Bernard Soccoro : « On est redevenus une famille » | MHSC Foot , billetterie Montpellier Hérault, mhsc match, match Montpellier, led publicitaire, panneau publicitaire led

Bernard Soccoro : « On est redevenus une famille »

Le Club Central des Supporters fête ses 40 ans d'existence ce samedi. à cette occasion www.mhscfoot.com retrace son histoire à travers une interview avec le président historique de l'association : Bernard Soccoro. Troisième et dernier volet de notre interview à découvrir ci-dessous.

Est-ce que le quartier de la Paillade a un peu imprégné le club et lui a donné ses valeurs ou sa culture ? Est-ce qu'en tout cas cela a identifié le club au départ ?

Oui, je pense car au début nos amis pieds noirs venaient d'arriver et ils étaient férus de football. Il y avait toute une passion et une familiarité avec le foot car il n'y avait pas grand chose à faire dans le quartier et on se retrouvait avant le match, après le match . Cela a créé cet esprit de famille qui a perduré pendant de longues années et a collé à la peau du club.

Comment définiriez-vous l'esprit et les valeurs qui sont intrinsèques au MHSC et qui constituent sa base ?

C'est le président qui nous les a inculquées : la passion, bien sûr, l'amitié … et lui il nous donnait vraiment l'envie de participer. Parce qu'il était avec nous, parce qu'il était proche de nous et cela faisait un tout qui a fait qu'on avait envie de se donner à fond pour ce club. Sans penser qu'il atteigne un jour les sommets qu'il a atteint !

Le premier disque qu'il y a eu sur le club c'était : « C'est à petits pas que la Paillade..  »

Un jour ira à Paris ! Gérard Phalipou avait sorti ce disque. On ne se doutait pas qu'en effet La Paillade irait un jour à Paris. On avait un peu pris ça comme une galéjade, ce qui s'est quand même réalisé puisque La Paillade est allé à petits pas en finale de la Coupe de France à Paris.

La première rénovation de la Mosson, est-ce que vous l'avez vécue comme quelque-chose d'indispensable ou surtout comme un petit crève cœur ?

Oui, un gros crève cœur … Mais pour moi le plus gros crève cœur a été quand on a changé les couleurs du maillot. Parce que je m'identifie à La Paillade. C'est normal, il y a l'évolution des choses, il faut vivre avec son temps, depuis 1989 c'est le Montpellier-Hérault. Mais moi j'ai connu La Paillade. Quand les journalistes parlaient de nous, ils disaient la Paillade. Donc, ça a quand même été un mauvais moment à passer. Après il faut vivre avec son temps et il y avait la perspective de la Coupe du Monde 1998 en ce qui concernait le stade. C'est devenu un beau stade même si maintenant il n'est plus d'actualité avec ce qui se fait ailleurs.

Le match contre Lyon pour la seconde montée du club en L1 en 1987, ça fait partie des ambiances les plus bouillantes que vous y avez vécues ?

Ah oui, cela a été un truc de fou, quelque-chose de fantastique. On avait fait un méchoui derrière la tribune la plus proche de la Mosson. On était un groupe de 100 ou 150. Après, tout le monde se fédérait derrière nous à l'intérieur du stade. La semaine avant on avait joué à Nîmes où on aurait pu obtenir l'accession mais cela ne s'était pas fait car on avait fait match nul. Lyon, il faut les gagner à tout prix, ou faire au moins match nul. L'OL, en plus, avec le président, c'est quelque-chose de particulier ! Pour chauffer un peu tout le monde il m'avait demandé de faire ce méchoui pour 200 bonhommes de façon qu'ils soient chauds et qu'ils entraînent tout le monde au niveau de l'ambiance.

on n'avait jamais joué de finale de coupe de france ... et tout le monde voulait aller à paris. J'ai organisé six trains mais la sncf voulait que je signe un contrat... j'ai pris le mégaphone et j'ai annoncé que les trains risquaient de ne pas partir

Les derbys avec Nîmes ont-ils toujours été un peu particuliers ?

Cela a toujours été particulier avec Nîmes, oui. C'est l'Hérault … et c'est le Gard. Disons que ça se passe mieux avec l'Olympique de Marseille ou j'ai beaucoup d'amis ! Avec Nîmes, je ne sais pas si c'est cette proximité qui fait que … Par contre je leur souhaite de retrouver l'élite un jour car ça ferait à nouveau des derbys à jouer.

Après les premières années passions, de la DH à la L1 en 7 ans et les aventures en Coupe, les choses ont-elles changé ?

Elles ont commencé à changer à partir du milieu des années 1990. En 94, 95 le football a commencé à changer, les rapports ont commencé à changer, que ce soit avec les joueurs ou dans tous les domaines. On sentait qu'on rentrait dans une autre ère. C'est sûr qu'on ne peut pas vivre comme 40 ans en arrière mais je le regrette. Je le regrette car je trouve qu'il y a beaucoup d'interdits maintenant. Je prends l'exemple d'un déplacement à Marseille. Quand on allait là-bas, je partais le matin, on allait chez Jacques Pélissier, le président du CCS de l'OM qui avait une brasserie sur la Canebière. On se régalait de passer la journée avec les Marseillais, au Vieux Port et tout ça. On ne peut plus le faire maintenant. On avait des liens avec le club de Strasbourg, on partait la veille pour les voir et on avait un lieu de rendez-vous le lendemain, on visitait la ville, les usines à bière... On a connu des choses grâce au football. Eux c'était pareil, quand ils venaient ici, ils arrivaient la veille et on les amenait passer le week-end en Camargue, on faisait des bouffes ensemble. C'est ça qu'on a perdu, je trouve.

La demi-finale de Coupe de France à Saint-Etienne en 1990 ?

Là, le déplacement avait été chaud. Pour moi et pour les supporters qu'on amenait. On avait fait deux trains spéciaux pour aller dans le Forèz et pendant le trajet on est venu me dire qu'un compartiment avait été mis à sac. Là, cela avait été difficile à gérer car j'en était le premier responsable et j'avais ensuite passé quelques mois pas bien. Il y a eu la finale derrière, qui elle s'est très bien passée.

Parlons-en justement de cette finale et de cette marée bleu et blanche qui avait déferlée sur le Parc des Princes ?

Suite au match de Saint-Étienne et le problème qu'il a eu avec la SNCF, on se retrouve à jouer la finale... On n'avait jamais joué une finale de Coupe de France … et tout le monde voulait aller à Paris ! J'avais organisé six trains. La SNCF, qui avait des doutes sur l'organisation vu ce qui s'était passé trois semaines avant, voulait me faire signer un contrat avant le départ. Mais comme je disais alors : « Je suis bénévole , attendez je ne vous signe pas de contrat ». La veille du match, ils me disent que si je ne signe pas le contrat, les trains ne partent pas. Je dis : « Pas de problème, maintenant les trains ne partent pas... Demain par contre si les trains ne partent pas faites venir toutes les compagnies CRS de la région sinon la gare de Montpellier n'existera plus. Faites comme vous voulez, mais ce n'est pas possible. » Première finale de Coupe de France ! En plus on sentait qu'on pouvait la taper. Les premiers départs étaient prévus à 10 h du matin et à 7h c'était déjà noir de monde. C'était un truc de fou. J'ai pris mon mégaphone et j'ai annoncé qu'il risquait d'y avoir un problème et que la SNCF risquait de ne pas vouloir mettre les trains à disposition. Il y avait deux mille personnes. À partir de là, ils se sont rendu compte que quand il allait y en avoir 10 000... Finalement le trajet s'est fait et À l'inverse du match à Saint-Etienne cela s'est super bien passé.

Avec le résultat que tout le monde connait derrière...

Paris nous réussi quand même dans l'ensemble depuis le temps ! C'était la première fois qu'il se passait vraiment un événement comme ça, je vous laisse imaginer ce que c'était sur la place de la Comédie. En plus, c'était au mois de juin, avec les beaux jours, le soleil, le Sud quoi ! C'était fantastique. J'ai le souvenir de cette marrée humaine que je vois depuis le balcon de l'Opéra Comédie où j'étais monté. C'était quelque-chose d'inimaginable... voir le bonheur sur le visage des gens, c'est drôle ce que ça peut faire le football et ce que ça peut amener de joie !

à auxerre j'avais une de ces trouilles ! la trouille qu'on n'y arrive pas. Je n'ai pas vu la seconde période, je suis remonté dans la tribune pour les trois dernières minutes

L'autre énorme événement sur la place de la Comédie et qui reste dans la mémoire des gens, c'est l'obtention du titre en 2012...

Je l'ai vécu différemment. Différemment parce que cela me ramenait au départ. La finale de La Coupe de France, on était déjà dans des années de Ligue 1, il y avait quand même ce côté trophée et tout, mais le titre de champion ça m'a fait revenir en arrière, aux débuts de ce club. Ça m'a remémoré tout ce qu'on avait vécu, avec beaucoup de gens. Certains sont partis, d'autres sont toujours là et cela m'a touché pour ça. J'ai beaucoup pensé à ça.

Vous rappelez-vous du débarquement à Auxerre pour aller chercher le titre ? C'était aussi une marée bleu qui s'était déplacée...

Tout à fait et c'est drôle car on avait quand même 80% de chances d'être sacrés. Il suffisait de faire match nul. Auxerre descendait mais j'avais une de ces trouilles ! J'avais la trouille qu'on n'y arrive pas. Je n'ai pas vu la seconde période. Je suis remonté dans la tribune les trois dernières minutes du match. J'avais trop la barre au ventre.

Le match d'avant, celui face à Lille, este le dernier grand moment qu'a vécu la Mosson ?

Ah, oui... C'était fabuleux. C'était un match événement, devant peut-être amener un titre et je dirais presque que c'est dommage qu'il faille un événement comme ça pour attirer 30 000 personnes au stade ! Quand on voit ce que ça peut donner en terme d'ambiance... J'aimerais que le restant de l'année il y ait au moins 20 000 personnes au stade.

En terme de plaisir, quel joueur vous en a donné le plus sur le terrain ?

Lors des premières années, il a un peu représenté ce que j'appelle la Paillade, c'est Jean-Louis Gasset. Je l'ai vu démarrer à Beaucaire en division d'honneur et il a été pour moi le joueur symbole de ce qu'a été ce club. Il y a eu des grands joueurs : Curioni, Milla ry Michel Mézy qui était le grand libéro de cette époque-là quand il a rejoint le club.

Quand il y a un match à la Mosson de nos jours comment cela se passe t-il ? Vous vous retrouvez toujours avec des gens de la première heure ?

Il y en a encore beaucoup des « anciens » comme on dit entre nous. On se retrouve ici à la Bodega. Du temps de la Division d'Honneur, il y en a encore beaucoup qui viennent. D'autres - « peuchère » - sont morts. C'est la vie malheureusement. Le bar du CCS est un peu un point de retrouvaille.

Quid du Club Central des Supporters en 2016 ?

Et bien c'est difficile car on ne retrouve pas la même motivation des gens comme il y a 30 ans en arrière quand les gens s'impliquaient plus. Il y a peut-être des problèmes de la vie courante alors qu'aux débuts de la Paillade tous les gens avaient au moins un boulot. Là, les gens sont un peu tributaires de tous les facteurs de la vie actuelle. On le sent à travers les discussions qu'on peut avoir avec eux. Un, il a perdu son boulot, l'autre a divorcé.. C'est beaucoup plus difficile de rassembler. Même si on a toujours un noyau de 150 personnes qui viennent en septembre quand on fait notre ferrade. Finalement, on revient toujours sur le même noyau avec par exemple Michel Cantagrel, un collègue qu'on appelle le « diable ». On ne peut pas tous les citer. On fait des invitations, mais on sent les gens moins concernés. Au niveau des 230 adhérents, 110 étaient à la ferrade l'an dernier.

il faut reconnaître que la saison passée le club a retrouvé son aspect familial avec notamment les réunions organisées par Laurent Nicollin avec les groupes de supporters

Racontez nous un jour de match. Comment le vivez-vous?

Ça commence un peu la veille, car j'aime bien prévoir les choses. Je me rends sur place au local pour faire un peu le point pour la buvette, pour que les locaux soient propres. Je tiens aussi à mettre en avant le fait qu'on a de bonnes relations avec les autres associations de supporters du MHSC, comme avec la Butte Paillade. Eux sont dans une autre approche que nous mais on a beaucoup de discussions entre nous. Eux connaissent le passé qu'on a vécu et on est là pour les appuyer et les aider, pour pouvoir discuter avec eux s'il y a des problèmes. Il faut essayer d'amener du positif par rapport au vécu qu'on a. Et en même temps on s'entraide. S'ils ont des coups durs, on est derrière. S'il y a des animations dans le stade, on les fait ensemble. On en parle, on finance aussi. Sur ce plan-là il y a vraiment une super entente.

Au final, après 40 ans de CCS, y a t-il toujours le même plaisir de venir au stade ?

Oui, le plaisir, il y est. Même si parfois on me demande qui je suis avant de me laisser rentrer à Grammont ou au stade par exemple. Je le regrette, ça me fait quelque-chose. Je trouve qu'à certains moments on s'est coupé un peu de ce qui est l'essence même du club. Il faut par contre reconnaître que la saison passée le club a retrouvé son aspect familial avec les réunions organisées notamment par Laurent Nicollin avec les groupes de supporters, puis aussi avec le coach Frédéric Hantz. On est redevenus une famille.

Que peut-on espérer pour les 40 prochaines années du CCS ? Vous espérez que la ferveur du début revienne ?

Ce qu'on a connu, on ne pourra pas le connaître à nouveau. À travers tous les paramètres qu'il y a maintenant au niveau de la sécurité, ça m'emmerde de la dire mais maintenant je prends moins de plaisir. Quand on voit comment ça se passe quand on nous autorise d'aller en déplacement. On part du stade de la Mosson, il y a un point de rendez-vous sur l'autoroute et on va directement au stade. Découvrir la France à travers le foot, ce n'est plus possible et cela fait partie des plaisir qu'on perd. Si on se prive du plaisir de rencontrer des gens, de découvrir des villes... Après, à La Mosson, on sera toujours chez nous !

 

 

 

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