Longtemps considérée comme une joueuse de talent en devenir, Marion Torrent semble franchir un palier cette saison. A l’aube de recevoir Lyon (dimanche 14h30, 11e journée de D1 féminine), la défenseur montpelliéraine revient sur son évolution et évoque cette rencontre tant attendue.
Les confrontations entre Montpellier et Lyon, elle connait ! Pour preuve, dimanche après-midi, Marion Torrent pourrait affronter l’OL pour la 18e fois de sa carrière. C’est dire si la défenseur montpelliéraine (23 ans) est bien placée pour évoquer ce rendez-vous face aux Rhodaniennes. « C'est sûr que je connais la saveur qu’un tel match peut avoir, sourit-elle. C'est toujours un match particulier que l'on attend avec beaucoup d'impatience ; un match où on a la volonté de créer l'exploit, d'être concentré à chaque instant et de ne rien lâcher car on sait très bien que ça va se jouer au moindre détail. C'est une rencontre qui permet de se jauger face à de grandes joueuses aussi… En résumé, une confrontation intéressante sur énormément de points. »
Dans son catalogue des confrontations MHSC – OL devenu au fil des années le « clasico » du championnat, Marion en retient 2 en particulier. « On a subi des gros scores, mais il y aussi eu d’autres rencontres plus serrées, se souvient-elle. Mon meilleur souvenir ? Paradoxalement, c’était en 2008-2009 lorsque nous les avons éliminées de la Coupe de France aux tirs aux buts. Je m’étais échauffée mais je n’étais pas rentrée… » Et le plus mauvais ? « Les éliminations en coupe. La finale perdue de l'année dernière a fait très mal. »
Mais si on a voulu rencontrer Marion Torrent avant cette rencontre, ce n’est pas seulement pour ouvrir l’album souvenir de ses MHSC – OL. C’est aussi pour évoquer sa progression personnelle. Considérée dès son arrivée au club à l’âge de 12 ans comme le fleuron de la formation montpelliéraine, elle a mis du temps à enchaîner les matchs et devenir un pilier de cette équipe. Un statut qu’elle acquiert depuis presque 2 ans et demi maintenant. « A l’époque, je ne me rendais pas vraiment compte de ça, J’étais jeune et dans la même dynamique que mes
copines, donc je rigolais ; parfois quand il y avait des bêtises à faire, je les faisais… il fallait que je tienne un comportement exemplaire mais je m'en suis rendue compte plus tard et j’ai essayé de mettre tous les atouts de mon côté pour réussir, raconte-t-elle. Est-ce que c’était difficile à porter ? Je ne dirai pas ça car c’est toujours agréable quand on parle de toi mais quand on parle beaucoup il faut assumer derrière et c’est parfois difficile. Ça m'a forgé aussi. » Devenu un cadre de la formation montpelliéraine, Marion a mûri, dans le jeu et en dehors. On ne la regarde plus comme la jolie blonde aux yeux bleus au fort potentiel mais comme une joueuse complète, solide et régulière. « Je suis venue à Montpellier pour réussir, j'ai quitté ma famille à 12 ans, donc ça aurait été un échec de ne pas y arriver. Je ne dis pas que j'ai réussi car il me reste beaucoup de travail à accomplir mais je suis très heureuse d’en être arrivée là. Ça a été compliqué mais je pense que je suis sur le bon chemin. » L’occasion d’évoquer avec Marion l’évolution de la section féminine et ces joueuses qui, comme elles, ont été formées au MHSC. « Le club s’est vraiment professionnalisé et on voit l'amélioration au fil des années. Beaucoup de choses sont mises en place pour nous mettre dans les meilleures conditions. C’est top, souligne Marion. Concernant la formation elle a beaucoup évolué. A mon époque il y avait la D3 et la DH et on avait la possibilité de redescendre et de jouer aux côtés de plus anciennes. Aujourd’hui, les jeunes évoluent en U19 exclusivement avec des filles de leur âge. Il y a des bonnes choses des deux côtés. »
Concernant les jeunes U19 qui s’entraînent avec la D1 cette saison et endossent ce rôle qui a été le sien il y a quelques années, Marion Torrent se veut à la fois optimiste et prévoyante. « Elles ont de grosses qualités et j'espère qu'elles auront une belle carrière. Après pour franchir ce palier jusqu’en D1, ça se passe souvent dans la tête. Il faut être fort mentalement. A cet âge-là, pour entrer dans une équipe, tu dois prouver encore et encore, même après un bon match. C’est ce qui est difficile. »
Un statut que Marion retrouve aujourd’hui avec un autre maillot bleu, celui de l’Equipe de France. Passée par toutes les sélections de jeunes, elle a été appelée plusieurs fois en stage en Equipe de France A, mais n’a pas encore vécu sa première sélection. « J’espère que ce n'est que partie remise. Maintenant, il faut être lucide, la sélection c’est un autre niveau et j’ai encore tout à y prouver. »
Une chose est sûre, jamais la section féminine du MHSC, mélange de cadres d’expérience et de jeunes joueuses en devenir ne s’est présentée aussi proche de Lyon (2e à 2 points) avant d’affronter les Rhodaniennes. « Notre début de saison est très positif. On se connaît de mieux en mieux puisqu'on a passé une saison ensemble et les moments difficiles que l’on a vécus nous ont fait grandir, explique-t-elle. Pour l’instant nous sommes 2e donc virtuellement qualifiées pour la prochaine Ligue des Champions. Ce serait super de pouvoir tenir cette place jusqu’au bout et rejouer cette compétition avec le MHSC. »
Lyon constitue donc la prochaine étape sur la route de cette conquête européenne. Une étape de haute montagne mais que Marion ne souhaite pas aborder avec le statut de victime expiatoire. « J'ai impression que je redis chaque fois la même chose mais je pense qu'on peut y croire. On a montré de très belles choses depuis le début de l'année, notamment contre Juvisy et Paris, conclut-elle. Lyon fait partie des meilleures équipes d’Europe, elles n'ont que les internationales et des joueuses qui connaissent la valeur de ces gros matchs, mais elles aussi ont des périodes où elles peuvent se relâcher et ce sera nous d’en profiter. Je suis convaincue qu'on peut faire quelque chose de bien. » Comme un signe du destin, ce 18e rendez-vous entre Marion Torrent et l’OL sera son 13e en championnat. Espérons que ce chiffre sera un porte-bonheur…
