'avais appelé Axel Angel qui était à FR3, des amis qui travaillaient à Midi Libre pour leur donner des explications : « Ce soir il n'y aura pas de match. » Eux, ils l'ont fait savoir à d'autres médias et d'un coup tout le monde a accouru à La Mosson, nous en train de jouer aux boules. Louis Nicollin essayait de me joindre pour me dire « Mais tu es fou ! » et si et mi. Je lui explique alors qu'il se passe ça et ça. Il n'était pas au courant de ce qu'il s'était passé et à 17h le problème était réglé. Le trésorier du club est venu me voir pour me dire « Ca y est tu as tes 500 places. » Ça fait aussi un peu partie des anecdotes de ces premières années de la Paillade.

Une dernière pour la route ?

Une fois, pour aller à Libourne, on s'est tapé le voyage dans un bus de la ville. On n'avait pas d'argent et Yvan Velay, qui était président d'honneur chez nous mais aussi un des responsables à la Tam, me dit : « Le seul truc que je peux vous mettre à disposition, c'est un bus de la ville. » On est donc parti avec ça, un bus avec les sièges en bois ! Ça fait partie des déplacements qui, à moi, m'ont laissé un bon souvenir...

[ ... À suivre ... ]

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