Arrivé cet été, le latéral gauche de 23 ans est une des révélations de la saison montpelliéraine. Portrait
Il est comme ça Jérôme, plutôt du genre timide et discret. Pas homme à trop parler de lui ou à chercher les lumières médiatiques. Son terrain de jeu à lui c’est le terrain justement…. et il s’en sort plutôt bien, au point d’être l’une des révélations de la saison montpelliéraine. C’est la raison pour laquelle on a cherché à en savoir un peu plus sur le latéral gauche de 23 ans.
D’origine guadeloupéenne, Jérôme Roussillon est né à Sarcelles dans le 95. « Mon père jouait au foot au RC Saint-Denis, se souvient le n°24 montpelliérain. Moi j’ai débuté le foot à 6 ans à l’Union Sport Saint-Denis, un autre club de la ville, mais on partageait le même stade. » C’est là qu’il est repéré par l’INF Clairefontaine où il a évolué pendant 3 saisons: les deux premières en jouant parallèlement dans son club de Saint-Denis puis, la 3ème, en U16, au sein de l’équipe de l’INF. « J’ai passé trois superbes années à l’INF, de 12 à 15 ans » , raconte Jérôme, qui y a notamment côtoyé Alphonse Aréola (PSG / prêté à Villareal), Raphaël Guerrero (Lorient), Jérémy Bela (Dijon) ou bien encore Paul Charruau (Valenciennes) pour ne citer qu’eux... le tout avant un autre grand saut, en 2009, où il a intégré le centre de formation du FC Sochaux.« C’est le club qui m’a le plus plu car il donne leur chance aux jeunes. J’y ai vécu de supers années. »
Dans le Doubs, tout s’est vite enchaîné. Alors milieu gauche ou attaquant il a inscrit 30 buts dès sa 1ère saison et décroché le titre de champion de France U17. Mieux, il a disputé la finale de la Coupe Gambardella 2010 (au poste d’arrière gauche cette fois) avec la génération 1991 du club sochalien, pourtant de 2 ans son aînée. « À ce jour, c’est la saison où j’ai pris le plus de plaisir, se souvient-il. Concernant la finale, on avait fait 1-1 face au Metz de Yeni N’Gbakoto et Bouna Sarr avant de perdre aux tirs au but. Cette année-là j’avais aussi inscrit mon 1er but dès mon 1er match en CFA face à Gap. » La suite est une ascension presque logique vers l’équipe première où il a débuté en D1 contre l’AC Ajaccio (victoire 2-1 le 2 mai 2012). « Ça reste un bon souvenir, sourit le néo-Montpelliérain. J’ai eu de la chance car l’arrière gauche titulaire avait pris un carton rouge et son remplaçant aussi, alors le coach m’avait fait rentrer (rires). » La route des sommets lui semblait alors toute tracée mais celle-ci a ensuite pris une tournure bien plus escarpée. Blessé à l’épaule lors du dernier match face à l’OM cette saison-là, il manque l’Euro U19. La saison suivante (2012-2013), il dispute 25 matchs avant de se faire une fracture du péroné lors de l’ultime match de la saison face à Bastia. « J’ai galéré pendant un an avec cette blessure, se souvient-t-il. Dès ma reprise, je me suis fait une fracture du 5ème métatarse à l’entraînement, puis, après ma convalescence, j’ai repris un coup sur le péroné et finalement, j’ai dû me résoudre à me refaire opérer. »
Là-aussi, l’affaire est lourde de conséquences et le prive d’une participation à la Coupe du Monde U20 remportée par ses compères de l’équipe de France Pogba, Aréola, Thauvin ou Digne. « C’était une période très compliquée. J’étais ravi pour eux mais ça m’a fait un petit pincement au cœur de ne pas être là. Mais ce qui ne te tue pas te rend plus fort. »
Le temps de se remettre de ces mésaventures et la saison dernière lui permet de voir qu’il n’a rien perdu de ses qualités. Suffisant pour convaincre le MHSC de l’engager dès le mercato d’hiver de la saison passée avant d’intégrer l’effectif montpelliérain cet été. « J’avais plusieurs propositions mais le discours des dirigeants du MHSC m’a convaincu. Je savais que si je me battais, si je donnais le maximum, j’allais finir par avoir ma chance et c’est ce qui s’est passé. »
Apparu à 27 reprises depuis le début de la saison, ce latéral gauche rapide et puissant a déjà inscrit 2 buts et délivré 2 passes décisives, se faisant une place de choix au sein de l’effectif montpelliérain. « J’avais une bonne image du MHSC avant d’y arriver ; celle d’un club sain, structuré, familial qui a été sacré champion de France en 2012 et dont l’équipe sortait d’une très belle saison puisqu’ils ont fini 7e l’an passé, détaille-t-il. Jusqu’ici, tout ce qu’on m’a dit s’est confirmé. C’est un très bon club de L1. On voit aussi que c’est une belle famille. J’ai été bien accueilli, bien intégré. Je suis content d’être ici je n’ai aucun regret d’être venu. Quand on dit que c’est un club familial, c’est la vérité. Ça se rapproche de ce que j’ai connu à Sochaux qui est un club très famille où tout le monde se connaît. Ici c’est pareil. »
Fan de Robero Carlos et de Patrice Evra, Jérôme Roussillon fait étalage de son talent depuis le début de la saison. Sa grande timidité hors du terrain – « Quand je connais la personne ça va beaucoup mieux mais c’est vrai que ce n’est pas moi qui irait faire connaissance ce n’est pas mon tempérament. J’ai besoin de temps pour bien connaître les gens avant d’aller vers eux.» - tranche avec son esprit d’initiative sur le rectangle vert. Capable de jouer indifféremment au poste de latéral gauche ou de milieu gauche, ses qualités de vitesse, de puissance et de percussion apportent de la variété, de la créativité et des qualités de décalage au jeu offensif montpelliérain. « Je dois m’améliorer sur la lucidité dans mes centres, souligne-t-il. J’ai l’impression d’avoir pas mal progressé depuis mon arrivée mais j’ai encore une marge de progression. »
Reste à évoquer la saison collective du MHSC. « Elle est difficile, reconnaît Jérôme Roussillon. On flirte avec la zone rouge, parfois même on est dedans mais maintenant c’est le sprint final. Il faut tout donner pour arracher notre maintien en L1. Tout le monde a pris conscience de la situation. Je suis convaincu qu’on va s’en sortir. » Autre spécificité, Jérôme fait partie des rares joueurs de l’effectif à avoir joué le maintien dans sa carrière. C’était avec Sochaux. L’occasion d’évoquer avec lui cette lutte si particulière. « L’important dans ce genre de situation c’est de beaucoup se parler et de rester soudés. Quand un équipier tombe, tout le monde doit aller l’aider. Quand tu joues le maintien, c’est un combat tous les week-ends. »
Prochaine étape vendredi soir contre Lyon. Un match de prestige face à une des plus belles équipes du championnat que le n°24 montpelliérain aborde avec beaucoup d’envie. « C’est un très gros match, reconnaît-il. En plus, les Lyonnais voudront sans doute prendre leur revanche par rapport à leur défaite à l’aller (4-2). Il faudra se donner à 110 % pour espérer faire un bon résultat. Ils sont en course pour une place qualificative pour la prochaine Ligue des Champions ; de notre côté, on a besoin de points pour le maintien, donc ça va nous donner un beau match. On aura aussi besoin de nos supporters. Leurs encouragements sont très importants pour nous. A nous de leur rendre ce soutien par une victoire. »
Prendre au moins un point serait une belle opération pour les Montpelliérains dans leur quête de maintien. Un maintien que Jérôme Roussillon ira sans doute fêter loin du Languedoc, dans son île natale de la Guadeloupe.
Une chose est sûre, il a déjà été adopté sur les bords de La Mosson « Je m’éclate à Montpellier, conclut-il. Je ne regrette pas mon choix. » Le MHSC non plus…
