Rassurant de par son ton de voix calme et son élocution sans fausse note, le nouveau gardien montpelliérain l’est aussi par la qualité de ses performances sur le terrain. Itinéraire d’un garçon au discours passionnant qui a déjà conquis ses nouveaux supporters.
Il n’a fallu que quelques semaines à Benjamin Lecomte pour rentrer dans l’histoire du MHSC. Il faut dire que le natif de Paris, arrivé cet été au MHSC est le premier gardien non formé au club à s’imposer durablement dans les cages montpelliéraines depuis Stéphane Cassard à la fin des années 2000* ; une éternité. « Je le savais, c’était un challenge en arrivant, sourit l’intéressé. Après, est-ce que je me suis encore imposé ? Je ne sais pas… En tout cas, j’essaie de faire les meilleures prestations possibles pour laisser ma trace dans ce club. »
Ça semble plutôt bien parti tant ses performances depuis le début de la saison sont d’une grande régularité. Sobre et rassurant, l’ancien gardien lorientais est devenu une des pierres angulaires du dispositif défensif de Michel Der Zakarian et n’est pas le dernier rempart de la 2e meilleure défense du championnat pour rien.
Dernier rempart… une vocation pourtant venue un peu tard pour ce jeune garçon dont le petit frère âgé de 15 ans est aussi gardien et espère pourquoi pas intégrer un centre de formation. « Je pense que le foot a commencé dans le ventre de ma mère, sourit Benjamin. Mon père y jouait et je le suivais tout le temps lors des matchs, ça doit être génétique. Concernant le poste de gardien, je pense que c’était enfoui en moi depuis bien longtemps mais je n’ai basculé dans les buts qu’à 14 ans car mon père et moi estimions que j’avais peut-être plus de potentiel à ce poste-là. Un entraîneur m’a donné ma chance et ça s’est super bien passé pour moi. On a été champion de cette catégorie, on a gagné la coupe des Hauts-de-Seine et cette belle saison m’a donné l’opportunité d’intégrer le centre de formation de Niort. »
Lancé en CFA2 à 16 ans par Pascal Gastien, Benjamin, passé par les équipes de France 18, 19 et 20 ans et qui compte une sélection avec les Espoirs a ensuite rejoint Lorient en 2009. C’est là qu’il a découvert la L1 le 23 octobre 2011 à Nancy après l’expulsion de Lionel Cappone « Le jour de l’anniversaire de mon père », sourit-il. Deux ans et demi plus tard, Benjamin Lecomte ralliait Dijon, alors en L2 « J’avais besoin de jouer, c’est pour ça que j’ai signé au DFCO, explique-t-il. Ça a été une des plus belles saisons de ma vie sportive parce que j’y ai énormément appris avec un super staff qui est d’ailleurs exactement le même que celui d’aujourd’hui. Ma rencontre avec Laurent Weber, le coach des gardiens bourguignons m’a d’ailleurs métamorphosé. » De retour à Lorient à l’été 2014, Benjamin Lecomte avoue alors « ne pas savoir de quoi son avenir sera fait » mais le coach breton Sylvain Ripoll le rassure immédiatement. « Il m’a dit que j’allais être n°1, se souvient Benjamin. Je voulais montrer que j’étais capable d’endosser des responsabilités et cela a pu se concrétiser. » Décisif dès son 1er match à Monaco où il a réalisé une rencontre de grande qualité, il donne raison à son coach et ne quittera plus les cages des Merlus durant 3 saisons. Suffisant pour se faire une belle réputation et devenir un des gardiens les plus sûrs et les plus réguliers du championnat. « J’ai passé de très belles années à Lorient, que ce soit à mes débuts ou à mon retour de prêt. » Et puis il y a évidemment eu la saison passée qui s’est conclue par la descente des Morbihannais en L2. « Je ne sais pas s’il y a pire comme saison, on avait des difficultés, pour ma part j’ai été blessé à la cuisse, je suis revenu mais j’ai eu un contrecoup ensuite. On était à deux doigts de se sauver et, finalement, on est descendu. Cela fait partie du sport mais le plus embêtant c’est pour les gens du club, ça a beaucoup d’impact même si je sais que Lorient a tout fait pour maintenir ses structures comme l’année dernière. On se sent forcément fautif, explique-t-il Malgré ce, je retiens de très bons moments de cette période bretonne. J’y ai vécu beaucoup de belles rencontres personnelles ou professionnelles. Je leur souhaite de tout coeur de retrouver la Ligue 1 car c’est un club qui mérite d’y être »
S’il avoue avoir été marqué par cette descente - « Ça a été très compliqué à vivre et cela nécessite forcément une remise en question personnelle, c’est un retour à zéro, un peu comme un bouton reset. » - il savoure aujourd’hui sa renaissance montpelliéraine. Un choix qui est presqu’apparu comme une évidence pour lui. « Montpellier est le projet sportif qui me correspondait le mieux par rapport à ce qui m’était présenté, explique-t-il. J’avais besoin d’aller dans un endroit où personne ne me connaissait, d’avoir un entraîneur des gardiens qui avait l’expérience du haut niveau, ce qui est le cas avec Teddy Richert. J’avais envie de me mettre en difficulté, de découvrir autre chose et je pense que je suis bien tombé. »
Un nouveau contexte qui ravit en tout cas le nouveau numéro 40 montpelliérain. « C’est vrai que c’est une mentalité très différente de ce que j’ai connu jusqu’ici mais je pense que je me suis très vite adapté sans avoir changé mon comportement, avoue-t-il. C’est un club très professionnel avec de très belles infrastructures. Il y a tout ici pour bien travailler, que ce soit au niveau du staff, des terrains, du médical ou de la vidéo aussi où un travail remarquable est effectué. »
Auteur d’une très belle saison jusqu’ici, ‘‘Benji’’ est en tout cas devenu l’un des chouchous du public montpelliérain, qu’il ne manque d’ailleurs pas de saluer. « Ça fait plaisir quand on rentre sur le terrain de sentir la Butte derrière soi, c’est un régal… Il vaut mieux l’avoir derrière soi que contre soi quand on vient en tant qu’adversaire, sourit-il. J’ai aussi hâte de voir comment ça va être avec un nouveau stade. Mais en faisant des saisons qui se passent bien comme celle-là, j’espère que ça va faire venir encore plus de monde. »
L’occasion de rebondir sur la bonne saison actuelle de l’équipe montpelliéraine. « On est capable de faire du beau jeu tout en gardant ce côté combatif et c’est ce qui créé notre belle alchimie, souligne Benjamin. Je pense que notre saison est bonne et qu’elle pourrait même peut-être être meilleure, c’est ce qui est quelque peu frustrant… Maintenant il reste 11 journées pour essayer d’accrocher cette cinquième place qui est notre objectif, et là, on pourra dire que la saison aura été bonne. Ça va être un long combat mais 11 journées c’est très long et très court à la fois. Ma saison personnelle ? Elle me semble bonne mais, là-aussi, on fera le point dans 11 journées. Je reste concentré sur mes objectifs sur le travail que j’essaie de mettre en place et on fera le bilan à la fin. »
me correspondait le mieux
Et hors du football, qui es-tu Benjamin Lecomte ? « J’aime la vie tout simplement, boire des cafés, manger au restaurant, passer du temps avec la famille et les amis. Je ne suis pas du tout quelqu’un de casanier. J’aime me promener et découvrir la région, et elle me plaît beaucoup d’ailleurs. Montpellier est une très belle ville avec un climat très agréable, reconnait-il avant d’ajouter au moment d’évoquer ses hobbies. J’adore la musique, j’en écoute tout le temps chez moi ou dans la voiture. Je joue également de la guitare. » Une passion qu’il partage avec son coéquipier Laurent Pionnier. « Nous avons pas mal de points communs et ça en fait partie, souligne Benjamin. Laurent est quelqu’un que j’apprécie sur le terrain et en dehors. Les gens comme ça dans le milieu du foot sont très rares. Je m’entends vraiment bien avec lui mais aussi avec Dimitry (Bertaud). Je suis quelqu’un de bosseur mais je ne conçois pas de travailler sans déconner. On peut bien travailler tout en rigolant et j’espère que pour ça, ils prennent autant de plaisir que moi. » De-là à imaginer un duo 100% gardiens à la guitare avec ‘‘Lolo’’, il y a un pas que Benjamin se risque même à franchir. « C’est déjà prévu mais en off, chez lui, avoue-t-il en souriant. Je pense qu’il a un niveau supérieur au mien en guitare mais on va essayer de rendre quelque chose de sympa. »
En attendant, les Montpelliérains vont tout faire pour éviter à Lyon de faire un récital dimanche après-midi à La Mosson. « C’est une grosse affiche que ce soit pour nous parce que Lyon est une grosse équipe du championnat mais aussi pour le club parce qu’on connaît l’attachement qu’avait le Président Louis Nicollin par rapport à ce genre de rencontre, estime Benjamin. Les Lyonnais sont venus gagner chez nous en Coupe de France, mais ce soir le contexte sera tout autre avec en jeu les 3 points de la victoire. Ce sont 3 points qui peuvent changer notre saison mais aussi la leur car ils sont en course pour une qualification en Ligue des Champions », ajoute le gardien montpelliérain avant de conclure « Nous avons montré depuis le début de la saison que nous étions capables de faire de gros matchs contre les ténors du championnat. Je pense que le stade sera aussi bien garni je l’espère et à 12 c’est toujours plus facile de gagner qu’à 11. » Là aussi il sera question de musique, loin de la guitare mais toujours avec la même passion, la vôtre… Amis supporters, à vous de jouer !
*le gardien international ivoirien Gérard Gnanhouan, venu de Sochaux, a gardé les buts du MHSC durant 4 matchs au début de la saison 2005-2006
