L’attaquante du MHSC disputera son dernier match à domicile ce week-end contre Arras (15h Grammont 7) avant de mettre un terme à sa carrière le week-end prochain à Saint-Etienne. Retour sur la riche carrière de l’une des figures marquantes du foot féminin français.
Une grande dame du foot féminin s’apprête à tirer sa révérence. Pas tout de suite, certes, puisque son dernier match sera la semaine prochaine à Saint Etienne… Mais ce week-end contre Arras, Hoda Lattaf foulera pour la dernière fois la pelouse de Grammont. « Je ne réalise pas encore vraiment. Pour moi je suis encore dans mon quotidien, souligne Hoda Lattaf, mais, d'un autre côté je me dis forcément que ce sera un moment particulier ». Au fil des échanges en effet, la voix d’Hoda a changé et l’émotion est montée. Comme si elle réalisait peu à peu qu’il était bientôt l’heure pour elle de raccrocher les crampons. « Je profite juste des derniers moments. Je commence à m’en rendre compte et à y réfléchir quand je me retrouve seule. Le fait de te dire que tu n'auras plus ton sac à faire, les déplacements… alors que toute ma vie j’ai été habituée à ça, ça fait bizarre, mais cela fait partie de la vie d’une sportive de haut niveau »
Pourtant, sa décision était prise depuis quelques temps déjà. « Dès le début de saison je savais que c'était ma dernière année. Depuis que j'ai rencontré l'homme de ma vie et que je me suis mariée l'été dernier, j'ai désormais d'autres projets en dehors du football, explique-t-elle. Avant je ne voyais que par le foot, je faisais tout pour réussir ma carrière. Maintenant les priorités sont différentes. Mon mari a été patient, il a accepté que je fasse une année de plus, mais j'aurai 36 ans le 31 août donc, si je veux avoir une vie de famille j'aimerais bien mettre toutes les chances de mon côté pour la concrétiser. »
Une page se tourne donc pour Hoda Lattaf… Mais aussi pour l’ensemble du foot féminin français dont elle a été une des pionnières au même titre que deux autres anciennes Montpelliéraines : Camille Abily et Sonia Bompastor. Repérée dans sa ville natale de Bordeaux par un certain Philippe Bergeroo, Hoda a rapidement fait la différence par ses qualités de vitesse, de technique, de puissance et son sens du but. Passée par le FC Lyon, avec qui elle a décroché son 1er titre de championne de France, Hoda fait partie de la génération qui a inauguré le CNFE Clairefontaine à sa création en 1998. Ensuite, sa carrière l’a menée à La Roche sur Yon puis au MHSC où elle a posé ses valises une première fois en juin 2001. « Je suis venue ici après un coup de fil de M. Biton et du président Louis Nicollin. À l'époque le club de Montpellier venait de fusionner avec Castelnau-le-Crès et souhaitait monter une grande équipe. Le projet m’a tout de suite séduit. » Dans son sillage, plusieurs internationales ont rejoint le club et les Montpelliéraines ont été sacrées championnes de France en 2004 et 2005. Un an plus tard, dans la foulée d’un superbe parcours en Ligue des Champions où le MHSC était alors tombé de justesse en demi-finale face à Francfort, Hoda avait choisi de retourner à Lyon. « C’est une satisfaction d'avoir fait partie des projets de la création du Montpellier Hérault féminin, puis de faire la même chose avec Lyon lorsque cette équipe voulait également prendre une nouvelle dimension dans le foot féminin. Ces deux défis ont été passionnants »
Mais Montpellier a toujours eu « une place à part » dans le cœur d’Hoda Lattaf. Rien d’étonnant donc à ce que l’attaquante internationale tricolore (112 sélections, 31 buts) soit retournée au MHSC en janvier 2009. « J'ai toujours dit que je voulais finir ma carrière à Montpellier et construire ma vie ici… et j'ai eu la chance de pouvoir le faire. La coach de l’époque, Sarah M’Barek, m'a proposé de revenir et le Président a eu la gentillesse de valider ce retour. J'avais envie de transmettre mon expérience et de le faire ici car le MHSC et ses dirigeants ont toujours été là pour moi et ça reste mon club de coeur. Ce club fait partie de ma vie. C'est comme une famille ».
Impossible de retrouver le nombre exact de buts inscrits par Hoda Lattaf, autant sous les couleurs montpelliéraines que sur l’ensemble de sa carrière. Pas la peine non plus de demander aux défenseurs où aux filets adverses qui ont tremblé trop de fois… « Je n’ai pas compté », sourit-elle. Mais à quelques encablures de mettre un terme à son périple teinté de foot, Hoda Lattaf dresse un regard « plutôt satisfait » sur sa carrière. « J’ai déjà eu la chance que mes parents me laissent très vite quitter la maison pour exercer ma passion, ça, ça n’a pas de prix. Il y a eu des hauts et des bas, c’est vrai mais tu ne peux pas avoir une carrière linéaire, ce n'est pas possible. Les moments difficiles m’ont rendu plus forte pour la suite. Mon seul regret reste l'équipe de France puisque ma carrière internationale s'est malheureusement arrêtée assez tôt et sans véritable raison, poursuit-elle. Au-delà de ça, j’ai eu la chance de jouer dans des grands clubs et de jouer des grandes compétitions et de rencontrer des gens extraordinaires. Je n'ai pas à me plaindre. En tout cas, je tiens à remercier les Présidents du MHSC. J’ai aussi une pensée pour toutes les joueuses et les personnes qui ont compté dans ma carrière. »
LE QUIZZ D’HODA LATTAF
Ses trois meilleurs souvenirs : « Mon premier titre de champion de France avec le FC Lyon (1998), les deux titres de championnes de France avec Montpellier (2004 et 2005), les demi-finales de la Ligue des Champions avec le MHSC (2006) »
Son but préféré : « Un retourné acrobatique inscrit à La Mosson en 2005 contre La Roche-sur-Yon)
Un match : « Il y en a plusieurs, c'est difficile d'en sortir un mais je dirais le match du premier titre avec Montpellier en 2005 ici, à Perols, contre le FC Lyon »
