Au cœur, bien malgré lui, d’un « buzz » médiatique dont internet et la TV ont le secret, Mapou Yanga-Mbiwa s’est entretenu avec nous sans langue de bois sur sa jeune mais déjà fournie carrière, ses rapports avec les médias et son avenir.
Mapou , tu as tout juste 22 ans et une carrière en pro qui déjà inspire le respect (145 matchs de Ligue 1+ Ligue 2), quel regard portes- tu sur ce parcours ?
C’est clair que sans m’en rendre vraiment compte j’ai un parcours qui commence à compter. Mais il n’y a pas de hasard. J’ai comme tout le monde pu douter à mes débuts, mais j’ai toujours pensé que le travail et la rigueur chasseraient ces doutes. Au fur et à mesure des matchs j’ai gagné en confiance, je me suis libéré, j’ai tenté davantage de choses et tout s’est enchainé. Je n’ai pas vraiment calculé. J’ai juste travaillé pour pouvoir conserver ma place et enchainer les matchs.
Ce travail et cette rigueur dont tu parles t’ont permis de devenir un cadre de l’équipe (34 matchs de moyenne sur les 4 dernières saisons uniquement en championnat), cette saison tu franchis un nouveau palier en devenant capitaine, une autre étape dans ta carrière ?
Là encore pas de calculs. J’ai hérité du brassard et je suis conscient de ce que cela représente. En équipe de jeunes, être capitaine c’est un truc plutôt fun et marrant, tu es content d’être le « chef » de tes potes, mais en pro cela a une toute autre importance. J’ai pu découvrir les obligations d’un capitaine d’une équipe de Ligue 1. Les réunions d’avant match avec les arbitres, le protocole avant le coup d’envoi, le rôle de relais sur le terrain. La plupart de mes coéquipiers sont plus âgés que moi, donc je me dois d’être encore plus irréprochable avec ce rôle, éviter les cartons, tempérer mes partenaires, discuter avec les arbitres. D’un seul coup tout devient plus sérieux. Je me dois de faire plus d’efforts encore, d’être encore plus rigoureux et cela ne me déplaît pas et n’a rien de contre nature, dans tous les cas je prends ce rôle au sérieux sans pour autant me prendre trop au sérieux.
Justement ce rôle d’exemplarité a été écorné à Bordeaux avec ton expulsion et le « buzz » qui est né à la suite de ton échange avec un journaliste de Canal + ; peux tu nous en parler ?
Je m’y attendais (sourire). Sincèrement je n’ai pas de problèmes avec les médias.
Pour le cas de Bordeaux . Cette vidéo qui a tourné en boucle me fait passer pour un méchant, cela ne me ressemble pas et je veux resituer le contexte. Nous sommes menés 2 à 0. Je me fais expulser sur un second carton jaune que je considère comme sévère d’autant que le premier l’est aussi. J’ai à ce moment là la fatigue du match (80 minutes de jeu NDLR) et la déception de laisser mes coéquipiers à 10. Je me retrouve après le long couloir de Chaban-Delmas dans la cour qui mène au vestiaire et là j’ai deux caméras qui se braquent aussitôt sur moi avec la lumière, un micro qui se tend et une question que je juge inopportune. J’ai donc eu une réaction un peu vive, si elle a été mal perçue par le journaliste ou sa famille je m’en excuse mais ce sont les circonstances du match et de mon expulsion sévère qui m’ont mis hors de moi , mais sincèrement je ne comprends pas le battage qui a été fait autour de cela.
Concernant plus globalement tes rapports avec les médias , quels sont- ils ?
Tant qu’on m’interroge sur des sujets liés à l’actualité de l’équipe et en rapport avec les matchs passés et à venir je n’ai aucune gêne ni crainte à m’exprimer. Par contre je ne cautionne pas du tout le battage médiatique lié aux polémiques diverses.
Je comprends par exemple que les TV apportent beaucoup au football grâce aux droits versés, mais côté vestiaires je trouve que cela devient chaque année un peu plus intrusif. Je conçois que ce qui se passe dans un vestiaire puisse intéresser les gens mais pour nous joueurs le vestiaire reste un sanctuaire, notre lieu où nous avons nos habitudes et nos repères. Désormais il faut être sans cesse sur le qui vive par rapport à ce qu’on peut dire, ou ce que l’on peut faire. A la fin des rencontres quand on célèbre une victoire la TV est immédiatement omniprésente, nous n’avons pas le temps de savourer ces moments entre nous et je le regrette. Mais je le répète je n’ai aucun problème avec des questions objectives et pertinentes. Je suis conscient que les obligations médiatiques font partie de la panoplie du footballeur moderne, nous conservons néanmoins nos sensibilités propres et on ne peut pas nous obliger à aller là où certains aimeraient nous emmener à travers des questions tendancieuses et subjectives.
Ton parcours laisse augurer un bel avenir pour toi, est ce que tu as ce qu’on appelle un « plan de carrière » ?
Pas du tout, je me concentre sur le moment présent, sur ce que l’on est en train de vivre avec le club et les copains et qui est très intéressant. Après mon avenir peut bien évidemment évoluer car il y a des offres que l’on ne peut pas refuser. Pour l’instant en tous les cas je suis sous contrat et je me sens très bien au MHSC. Après si des offres concrètes arrivent il sera temps d’en discuter avec mes Présidents mais pour le moment je suis Pailladin à 100%.
Une question est souvent revenu ces dernières semaines, Mapou Yanga- Mbiwa va t-il être appelé en équipe de France, question subjective ou objective ?
(Grand sourire) Objective ! Cela ne me gène pas d’en parler et c’est très clair dans ma tête. Je n’ai ni amertume ni déception vis-à-vis de cela. Si je n’ai pas été appelé, c’est qu’il me manque encore quelque chose pour intégrer cette équipe. Cela me recentre donc sur le travail à fournir et l’envie de progresser pour pouvoir être appelé.
Et si cela n’arrivait pas dans un futur assez proche aurais tu envie de tenter une aventure internationale avec la République de Centrafrique ?
Il est certain que si dans 2 ou 3 ans je n’ai toujours pas été appelé en Equipe de France , je pourrais donner une suite favorable à cette opportunité, on verra …
Pour terminer cet entretien Mapou , peux tu nous livrer tes impressions sur cet excellent début de saison et sur l’avenir du MHSC ?
Je crois que sans « nous la raconter », nous avons vraiment un gros potentiel avec ce groupe. Il y a du plaisir dans le jeu et en dehors. On sent que l’on en a encore sous le pied. L’an passé déjà on a senti que l’on avait ce fort potentiel mais on faisait parfois les choses « à mi temps ». Cette année c’est du temps complet et cela se ressent dans le jeu et dans les résultats ! Je ne sais pas jusqu’où on peut aller mais nous essaierons d’aller le plus haut possible !
