Doublure de Laëtitia Philippe en championnat, Solène Durand retrouve depuis plusieurs saisons une place de titulaire en Coupe de France. A l'heure de retrouver Toulouse en 16e de finale de la compétition (dimanche, 14h30 à Grammont), la gardienne montpelliéraine raconte ses souvenirs avec « Dame Coupe »
Il y a des dates qui comptent dans une année… Les anniversaires, Noël… Et pour Solène Durand, il y a aussi la Coupe de France. « C’est vrai que j’attends toujours avec impatience que cette compétition débute, sourit-elle. La coupe me permet de me vider la tête et de jouer car ce n'est pas toujours facile d'être n°2… Mais quand on voit la qualité des matchs de Laëtitia (Philippe), il n'y a pas grand-chose à redire non plus… Au-delà de ça, la Coupe est toujours très importante pour le club. C’est une compétition à part. »
Une compétition à part au cours de laquelle, à 21 ans à peine, Solène s’est déjà forgée un bel album souvenirs. Le 1er d’entre eux ? Un derby contre Nîmes, rien que ça. « C’était en janvier 2012, une semaine après mon 1er match de D1 contre Vendenheim, se souvient la gardienne montpelliéraine. C'était à l'annexe des Costières, il y avait beaucoup de monde, ça criait un peu de tous les côtés. J'étais jeune, je ne savais pas ce que représentait un derby entre Nîmes et Montpellier… C'est toujours un match compliqué, heureusement, on avait gagné 2-1. »
Un premier rendez-vous avec Dame Coupe de France qui en a appelé bien d’autres. Son plus mauvais souvenir « une défaite 6-0 à Lyon il y a 2 ans »… Le meilleur ? « La victoire en quart de finale contre Juvisy la saison dernière. J'aurais aussi pu dire la 1ère mi-temps de la finale à Lyon l’an dernier mais comme la défaite est au bout… sur le côté extra sportif, je me souviens d’avoir récupéré le dernier maillot lyonnais de Lara Dickenmann avant son départ pour Wolfsbourg. » (sourires)
Parmi ses plus belles histoires de Coupe, le parcours des Montpelliéraines la saison passée occupe une place de choix. « Contre Nîmes, d’abord, on se fait égaliser à la fin et on passe aux tirs aux but. Ça nous a permis de mûrir pour les matchs suivants. » Passée la victoire à Ambly au tour suivant, le quart de finale contre Juvisy a aussi été important. « Un match référence », selon Solène. « C’était serré, dur dans les impacts mais ça fait plaisir de jouer un match comme ça.» Un succès à Saint-Etienne en demi-finale - « dans un stade Geoffroy-Guichard m’a toujours fait rêver car quand j’étais petite car j'allais voir tantôt Lyon, tantôt Saint-Étienne puisque ce n’était pas très loin de chez moi. » - Et puis vient le temps d’évoquer cette finale contre Lyon à Calais en mai dernier. « J’ai essayé de faire du mieux que je pouvais, du moins durant la première mi-temps, se souvient-elle. En seconde période on a eu un peu plus de mal mais je pense que ça a été un match référence pour toute l'équipe. Ça nous a permis de nous révéler car tout le monde pensait qu'on allait prendre une raclée et d'enchaîner ensuite sur notre saison actuelle qui est très positive. »
Un début de saison dont la gardienne montpelliéraine estime qu’il est « correct. C'est vrai que la défaite contre Paris nous a fait un peu mal. À nous de nous remettre sur le droit chemin et d'aller les titiller jusqu'au dernier match. Tout reste possible. On ne lâchera rien jusqu'au bout. »
En attendant de retrouver le championnat, c’est bien en Coupe de France que les Montpelliéraines seront engagées ce week-end. Si elle espérait croiser Chatenoy-le-Royal, son 1er club situé dans sa Bourgogne natale, c’est bien Toulouse (pensionnaire de D2, comme La Véore au tour précédent) qui se présente à Grammont. « J'étais forcément déçue de ne pas croiser Châtenoy-le-Royal, surtout que quand je vois le tirage, je me dis qu’elles ont peu de chances de passer (elles reçoivent Lyon NDLR). Concernant Toulouse, cela reste une bonne équipe avec des joueuses de qualité. Ça va être match intéressant. »
Mais au fait Solène, c’est quoi ce fameux charme de la Coupe ? « D’abord, ce qui fait son charme c’est que sur un match tout est possible. On l'a vu l'année dernière contre Nîmes où on a dû aller jusqu’aux tirs au but pour l’emporter… et derrière on fait douter Lyon en finale. Il est toujours difficile de rivaliser sur une saison avec une équipe comme Lyon. En revanche en coupe, sur un match tout est possible. C'est ce qui rend cette compétition si passionnante. J'ai remporté des titres avec les U19 mais jamais avec la D1. Soulever ce titre serait vraiment quelque chose de fabuleux. »
Reste à évoquer cette adrénaline si particulière, surtout pour une gardienne de but qui ne joue que cette compétition ; cette sensation qui fait que l’aventure peut s’arrêter au bout de 90 minutes et que chaque match peut être le dernier. « C'est toujours difficile, c’est vrai, mais mes parents m'ont toujours dit que c'était une chance de pouvoir faire de ma passion mon métier grâce au football. Du coup, je prends ça avec beaucoup de recul. Je veux simplement profiter de chaque instant que je sois sur le terrain, sur le banc ou dans les tribunes si je suis blessée. Dans tous les cas je serai toujours là pour l'équipe car ça reste une 2e famille. Par rapport à cela, je ne peux pas me permettre de faire la gueule ou de me mettre de côté parce que je ne joue pas. Il faut être réaliste, beaucoup de joueuses seraient heureuses d'être à ma place. »
Une belle leçon d’humilité et d’esprit d’équipe qui reflète parfaitement le personnage de Solène Durand, souriante et qui a le sens du collectif. Mais attention, ne croyez pas que le plaisir soit son seul moteur. Gagner est aussi un mot phare de son vocabulaire : « On va tout donner pour aller en finale et j’espère qu'on va arriver à la gagner, conclut Solène dans un large sourire. Ça fait deux fois que je fais une finale avec la D1 et deux fois que je la perds. Cette fois-ci, ce serait top de la gagner et de ramener un trophée aux Présidents ». Espérons que « Dame Coupe » se laissera enfin apprivoiser…
