A pas encore 20 ans, la jeune attaquante montpelliéraine est un des grands espoirs du club qui affronte Muret ce samedi à Grammont (18h) dans le cadre des 16e de finale de la Coupe de France. Portrait
Féminines - portrait
Son poste, sa morphologie, ses qualités de vitesse et de percussion, et même les 4 premières lettres de son nom ne sont pas sans rappeler une grande attaquante internationale française passée par le MHSC… Une certaine Elodie Thomis… « Quand je suis arrivée en Métropole on me taquinait un peu là-dessus, ça fait toujours plaisir mais je suis encore loin de son niveau…» La comparaison s’arrête donc là… Car la nouvelle attaquante en devenir du MHSC s’appelle Lindsey Thomas, pas encore 20 ans mais déjà de très belles qualités de buteuse puisqu’elle a inscrit 4 buts en 8 apparitions en D1 cette saison.
Née dans l’Archipel des Saintes, à Terre-de-haut au sud de la Guadeloupe, Lindsey a toujours été très sportive. « J’ai fait de la natation, du judo, du tennis, de l’athlétisme mais il y avait toujours du foot en parallèle, se souvient-elle. J’ai commencé le foot à l’âge de 7 ans, j’étais la seule fille, on m’appelait garçon manqué, un peu comme quasiment toutes les filles qui jouent au foot. Ça ne me dérangeait pas plus que ça... Et puis, j’ai arrêté les autres activités en parallèle les unes après les autres pour me consacrer au foot. »
Une passion pour le ballon rond qui la poussa même à quitter son île natale à l’âge de 15 ans pour rejoindre le club de Blanquefort en parallèle du Sport Etudes de Mérignac, près de Bordeaux. Un changement de vie qui a forcément induit une certaine période d’adaptation. « Le fait d'être loin de la famille, ce n'est pas évident, raconte-t-elle. J'étais seule et j'ai dû apprendre à me débrouiller. Ça m'a permis de développer l'autonomie. Mon quotidien a changé, il est devenu très organisé entre le foot et les études… Il a aussi fallu s’adapter à l’alimentation, au climat, mais aussi au fait d’évoluer avec des filles ce qui ne m’était jamais arrivée. J’avais un caractère qui faisait que je n’allais pas spécialement vers les autres, donc ça a été compliqué. Il m’a fallu deux bons mois pour trouver mes marques »
Suffisant pour se faire une place et taper dans l’œil des dirigeants du MHSC. Un an seulement après son arrivée en Gironde, cette attaquante véloce et adroite devant le but rejoint le club montpelliérain, en 2011. « Au début, je n’ai pas trop réalisé, reconnait-elle. Je savais que le MHSC était un grand club, très organisé, avec de belles structures, où avait évolué de grandes joueuses par le passé. »
Et puis tout s’est enchaîné : Deux titres de championne de France U19 avec le MHSC (2012 et 2013) avec la fameuse génération dorée des 94-95, une convocation surprise avec les Bleuttes et un titre de Championne d’Europe en 2013 avec l’équipe de France des moins de 19 ans, puis, enfin, une participation à la Coupe du Monde U20 l’été dernier au Canada avec les jeunes tricolores. Une ascension accélérée sur laquelle, de son propre aveu, Lindsey Thomas, très timide et réservée, a eu du mal à apprécier à sa juste valeur. « Ça fait partie de mes défauts, j'ai du mal à réaliser toutes les choses que j'ai pu accomplir depuis mon arrivée. Je suis plus focalisée sur les choses à améliorer que sur ce que j'ai vécu. Cela dit, ces titres en club et en équipe de France restent des moments extraordinaires. »
Entre ces deux aventures en bleu, Lindsey Thomas a découvert la D1 féminine la saison passée avec le MHSC. « ça a été une année d’adaptation, explique-t-elle. Je jouais les matchs en U19 mais c’est la première année que je m’entraînais avec la D1. Il a fallu que j’encaisse cette nouvelle charge de travail, que je trouve mes repères... Je n’étais plus avec ma génération mais avec des adultes donc c’était différent aussi de ce point de vue-là. »
Passée cette période d’adaptation, Lindsey a pris une nouvelle dimension cette saison. Entrée en jeu à 8 reprises depuis l’ouverture du championnat, elle a déjà scoré à 4 reprises. « Je me sens beaucoup mieux cette année, je suis plus épanouie. J’ai l’impression d’avoir franchi un palier. La Coupe du Monde et le début de saison avec le MHSC où j’ai senti la confiance du coach m’ont aidée à avoir quelques certitudes sur ce que je suis capable de faire, explique-t-elle. Ça fait du bien et je suis satisfaite même si je suis consciente que je dois continuer à travailler pour progresser ». Et lorsqu’on lui demande ce qui change entre les U19 et la D1, Lindsey Thomas a une idée très précise de la question. « En U19 tu peux jouer arrêté, prendre le temps de regarder, accélérer quand il faut, bien te positionner alors qu’en D1 il faut être constamment en mouvement, voir vite, orienter vite parce que ça sort vite sur le porteur du ballon, il faut être plus dure dans les duels aussi.»
De D1 il ne sera pas question ce week-end puisque le MHSC affronte Muret (D2), ce samedi (18h à Grammont) dans le cadre des 16e de finale de la Coupe de France. « La Coupe est un objectif important, reconnait l’attaquante montpelliéraine. On est passé par la petite porte contre Nîmes au tour précédent et il faut tout faire pour poursuivre notre parcours dans cette compétition et confirmer notre bon début du mois de janvier. A titre personnel, j’espère continuer à progresser et à grappiller du temps de jeu. » Histoire de continuer à rendre fière sa famille qui suit son ascension là-bas en Guadeloupe. « Parfois, ma famille me manque mais comme c’est moi qui ai décidé de partir je dois assumer ce sont les sacrifices à faire pour faire du sport de haut niveau et je les ai fait même s’il me tarde de revoir ma famille cet été. » Nul doute que d’ici là Lindsey aura encore progressé… Et confirmé les espoirs placés en elle par le MHSC.
